«Le principal bénéfice est de savoir parler le même langage»

Travail de groupe du Mineur IDEAS. De g. à dr.: Sarah Planchamp, Loïc Fumeaux (enseignant de l’UE K), Luana Ferrari, Sébastien Léveillé, Charlotte Jianoux, San Yun.© Armand Goy/ENAC-EPFL

Travail de groupe du Mineur IDEAS. De g. à dr.: Sarah Planchamp, Loïc Fumeaux (enseignant de l’UE K), Luana Ferrari, Sébastien Léveillé, Charlotte Jianoux, San Yun.© Armand Goy/ENAC-EPFL

L’initiative Design intégré, architecture et durabilité (IDEAS) propose depuis 10 ans un Mineur interdisciplinaire, l’organisation de séminaires doctoraux et la mise en réseau de doctorantes et doctorants des laboratoires affiliés. Retour sur l’évolution de ce programme en pleine expansion et témoignages d’alumni.

En 10 ans, quelque 150 étudiantes et étudiants, mais aussi doctorantes et doctorants ont participé aux activités IDEAS et leur nombre continue de croître. Ce programme est né de l’impulsion de deux professeure et professeur de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC), Marilyne Andersen et Emmanuel Rey.

«A travers IDEAS, nous voulions préparer les étudiantes et étudiants à affronter les défis considérables que posent la crise environnementale et le dérèglement climatique à nos disciplines et encourager l’acquisition de compétences s’inscrivant dans une dynamique de transition. Que ce soit en termes de conception bioclimatique, d’intégration multicritère, de gestion écologique des ressources, de protection du climat et d’adaptation à ses évolutions», explique Emmanuel Rey. «Dans un esprit encore quelque peu pionnier, l’objectif était également de mettre en avant l’interdisciplinarité au sein de la Faculté, c’est-à-dire de renforcer les échanges et les synergies entre les domaines de l’architecture, du génie civil et des sciences et ingénierie de l’environnement.»

L’un des piliers de ce programme a été la mise en place du Mineur IDEAS. «Cette formation de niveau Master invite les étudiantes et étudiants à faire des liens entre les principes d’architecture bioclimatique, de construction durable ou de choix des matériaux par exemple, et les enjeux climatiques plus larges d’utilisation parcimonieuse des ressources, d’empreinte écologique, et de confort ou de bien-être dans nos lieux de vie», détaille Marilyne Andersen. Suivant cette philosophie, le Mineur IDEAS propose une liste de cours sélectionnés parmi l’offre existante au sein de l’ENAC. Dans cette liste figure notamment l’Unité d’enseignement UE K, intitulée «Upcycling», qui, à travers une approche orientée projet, vise la conception interdisciplinaire d’un espace temporaire, mobile, bioclimatique et bas carbone répondant à des objectifs d’usage et de confort.

Favoriser les échanges interdisciplinaires
Le Mineur IDEAS a directement influencé la carrière de Jessica Ruffieux, architecte diplômée de l’EPFL en 2016 et spécialiste des questions de durabilité. «J’y ai vraiment apprécié la richesse des échanges entre plusieurs disciplines. C’est pourquoi je travaille aujourd’hui pour SHIFT, un bureau basé à Cully, qui a la particularité d’intégrer trois secteurs: l’énergie, les éco-matériaux et l’architecture. Au quotidien, je mets en pratique ce que j’ai pu apprendre sur la communication entre différents domaines.»

Les alumni sont unanimes sur les avantages de l’interdisciplinarité liée à cette formation. A l’instar de Margaux Peltier, co-fondatrice et directrice d’Enerdrape, une start-up de l’EPFL qui développe des panneaux géothermiques permettant de récupérer la chaleur des parkings souterrains. «Comme ingénieure civile, j’ai pu toucher à d’autres domaines tels que l’énergie et l’architecture, et comprendre comment les combiner et les intégrer dans un projet», explique-t-elle. «Le bénéfice principal du Mineur est de savoir parler le même langage que les autres.»

Plateformes de discussion
Au-delà du Mineur, le programme IDEAS propose également un accompagnement ciblé pour les doctorantes et doctorants. «L’idée est de créer une communauté animée par un intérêt partagé en ce qui concerne les enjeux de durabilité, mais ayant souvent des approches et centres d’attention très divers», poursuit Marilyne Andersen. «Nous cherchons donc à renforcer les échanges et à stimuler l’interactivité entre eux, notamment par l’intermédiaire de ce qu’on appelle les «IDEAS Lunches», qui sont l’occasion pour les doctorantes et doctorants des laboratoires affiliés à IDEAS de présenter l’avancée de leurs recherches, en général plutôt en fin de parcours. Ces plateformes de discussion permettent aussi de créer de nouveaux contacts avec leurs pairs, et de présenter leurs travaux à une audience un peu plus diversifiée que leur propre groupe de recherche sans être encore trop hétérogène. L’organisation de séminaires doctoraux fait également partie des activités poursuivies au sein de l’axe IDEAS, à l’instar du séminaire «Quartiers en transition» qui s’est tenu à l’EPFL en octobre 2021, portant sur le potentiel des rives urbaines comme opportunité de projet.»

L’ancienne doctorante Emilie Nault souligne les nombreuses opportunités d’échange offertes par le programme IDEAS. «Nous avions la chance d’aborder différents thèmes et de recevoir un feedback sur nos projets. Pendant ma recherche, j’ai beaucoup apprécié ces perspectives externes qui m’ont aidé à revoir mon propre travail et à y intégrer d’autres méthodes ou techniques transmises par d'autres collègues. C’était très stimulant, parfois aussi exigeant d’être confrontée à des points de vue différents. Avec le recul, c’était une expérience très positive», raconte celle qui travaille aujourd'hui dans le bureau CSD Ingénieurs sur des projets en lien avec l’énergie, la durabilité et le climat.

Dix ans après son lancement, le nombre d’étudiantes et d’étudiants IDEAS ne cesse de grandir. «Cela témoigne de l’actualité des thématiques abordées, mais aussi de la pertinence de la démarche pour les domaines de l’architecture, du génie civil et des sciences et ingénierie de l’environnement», observe Sophie Lufkin, coordinatrice de la démarche. Et le programme prend lui aussi de l'ampleur. Deux groupes de l’EPFL ont récemment rejoint l'initiative proposée par le Laboratoire d’architecture et technologies durables (LAST) et le Laboratoire de performance intégrée au design (LIPID). Il s’agit du Laboratoire d'exploration structurale (SXL), dirigé par le professeur associé Corentin Fivet, et du groupe Building2050, coordonné par Sergi Aguacil. «Forts de ces nouvelles compétences, nous avons l’intention de poursuivre le développement de nos diverses activités, avec un accent particulier sur la promotion du Mineur IDEAS, le pilotage interdisciplinaire de l’unité d’enseignement UE K et l’organisation d’événements liés aux recherches doctorales», conclut Emmanuel Rey.