Le Serment d'Archimède à l'honneur lors de SEFI 2024

Valentina Rossi (gauche) et Ingrid Le Duc (droite) mènent le groupe de travail mettant le Serment d’Archimède à l’honneur. © 2024 EPFL/Julie Clerget
Au tournant des années 90 un serment d’éthique professionnelle pour les ingénieur・es voit le jour à l’EPFL. Une initiative cent pour cent étudiante qui sera mise à l’honneur lors de la conférence annuelle SEFI tenue en septembre à l’EPFL.
Un peu d’histoire
C’est dans un contexte historico-politique bien particulier qu’en 1990 quatre étudiants de physique rédigent le Serment d'Archimède, inspiré du serment d’Hippocrate, dont les premiers signataires seront les diplômé・es de leur volée.
Période marquée par la catastrophe de Tchernobyl et la fin de la guerre froide, pour beaucoup d’observateurs 1990 constitue “l’année de la politique énergétique” en Suisse. D’une part le peuple est appelé à se prononcer sur le nucléaire et d’autre part il entérine les questions de réglementation énergétique dans sa constitution.
En parallèle, la société suisse des ingénieurs et architectes (la SIA) s’allie à l’EPFL pour organiser les “Journées Scientifiques de Lausanne” dont le thème est “L’énergie nucléaire, le surgénérateur et l’éthique de l’ingénieur”.
Les objectifs détaillés par le programme de la conférence sont clairs: “L’ingénieur en tant qu’individu dans la société est confronté dans ses activités scientifiques et techniques à deux types de questions. Il s'agit d’une part de connaissances scientifiques qu’il doit mettre à jour et d’autre part de questions d’éthique pour lesquelles il est souvent mal préparé. Ces questions apparaissent notamment au sujet du nucléaire [...] c’est pourquoi une large place sera faite aux aspects éthiques avec le concours de personnalités ayant approfondi la réflexion sur les liens entre science et technique d’une part, et valeurs morales et sociales d’autre part.”
Des préoccupations qui trouvent écho auprès des étudiant・es, qui n’attendent pas la commission d’éthique récemment instituée par l’école pour formuler leur propre opinion. “Ne pourrait-on pas, au long de notre formation, nous éveiller davantage au sens de nos responsabilités futures, en nous communiquant des méthodes de réflexion et de décision qui pourraient constituer la base d’une éthique professionnelle?” suggérait l’ingénieur “frais émoulu” Nakhle Kattan lors de son allocution face à ses camarades de volée (La Liberté, Lundi 29 janvier 1990).
L’éthique aujourd’hui
34 ans plus tard, les jeunes sont plus conscients et engagés que jamais. Disposant d'une mine d'informations à portée de main, leur capacité à communiquer et à se mobiliser est sans précédent. Et c’est sur fond de tensions sociales (récession, pandémie, montées des violences et des inégalités, crise climatique…) et de progrès technologiques rapides, comme notamment la diffusion de l'IA générative auprès du grand public soulevant des dilemmes éthiques urgents, que ce texte se retrouve à nouveau sous la loupe.
Aujourd'hui, le Serment d'Archimède fait toujours office de texte de référence au sein de l’institution et sert de modèle à quelques autres universités techniques ayant élaboré leurs propres versions. S’inscrivant pleinement dans les efforts mis en oeuvre pour intégrer les questions de durabilité et d’éthique dans le curriculum à l’EPFL, ce texte fera partie intégrante de la Conférence Annuelle de la Société Européenne pour la Formation des Ingénieurs (SEFI) qui aura lieu sur le campus du 2 au 5 septembre sur le thème “Former des ingénieurs responsables”.
Un groupe de travail au sein du comité d’organisation de la conférence y est dédié avec pour objectif d’en faire un véritable outil de réflexion éthique et d’inviter les représentant・es des autres institutions européennes à échanger autour du texte et à l’adopter.
Ce groupe de travail est constitué de Valentina Rossi, membre du Centre LEARN, d’Ingrid Le Duc, représentante de la Doyenne pour la culture organisationnelle à la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC), toutes deux également Conseillères Pédagogiques au Centre d’appui à l’enseignement (CAPE), de Gisou van der Goot, Vice-Présidente pour la Transformation Responsable (VPT), de Charlotte Vandenberghe, chargée de projet à l'ENAC, ainsi que d’Helena Kovacs, chargée de projet au Centre de Compétences Transversales et de Carrière (CCTC), et de Philippine Milward, représentante de l’Association Générale des Étudiants de l'EPFL (AGEPoly). Le groupe bénéficie également de l'expertise de Jonathan Truslove d’Engineers Without Borders UK (EWB UK) et de Mihai Filimon, ancien Président du Board of European Students of Technology (BEST), ainsi que de l’actuelle présidente de BEST, Katrijn Vanderborne.
SEFI 2024: exporter le Serment d’Archimède au-delà de nos frontières
En début d’année, les étudiantes et étudiants de l’AGEPoly ont entamé un processus de révision du serment. Le groupe de travail est donc allé à leur rencontre afin de leur présenter le projet et de les inviter à les rejoindre. “Il faut savoir que le serment est une initiative entièrement portée par les étudiant・es. Cependant, il n’est pas très connu. Différentes sections à l’EPFL utilisent des versions adaptées à leur discipline, il n’y a pas réellement de consensus et il n ‘existe pas une seule et unique manière de l’utiliser et de le diffuser. À travers SEFI, nous voulons donc planter une graine et voir où elle poussera.” explique Ingrid Le Duc.
Formé il y a quelques mois, le groupe de travail planche sur une exposition immersive, une session de posters interactifs ainsi qu’une table ronde. Un atelier sera également proposé durant la conférence. “Nous voulions nous assurer qu'au-delà de l’atelier, le Serment soit un élément clé de cette conférence car il fait écho à de nombreuses questions que se posent les étudiant・es actuellement. Nous espérons que le Serment demeurera en tant qu’héritage de cette conférence pour les années à venir.” souligne Valentina Rossi.
Le Serment d’Archimède se trouve ici. Toute la communauté de l’EPFL est invitée à participer à un questionnaire en lien ici. Pour plus d’information, n’hésitez pas à contacter Ingrid Le Duc et/ou Valentina Rossi.