Le projet HelloMask tente de démasquer l'humain à l'hôpital

PPE Portrait Project c. Mary Beth Heffernan 2015, Photo credit: Marc Campos

PPE Portrait Project c. Mary Beth Heffernan 2015, Photo credit: Marc Campos

Collaboration entre le programme EssentialTech du Centre Coopération & Développement de l’EPFL et le laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa) de St-Gall, le projet HelloMask ambitionne de créer un nouveau type de matériau qui pourrait être utilisé pour développer un masque médical transparent unique en son genre.

A l’hôpital, le port d’un masque médical par le personnel soignant est l’une des pratiques prophylactiques les plus courantes. Bien qu’essentiel à la stratégie de contrôle des infections, le port du masque introduit un défi majeur à l’établissement d’une relation rassurante avec les patients, surtout chez les enfants, en cachant une grande partie des expressions faciales qui sont un élément clé de la communication non verbale. Ce défi, le projet HelloMask a décidé de le relever en développant un masque médical transparent, unique en son genre.

Le concept d’un masque médical transparent a été initié par Diane Baatard, une conteuse pour enfants malades travaillant souvent en soins palliatifs, et par Sacha Sidjanski, chef de projet aux Sciences de la Vie de l’EPFL, qui y a consacré une bonne partie de son temps libre. Sous l’impulsion de ce dernier, le projet s’est progressivement mis en place dans l’unité EssentialTech, programme école de l’EPFL. Klaus Schönenberger, directeur du programme EssentialTech, a immédiatement été séduit par HelloMask : « J’ai tout de suite été frappé par l’aspect très concret de ce projet et par son impact positif sur la vie de tous les patients. Mais j’ai aussi réalisé que ce type de masque innovant apporterait également un bienfait dans les pays du Sud où sévissent des épidémies telles que Ebola ou d’autres fièvres hémorragiques. » Lors de l’épidémie Ebola de 2014 en Afrique de l’Ouest, par exemple, le personnel médical de « Médecins Sans Frontières » (MSF) exprimait sa frustration de ne pas pouvoir accompagner des malades gravement atteints autrement qu’avec des tenues couvrant complètement le corps et le visage.

Portée par son enthousiasme, la petite équipe initiale a donc soumis le projet HelloMask au Challenge Debiopharm-Inartis 2016 dont le thème était « la qualité de vie du patient en cours de traitement ». Ce concours annuel, organisé par des acteurs économiques romands et par la Fondation Inartis, a pour vocation de promouvoir l’innovation en Suisse. Sur un total de 35 projets en lice, le jury a attribué le 1er Prix du concours à HelloMask. Cette reconnaissance par des experts du domaine médical a alors propulsé le projet, jusque-là embryonnaire, dans sa véritable phase de démarrage. C’est à ce moment que Thierry Pelet, fort de ses dix ans d’expérience industrielle dans le développement de masques médicaux, a rejoint l’équipe pour prendre en main les rênes du projet. En tant que chef de projet, Thierry coordonne les aspects de recherche, de compliance réglementaire, de propriété intellectuelle et de tous les aspects d’ingénierie système autour du développement du masque: « Bien que le concept soit d’une simplicité évidente, sa réalisation nécessite un contrôle précis de toutes les étapes. Il ne s’agit pas d’effectuer uniquement un travail de recherche fondamentale, mais bien de développer un nouveau type de dispositif médical dont la qualité, le coût, et les spécificités techniques soient conformes aux exigences du domaine médical ».

Dès l’obtention du prix Debiopharm-Inartis, une campagne de financement a été initiée sur la base d’un budget de deux ans, avec comme stratégie de cibler des fonds philanthropiques et des fondations soutenant l’innovation. A ce jour, plusieurs fondations et mécènes contribuent déjà à ce projet à fort impact humain.

Une des clés du succès du projet repose sur le développement d’un nouveau genre de matériau ayant à la fois des propriétés de transparence et de filtration, ce qui représente un véritable défi technologique. Une collaboration a donc été établie entre l’EPFL et l’unité du Professeur René Rossi au laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa) de St-Gall. Cet institut fait partie du Domaine des Écoles Polytechniques Fédérales, et met tout son savoir-faire au service du projet. Trois chercheurs scientifiques de l’Empa travaillent actuellement au développement de ce matériau unique : Davide Barana, Géraldine Guex et Giuseppino Fortunato. Les premiers résultats, employant des nouvelles méthodes innovantes et des matériaux biodégradables d’origine naturelle, sont particulièrement encourageants.

L’autre élément essentiel de réussite du projet est évidemment l’adéquation du masque avec les besoins de ses futurs utilisateurs. Nul n’étant prophète en son pays, c’est dans un autre canton que les premiers prototypes de masque devraient être évalués, puisqu’un accord de principe a été trouvé avec un grand hôpital universitaire.

En cas de succès, l’équipe lausannoise envisage plusieurs déclinaisons possibles de cette première preuve de concept : « Outre le monde hospitalier, nous pensons que notre masque pourrait présenter un intérêt dans d’autres domaines et que les matériaux développés pourraient avoir d’autres applications » nous dit Thierry Pelet.