Les jeux vidéo suisses au patrimoine de la culture numérique
GameLab UNIL-EPFL et le Musée Bolo ont contribué au lancement d’un nouveau projet, Pixelvetica, qui vise à mettre en avant et préserver le patrimoine des jeux vidéo suisses.
Les jeux vidéo occupent une place de plus en plus importante dans la culture populaire et commencent à être largement reconnus comme création artistique, vecteur social et vecteur économique. GameLab UNIL-EPFL (rattaché au Collège des humanités de l’EPFL) et le Musée Bolo (situé sur le campus de l’EPFL) ont récemment commencé à travailler sur un nouveau projet, Pixelvetica, qui contribuera à préserver la participation unique de la Suisse à l’histoire des jeux vidéo. Il s’agit d’une collaboration avec Atelier 40a, un collectif de spécialistes en conservation basé à Berne, avec le soutien de Memoriav, un réseau engagé dans la préservation du patrimoine culturel audiovisuel suisse.
La remarquable participation de l’EPFL au projet Pixelvetica souligne ses compétences solides en gestion des sources numériques. Yannick Rochat du GameLab UNIL-EPFL explique: «Travailler avec la complexité des jeux vidéo nous donne une opportunité précieuse de développer des compétences plus vastes et transférables en conservation d’objets numériques natifs».
Les jeux vidéocomme artéfacts numériques uniques
Les jeux vidéo sont des objets culturels extrêmement riches. Ils comportent plusieurs éléments différents qui posent chacun des défis distincts en matière de conservation. L’interface matérielle entre le joueur et le jeu doit être physiquement maintenue. Cela comprend notamment le support de données, les machines pour lire les données et les contrôleurs portables. Dans le même temps, le code source doit également être extrait et archivé sur un support stable, avec les métadonnées afin de garantir une traçabilité à long terme.
Toutefois, ce n’est pas seulement le jeu qui doit être préservé mais aussi les pratiques culturelles qui se développent autour de celui-ci. La promotion et la distribution d’un jeu requièrent un dispositif commercial élaboré. Une fois qu’un jeu est édité, les joueurs actifs créent spontanément leurs propres espace social et système de communication. Les publications imprimées et les réseaux sociaux donnent une trace documentaire de ces structures commerciales et sociales éphémères. Les sources écrites nous apportent ainsi de précieuses données sur l’expérience de jeu et aident à situer un jeu dans un contexte historique spécifique.
Le jeuvidéo rejoint les archives de l’Histoire
Afin de travailler avec ce matériel complexe, Pixelvetica regroupe une équipe pluridisciplinaire qui associe des compétences en conservation d’archives et des connaissances culturelles et techniques des jeux vidéo. Au cours de l’année, le projet dressera un inventaire du patrimoine des jeux vidéo suisses détenu dans différentes institutions. Il analysera également l’importance culturelle et historique de ce matériel et esquissera les grandes lignes des modalités pratiques pour soutenir la conservation des jeux vidéo suisses dans le futur. Deux ateliers publics seront organisés le 7 juin et le 25 octobre pour discuter des activités menées dans le cadre du projet.
Exemples de jeux vidéo suisses emblématiques
- Bact, édité par Epistec-System vers 1981 pour l’ordinateur personnel Smaky 6
- FAR: Lone Sails, développé par Okomotive et édité par Mixtvision en 2018 pour toutes les plateformes récentes
- Farming Simulator, développé par GIANTS Software et édité par Focus Home Interactive, de 2008 à aujourd’hui
- Speedy Blupi, développé et édité par Epistec en 1998 pour Windows
- Traps’n’Treasures, développé par Nightingale Productions, édité par Starbyte Software et Krisalis Software en 1993 pour l’ordinateur personnel Amiga