Les inconnues du nouveau coronavirus

Le nouveau coronavirus conserve encore des secrets. © Alain Herzog

Le nouveau coronavirus conserve encore des secrets. © Alain Herzog

Didier Trono, professeur au Laboratoire de virologie et de génétique de l’EPFL, dresse le portrait de SARS-CoV-2 et de COVID-19, la maladie dont ce dernier est responsable. Des extraits de son cours peuvent être vus au bas du texte. 

On le sait, le nouveau coronavirus provoque des pneumonies qui peuvent être fatales chez les personnes âgées ou celles souffrant de maladies cardiovasculaires, respiratoires ou de déficits immunitaires. On sait aussi que s’il est sur toutes les lèvres, il ne résiste pas à un bon lavage de mains. En revanche, il conserve encore des secrets qui rendent imprévisible l’évolution de la pandémie. Professeur au Laboratoire de virologie et de génétique de l’EPFL, Didier Trono, professeur au Laboratoire de virologie et de génétique de l’EPFL, dresse le portrait de SARS-CoV-2 et de COVID-19, la maladie dont ce dernier est responsable.

Quel est le mode d'action de SARS-CoV-2?

Le virus entre dans l'organisme via notre système respiratoire. Il se multiplie dans les poumons, raison pour laquelle les symptômes sont ceux de la pneumonie. A ce stade, il ne semble pas envahir d'autres parties du corps.

Quels symptômes provoque-t-il?

Essentiellement ceux d’une grippe: de la fièvre et de la toux. Le rhume est plus rare. L’affection peut-être aiguë, mais elle ne dure pas. Néanmoins, certaines personnes peuvent faire des complications sévères, qui sont les conséquences d’une pneumonie grave : une perte de la capacité d’échange de l’oxygène entre l’air et le sang, réduisant la capacité de ce dernier à apporter aux cellules l’oxygène dont elles ont besoin pour produire de l’énergie. Les personnes les plus âgées et celles qui souffrent de pathologies du système cardiaque ou respiratoire ainsi que de déficits immunitaires sont les plus à risque.

Quel est le mode de transmission?

Le virus se transmet essentiellement par nos sécrétions respiratoires sous forme de gouttelettes, notamment expulsées par la toux. Le périmètre de propagation est d’environ un, deux, voire trois mètres. Il ne circule pas très loin de la personne qui produit le virus. Mais si je touche une poignée de porte qui a été contaminée, puis mon visage, je suis susceptible de me l’inoculer. La transmission est moindre en l’absence de symptômes manifestes, mais n’est pas exclue dans ces circonstances. En revanche, elle n’est pas significative par le biais de systèmes de ventilation.

Quelle est la prévalence de la maladie?

On ne connaîtra le véritable taux d'infection que lorsqu'on aura pu faire des analyses sérologiques, c'est-à-dire examiné un très grand nombre de personnes pour savoir si elles ont ou non développé des anticorps spécifiques, signatures a posteriori de l’infection. Les chiffres d’aujourd’hui sont basés sur la détection du virus, mais la fréquence de l’infection est certainement plus importante que ce qui est mesuré.

Peut-on avoir ou acquérir une immunité contre le SARS-CoV-2?

Il semble qu’après l’infection les personnes développent une immunité vraisemblablement protectrice. On soupçonne qu’une infection préalable par un autre coronavirus, comme ceux provoquant un simple rhume chez les enfants, confère un certain degré de résistance au COVID-19. En effet, les jeunes, s’ils ne paraissent pas protégés contre l’infection, ne développent qu’exceptionnellement des symptômes sérieux.

Combien de temps prendra un vaccin?

Le développement d’un vaccin est à l’étude, mais il prendra entre 12 et 18 mois. Aujourd’hui, on n’a pas de traitement antiviral actif contre le coronavirus. Il se traite comme une pneumonie, avec intubation si nécessaire.

L’été aura-t-il raison du nouveau coronavirus?

Le climat influence la propagation de la grippe saisonnière qui disparaît plus ou moins à la fin du printemps ou au début de l'été pour des raisons que la science n'a pas encore vraiment comprises. Il est trop tôt pour dire si ce coronavirus suivra le même schéma.