Les brillantes carrières de deux alumni du cours Euler

A lesson in mathematics for young talents in Romandie. © 2023 EPFL / Alain Herzog.
Il y a quinze ans, en Suisse romande, un groupe d’enfants talentueux a été choisi pour participer, à l’EPFL, au premier cours Euler, un cours avancé de mathématiques. Deux d’entre eux, Renaud Rivier et Shirley Ye, témoignent de leur expérience.
Créé par Kathryn Hess, actuellement vice-présidente associée de l’EPFL, pour promouvoir de jeunes talents en Suisse romande, le cours Euler de mathématiques de l’EPFL fête son 15e anniversaire et célèbre ses 120 alumni à la Fête des Maths ce samedi.
« Ayant moi-même grandement bénéficié d’un programme similaire au cours Euler dans mon enfance, j’étais certaine que cela valait la peine de créer un programme de même nature pour des enfants particulièrement doués en Suisse romande. Quinze ans plus tard, je ne peux que me réjouir de l’évolution du cours et des accomplissements remarquables des alumni Euler », déclare Kathryn Hess.
Le cours Euler est un programme de mathématiques spécialement conçu pour les enfants à haut potentiel et proposé en complément du cursus scolaire ordinaire.
Étalé sur six ans, le programme est structuré pour permettre aux jeunes élèves de boucler le cursus ordinaire en trois ans au lieu de six. Les trois dernières années sont ensuite consacrées aux cours de mathématiques donnés en première année à l’université.
« C’est une expérience très enrichissante d’enseigner à des élèves aussi doués et passionnés, de les voir jouer avec des concepts abstraits à un jeune âge et progresser à un rythme hors du commun », ajoute Jérôme Scherer, coordinateur du cours Euler.

« Le cours Euler m’a appris à penser avec rigueur et à étudier avec efficacité. »
Il y a quinze ans, Renaud Rivier faisait partie de la première classe Euler. Il était aussi le plus jeune – il avait à peine 10 ans – et avait déjà sauté deux années à l’école. Renaud Rivier se rappelle : « Dès le départ, nous devions prendre nos propres notes, nous étions pris au sérieux, et cela a énormément contribué à développer mon indépendance et ma confiance. »
Et de poursuivre : « L’enseignement était efficace et de grande qualité pour le programme de base. Puis nous avons reçu le manuel de mathématiques. Pas de dessins pour édulcorer le contenu, rien que des maths. C’était très concis, c’était difficile, mais cela en valait la peine. »
Comme le confirme Renaud Rivier, le cours Euler n’est pas une balade de santé. « J’ai raté mon tout premier examen. C’était un choc pour un gamin de dix ans. J’ai d’ailleurs raté la moitié de mes examens durant les deux premières années. Mais j’ai toujours réussi aux examens de rattrapage. C’était stressant au début, mais je voulais absolument rester dans le programme. C’est une leçon importante de découvrir que les choses peuvent devenir simples, même lorsqu’elles paraissent difficiles au départ. »
Après avoir terminé le cours Euler, Renaud Rivier a été admis dans le programme de 2e année de mathématiques à l’EPFL à l’âge de 16 ans. Il a obtenu récemment un doctorat en mathématiques à l’Université de Genève. Renaud Rivier le reconnaît : « Entrer aussi jeune à l’université a été un défi social pour moi. Mais le cours Euler m’a appris à penser avec rigueur et à étudier avec efficacité. »
Avec de solides bases en mathématiques, Renaud Rivier, âgé aujourd’hui de 25 ans, essaie de trouver un moyen d’appliquer les mathématiques à la résolution de problèmes concrets. Actuellement, il explore ses talents d’entrepreneur, examine les opportunités qui s’offrent à lui et cherche à entrer en contact avec des tiers dans sa mobilisation pour des causes politiques.
« Ce cours était un super défi et m’a apporté de nombreuses aptitudes utiles pour l’autodéveloppement. »
Shirley Ye a également participé au premier cours Euler. Originaire de Chine, elle ne résidait en Suisse que depuis un an à peine lorsqu’elle a rejoint le programme, à l’âge de 12 ans. Dans l’intervalle, elle avait déjà appris le français, sauté la 6e année et remporté des concours de mathématiques et de logique. « Les mathématiques étaient très faciles en 5e année », se souvient Shirley Ye.
Elle se rappelle avoir été approchée par son maître de classe de 7e année, qui a évoqué le cours Euler après en avoir entendu parler à la radio. « Ma professeure a compris que je m’ennuyais en 7e et qu’il valait sans doute mieux me mettre davantage au défi. »
Mais elle précise que son niveau supérieur en mathématiques n’avait rien d’inné : « Je ne suis pas si douée que cela en mathématiques. Le niveau en Suisse était plus accessible par rapport à celui des cours que je suivais en Chine. »
Elle poursuit : « Ce cours était un super défi et m’a apporté de nombreuses aptitudes utiles pour l’autodéveloppement ». Shirley Ye a 27 ans aujourd’hui et travaille comme médecin assistante en médecine interne à l’hôpital de Soleure. Après avoir terminé le cours Euler, Shirley Ye, qui parle cinq langues (français, anglais, allemand, mandarin et shanghaïen) et se débrouille en Suisse allemand dans les matières médicales, a étudié la médecine à l’UNIL, avec une année d’échange à Heidelberg. « Ma grand-mère était pédiatre. Quand j’étais jeune, je l’accompagnais dans ses consultations. J’ai compris très tôt que je voulais venir en aide aux gens, toutes générations et catégories sociales confondues. »
Et de poursuivre : « Aujourd’hui, les mathématiques que j’utilise en médecine sont simples. Mais le cours Euler m’a appris à penser en toute autonomie, à faire des recherches, à acquérir des connaissances et à faire preuve de persévérance dans la résolution des problèmes. Je ne cherche pas des réponses sur Internet. Je réfléchis plutôt à la théorie pour comprendre les choses. J’essaie de trouver des réponses par moi-même, en repoussant mes limites. »