«Les enseignants portent une grande responsabilité»
Responsable du laboratoire de maintenance, construction et sécurité des ouvrages, Eugen Brühwiler a reçu pour la seconde année consécutive le prix du meilleur enseignant de génie civil.
Après plus de vingt ans à l’EPFL, Eugen Brühwiler enseigne toujours ses cours avec passion. Spécialiste des ponts à haute valeur patrimoniale, le professeur originaire de Thurgovie dispense trois cours Master et un cours Bachelor. Il sensibilise les étudiants aux notions de sécurité et de fiabilité des ouvrages et les invite à se questionner sur les caractéristiques des structures existantes, leur histoire et leur esthétique. Ces deux derniers points, essentiels selon lui, étant généralement peu abordés dans les cursus d’ingénieur. Lors de l’année académique 2018-2019, le professeur a également encadré de nombreux projets de Master et thèses de Doctorat, notamment celle d’Amir Hajiesmaeil qui a développé un nouveau type de matériau cimentaire fibré ultraperformant (BFUP) plus durable. A noter qu’Eugen Brühwiler intervient aussi régulièrement comme expert à l’externe. Après son portrait l’année dernière, interview autour de sa vision de l’enseignement.
Vous êtes lauréat de la section de génie civil pour la seconde année consécutive, comment recevez-vous cette distinction ?
C’est une très grande récompense qui me fait très plaisir !
Avez-vous un souvenir marquant de vos premiers pas à l’Université en tant qu’élève ?
Lorsque j’ai commencé le premier semestre à l’ETH de Zurich. Je me rappelle que je me sentais un petit numéro parmi les 500 autres étudiantes et étudiants en ingénierie qui suivaient les cours d’Analyse et de Mécanique. Le professeur enseignait comme une machine à haute précision et était presque inatteignable.
Qu’est-ce qui qualifie selon vous l’enseignant idéal ?
C’est l’art de savoir faire passer aisément une matière exigeante tout en restant serein et motivant. Pour cela, l’enseignant doit montrer de la passion pour sa matière, être compétent et authentique.
Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans l’enseignement?
Il y a plus de vingt ans, engagé comme enseignant à l’EPFL, j’ai dû construire un tout nouveau cours sur la maintenance des ouvrages de l’ingénieur. Quelle matière à enseigner ? Comment la faire passer ? Comment motiver les étudiants à s’intéresser à des taches de corrosion sur un pont en béton ? Autant de questions que je me suis posées.
Trois mois avant la première séance du cours, j’ai commencé à rassembler la matière à enseigner en exploitant la littérature. J’ai complété avec mes travaux et études, notamment des applications d’ingénieur afin d’illustrer la matière. La première séance comprenait plusieurs exemples positifs de beaux ouvrages existants … et peu d’images de taches de corrosion, pour donner une première image positive et motivante aux étudiants.
Qu’est-ce que vous appréciez particulièrement dans l’enseignement ?
C’est clairement la discussion avec les étudiants, l’ambiance dans la salle de cours. Mais aussi le sentiment que le contenu du cours commence à passer.
Selon vous, pour quelles raisons est-ce une mission importante ?
Les enseignants portent une grande responsabilité, car nous devons former des ingénieurs excellents, très compétents et motivés puisque des tâches exigeantes et passionnantes les attendent.
Quels changements avez-vous introduit dans vos cours l’année dernière ?
Je les ai actualisés, malheureusement seulement à petits pas. J’ai plus d’ambition, mais il me manque du temps pour préparer et aborder beaucoup de nouvelle matière.
Au fil de vos années d’enseignement avez-vous observé des changements majeurs ?
Les moyens d’enseignement ont évolué, mais je suis surpris car les étudiants aiment toujours le cours «frontal» ex-cathedra. En ce qui concerne mes cours, ils utilisent la version papier du polycopié et ne s’intéressent pas à la version électronique. Ils continuent à surligner au stabilo-boss et à annoter au crayon…comme moi il y a plus de 35 ans !