Les matériaux composites donnent des ailes aux bateaux

©ADimages.ch/Hydros
Deux équipages représentent la Suisse cette semaine à la Petite coupe de l’America, à Falmouth (GB). Leurs catamarans sur foils ont été développés par la société Hydros, installée à l’EPFL, et s’appuient sur des matériaux composites réalisés grâce à la conjugaison de compétences exceptionnelles présentes à l’EPFL et dans la région lausannoise.
Deux bateaux hors norme, quatre équipiers choisis parmi les champions : Hydros, la société qui, avec le soutien de la banque Lombard Odier, exploite et développe entre autres l’Hydroptère.ch, a sorti ses meilleurs atouts pour la Petite coupe de l’America, dont les épreuves ont débuté hier à Falmouth, en Angleterre.
Huit pays s’y affrontent à bord de ces catamarans de 7,62 x 4,20 m au maximum et dotés d’une surface de voile ne dépassant pas 27,8 m2. Les deux équipes qui défendront la Suisse s’entraînent depuis début septembre à bord de leur vaisseau monté sur des « foils », grâce auxquels ils s’élèvent au-dessus des flots à partir d’une certaine vitesse.
Hydros ne manque pas d’ambition pour cette course. Florent Gaillard, responsable de la communication, le déclare tout de go : « Nous avons les moyens de gagner ! » Et sa confiance ne doit rien au hasard. Les deux catamarans ont notamment bénéficié de tout le savoir-faire acquis sur le Léman au fil des innombrables expériences menées par les équipes d’Hydros à bord de l’Hydroptère.ch.
Partenaires d’excellence
Ils sont en outre le fruit de partenariats industriels et académiques qui établissent, de fait, un veritable « cluster d’excellence » lémanique dans le domaine des matériaux composites. Assemblés au sein du chantier naval Décision, à Ecublens, leur construction fait la part belle à des matériaux révolutionnaires dont le développement a été rendu possible par l’implication de plusieurs unités de l’EPFL, dont le Laboratoire de mécanique appliquée et d’analyse de fiabilité (LMAF) et le Laboratoire de technologie des composites et polymères (LTC). La matière première utilisée pour la fabrication de la structure et des ailes du bateau est ainsi construites par la société North TPT, à Penthalaz.
La spécialité de cette entreprise, qui la distingue au niveau international, ce sont les composites de fibres de carbone ou de verre en couches minces. Développés dès le début pour des applications liées à la voile, ces matériaux se sont rendus célèbres avec les fameuses « voiles noires » d’Alinghi en 2007. Aujourd’hui, les mêmes procédés permettent aussi de réaliser des structures rigides particulièrement légères et résistantes. Le matériau de North TPT se retrouve ainsi dans certaines pièces parmi les plus importantes du second avion solaire Solar Impulse HB-SIB.
Joël Cugnoni, du LMAF, est en contact régulier avec cette société. « Nous procédons notamment à la caractérisation de ces matériaux, étudiant avec précision leur comportement dans les situations extrêmes, résume-t-il. Ce que nous avons par exemple constaté avec leurs assemblages de couches minces, c’est qu’ils résistent incroyablement bien à la fatigue et conservent toutes leurs caractéristiques intactes jusqu’à leur point de rupture. »
Les spécialistes qui ont conjugué leurs efforts pour aligner au départ ces deux bateaux exceptionnels sont rassemblés dans un véritable mouchoir de poche territorial. Pour faire fructifier les compétences qu'ils associent, Hydros a également lancé cet été le concours international "HydroContest", dans lequel de jeunes talents devront faire leur preuves pour optimiser un bateau (il est encore possible de s'inscrire).
Mais cette semaine, tous auront les yeux rivés sur l’Angleterre. Fin du suspense dans quelques jours : les finales débutent jeudi et dureront jusqu’à samedi.