Les langues, richesse indispensable de l'enseignement et la recherche

© 2016 EPFL / Alain Herzog
Le Centre de langues de l’EPFL a fêté ses dix ans le 13 octobre dernier. L’occasion de faire le point sur l’importance du plurilinguisme en présence notamment du président désigné Martin Vetterli, de la rectrice de l’UNIL Nouria Hernandez et de la déléguée fédérale au plurilinguisme Nicoletta Mariolini.
Maîtriser l’anglais, est-ce suffisant dans le monde de la recherche ? Si la lingua academica permet de communiquer avec un public international, son usage unique a des répercussions dont il faut tenir compte, en particulier dans un pays comme la Suisse. «La construction du savoir se fait de manière différente selon les langues utilisées. Cette richesse est perdue si on utilise seulement l’anglais pour communiquer», explique Brigitte Forster Vosicki, directrice du Centre de langues UNIL.
Bouillon de culture
Les chercheurs et les ingénieurs de demain auront intérêt à ajouter d’autres cordes à leur arc, comme l’allemand, l’italien et d'autres langues. C’est en tout cas l’avis de Martin Vetterli, qui reprendra la direction de l’EPFL en janvier prochain. «Les langues sont une ressource naturelle en Suisse, et l’EPFL un bouillon de culture. Je souhaiterais que la maîtrise de l’allemand soit plus développée parmi nos chercheurs et professeurs, puisqu’elle est essentielle pour travailler en Suisse.» Un avis partagé par la rectrice de l’Université de Lausanne, Nouria Hernandez. «À l’UNIL, on encourage fortement le plurilinguisme, non par idéologie, mais par nécessité: une grande partie du droit suisse est en allemand, par exemple.»
Jongler entre les idiomes permet aussi d’éviter les écueils d’une langue unique. «Le monopole de l’anglais a des risques, comme l’appauvrissement de la connaissance, la standardisation de la science et la monoculture», avertit Anne-Claude Berthoud, professeure de linguistique à l’UNIL. Mais le plurilinguisme, qu’elle décrit comme un «choc salutaire» ne représente un atout qu’à certaines conditions. «C’est une boîte à outils dont l’usage doit être intégratif et non additif, c’est-à-dire que les compétences dialoguent et s’adaptent au contexte», précis-t-elle. Une autre langue doit apporter un éclairage différent, et non ajouter des barrières à la communication… au risque d’y perdre son latin.
3500 apprenants par an
Mais si vous ne maîtrisez pas la langue de Goethe, pas d’inquiétude : c’est justement le rôle du Centre de langues EPFL, géré par l’UNIL, de proposer des formations conçues spécifiquement pour la communauté académique. Depuis 2006, plus de 3500 personnes suivent chaque année des cours d’italien, d’allemand, d’anglais ou de français donnés par 21 enseignants. «Notre objectif est de donner aux membres de la communauté EPFL les outils adéquats pour affronter les défis des études, du marché du travail et de la vie en général», souligne Elisabeth Paliot, responsable du Centre de langues sur le site de l’EPFL. En plus d’être confrontés à une autre culture, les étudiants bénéficient de formations spécifiques au milieu académique, comme la préparation au concours «Ma Thèse en 180 secondes», ou des conseils pour la rédaction d’un travail de recherche.
Plus d’informations et inscriptions sur http://langues.epfl.ch/