Les statistiques qui aident à gagner un match

© 2014 Alain Herzog
Actuellement utilisé aux Montreux Volley Masters 2014, un système de suivi des sportifs donne en temps réel des statistiques sur leurs joueurs et la balle durant les matchs. Développé par Playfulvision, start-up de l’EPFL, le dispositif sera bientôt disponible pour les équipes de différents sports dans une version pour caméras Go Pro.
Aux Montreux Volley Masters 2014, qui se déroulent jusqu’à dimanche à Montreux, les statistiques concernant les déplacements, la vitesse des joueurs et de la balle ou encore l’angle de frappe sont visualisables en direct. Cela constitue une aide précieuse pour l’amélioration des performances. «Obtenir ces données durant la compétition nous permet de mieux évaluer les moments clefs du match, explique Georges-André Carrel, entraîneur du club de volley de l’Université de Lausanne (LUC). Par exemple, nous pouvons voir quel joueur reçoit le ballon, ce qu’il en fait, quel angle il utilise et ainsi organiser la défense. » L’incrustation de certaines de ces statistiques sur les images lors de retransmissions télévisuelles agrémente le match de nouvelles informations.
Développé par la start-up Playfulvision, ce nouvel outil s’apprête à être utilisé durant toutes les compétitions internationales de Volleyball. Un contrat a été signé avec la Fédération internationale (FIVB) en avril. Les entraîneurs et les télévisions pourront choisir de quelles statistiques ils ont besoin et la forme, graphiques, courbes ou autre, sous laquelle elles seront présentées. La jeune pousse se chargera de programmer ces demandes et les données arriveront directement sur l’écran choisi. Ce service d’analyse des statistiques sera d’ailleurs bientôt disponible dans une version développée pour les caméras Go Pro, ce qui le rendra facilement accessible à des équipes d’autres sports et de tous niveaux.
D’autres systèmes de suivi en milieu sportif existent, par exemple pour les compétitions internationales de football ou de basket. Mais celui-ci regroupe plusieurs avantages. Il est entièrement automatisé ce qui le rend plus facile à déployer et moins onéreux. Dans sa version professionnelle six caméras sont disposées autour du terrain et connectées à un ordinateur.
Cette innovation repose sur trois algorithmes mis au point au Laboratoire de vision par ordinateur. Les joueurs sont repérables en permanence sur l’écran grâce à une incrustation comportant la couleur de leur maillot et leur numéro. Le défi a été de trouver comment assurer cette reconnaissance en continu, même lorsqu’ils sont regroupés et donc cachés derrière d’autres personnes.
Le premier algorithme détecte les personnes à chaque instant, indépendamment du précédent ou du suivant. Il « découpe » le terrain en petits carrés (jusqu’à 10 cm2), soustrait le fond dans toutes les vues simultanément, et en déduit la probabilité de présence d’un joueur dans chacun des petits carrés. Le second et le troisième connectent les résultats obtenus à chaque moment pour en extraire les trajectoires individuelles. Tous utilisent des méthodes d'optimisation globale qui ont permis de construire ce système très robuste qui permet de suivre les personnes de manière fiable en temps réel.
A Montreux, la start-up vise avant tout à montrer l’étendue des possibilités de son système à la FIVB avant une utilisation plus étendue durant les championnats du monde qui se dérouleront cet été. A cette occasion, la réception des résultats sur un Ipad sera également développée. «L’idéal sera bien entendu lorsque les caméras seront capables d’envoyer les données vers l’ordinateur sans câblage. Cela simplifiera encore l’utilisation de notre dispositif», souligne Horesh Ben Shitrit, CEO de cette spin-off de l’EPFL.