«Le Réseau Soutien et Confiance doit mériter la confiance»
Ines Ariceta est depuis le mois de mai 2022 la responsable du Réseau Soutien et Confiance développé dans le cadre de la Task Force Harcèlement. Son parcours et sa vision l’ont imposée comme une évidence, mais elle ne tient rien pour acquis.
Force, équilibre et souplesse : la responsable du Réseau Soutien et Confiance(Trust and Support Network) de l'EPFL semble parée de ces trois qualités importantes pour mener à bien la mission qui vient de lui être confiée. Choisie au terme d’un processus de sélection exigeant, Ines Ariceta apporte des compétences solides et des valeurs fortes pour construire et porter ce nouvel ensemble transversal de personnes et services destiné à promouvoir un environnement de travail et d’études garant de sécurité et de dialogue.
Quand elle s’assied, elle adopte spontanément une pose en tailleur, le dos droit, le sourire franc, l’oreille attentive, l’œil observateur. Elle aime le contact humain, cela ne fait aucun doute. L’enthousiasme et la capacité d’adaptation transparaissent tout au long de son riche CV.
Ancrage et convictions
La force, elle la tire de son ancrage profond et de ses convictions héritées de ses parents et de sa famille élargie. Seconde fille d’une famille de cinq enfants très soudés, qui partent encore régulièrement en voyage tous ensemble, elle raconte avoir grandi au Pays basque, une région où elle a été exposée aux conflits et aux questions d’identité dès son plus jeune âge. Puis, quand elle était étudiante en psychologie à l’Université de Deusto à Bilbao, elle a connu des réactions négatives face à sa culture d’origine. Elle en garde une grande sensibilité pour les discriminations.
Après un master en intervention systémique avec un focus sur la thérapie familiale, son premier job l’a amenée à travailler dans son ancien lycée auprès d’étudiantes et étudiants en difficulté. Puis, il y a pile vingt ans, elle s’est envolée pour New York, où elle a passé un deuxième master en psychologie sociale et organisationnelle, doublé d’un certificat en gestion de conflit. Elle a alors commencé à travailler comme coordinatrice de projet dans un centre international de recherche appliquée en résolution des conflits à l’Université de Columbia.
Dans ce cadre, elle a dirigé deux projets principaux, un lié à la prévention de la violence dans une école de Harlem, l’autre pour développer un système de gestion des conflits dans un organisme de réinsertion employant d’anciens détenu·es. En parallèle, elle agissait comme médiatrice bénévole dans un centre communautaire du Bronx.
J’ai appris à m’adapter et à voir la différence entre la théorie et la réalité du terrain.
« J’ai appris à m’adapter et à voir la différence entre la théorie et la réalité du terrain. En tant que femme blanche universitaire, je devais affronter la méfiance et les réticences. Ce n’était pas facile, et j’ai beaucoup appris. Notamment à développer des rapports de confiance, ce qui nécessite de tenir parole et de ne pas faire de fausses promesses. »
La suite de sa carrière s’est déroulée à Boston entre 2008 et 2017 pour Summer Search Boston, une une organisation à but non lucratif soutenant l’accès aux études et à l’emploi pour des jeunes issus de milieux défavorisés, où elle a dirigé l’initiative pour la diversité, l’équité et l’inclusion après y avoir développé la communauté des Alumni. Là aussi, il a fallu créer la confiance, « un défi », se souvient-elle.
Evolution constante
En 2018, elle est entrée à l’EPFL comme chargée de projets RH pour développer des processus et politiques visant à améliorer le soutien et l’équité interne. En parallèle, elle a assuré la coordination administrative de la Cellule Respect, créée afin d’évaluer et traiter les plaintes relatives au harcèlement et autres comportements inappropriés. « Nous avons mis en place des mécanismes qui n’existaient pas avant, étant conscients qu’il y a toujours des choses à améliorer dans un domaine en évolution constante. »
La gestion des plaintes sera à l’avenir gérée par le Bureau Conformité Respect (Respect Compliance Office) qui remplacera la Cellule Respect une fois que la personne chargée de cette nouvelle structure aura été engagée. C’était une des propositions de la Task Force Harcèlement. Le processus de recrutement est en cours.
Le réseau dirigé par Ines Ariceta, de son côté, a pour mission d’assurer le premier niveau de soutien, en collaboration avec les nombreuses personnes et entités concernées, certaines déjà en place dans l’école, d’autres à identifier et enrôler, toutes à accompagner en matière de formation continue, relève la responsable.
Ma porte sera toujours ouverte, dès le départ.
« Les attentes sont très larges et je ne pourrai peut-être pas tout délivrer immédiatement. Cependant, ma porte sera toujours ouverte, dès le départ. Je répondrai à toutes les personnes qui feront appel à moi, mais serai aussi très transparente sur les options possibles ou pas. Dans tous les cas, je m’informerai et suivrai les choses. »
La nouvelle responsable du Réseau Soutien et Confiance vise un équilibre entre les multiples défis qui l’attendent : identification des membres du réseau, couverture de leurs besoins en formation, développement des processus au sein du réseau pour s’assurer de l’alignement global, écoute des personnes en besoin de soutien, construction de relations avec toutes les parties prenantes - notamment avec les membres du corps étudiant, avec qui elle souhaite crée des ponts solides.
« Si nous voulons agir comme rôles-modèles, cela doit commencer par nous-mêmes. La confiance se mérite en écoutant tout le monde. Plus encore qu’un Trust Network, j’espère que nous mettrons en place un Trusted Network pour toute la communauté EPFL. »