« Le plus important, c'est de garder le contact »
Comment diriger un navire aussi important que la Faculté des sciences de la vie en étant confinée ? La doyenne, Gisou van der Goot, a mis en œuvre tous les outils dont elle disposait pour mener avec humanité, humour et rigueur scientifique sa faculté.
« Je n’ai pas mis les pieds sur le campus depuis le 13 mars. On peut très bien diriger à distance, on doit le faire différemment, mais ça marche. Je le fais à plusieurs niveaux via Zoom, par exemple, ou des Faculty meetings improvisés. Le plus important, c’est de garder le contact. »
Une présence que la doyenne peut assurer grâce à l’engagement de toute son équipe : « J’ai la chance d’être entourée par des gens exceptionnels. Dès les premiers jours de confinement, mon assistante Caroline Guinchard a mis en place un Zoom café des secrétaires, tous les matins à 9h. Elles sont des points clés dans les laboratoires. Ainsi, les relais ont bien fonctionné et permis de désamorcer mille petits soucis avant qu’ils ne deviennent grands. J’ai de super responsables IT, infrastructures, animalerie et chacun a fait son travail à son niveau en permettant à tous d’être en contact tout le temps, même à distance. En envoyant des emails, participant à des forums, j’ai toujours essayé de clarifier rapidement les choses. »
Tous les matins Caroline Guinchard, secrétaire de Gisou van der Goot, anime un café Zoom
Rassurer et informer
Afin de rendre cette période de confinement moins pesante, Gisou van der Goot a égayé ses emails d’illustrations comiques et demandé à l’un de ses amis de lui dessiner des fonds d’écran colorés et personnalisés. Tous ces efforts ont bien aidé Manuela Da Silva, secrétaire dans le Laboratoire d’Anne-Florence Bitbol, engagée deux semaines à peine avant le confinement : «J’ai été prise en charge ; on s’est inquiété de moi. Comment j’allais, s’il ne me manquait rien ? J’ai suivi les trois Town Hall et celui où s’est exprimée notre doyenne répondait à toutes mes questions. J’ai d’ailleurs profité de cette apparition pour lui envoyer un email de remerciements. »
Un geste dont Gisou van der Goot se souvient : « Ce qui est un peu frustrant lorsque l’on porte la casquette de chef, c’est que les gens pensent que l’on n’a pas besoin de retours. Nous restons des êtres humains et, quelle que soit notre position, nous en aurons toujours besoin. Merci à celles et ceux qui l’ont fait.»
Manuela Da Silva, secrétaire, a apprécié que l'on prenne souvent de ses nouvelles
Les besoins spécifiques des laboratoires
L’une de ses priorités, que cela soit au moment du confinement ou du déconfinement, est de prendre en compte les spécificités de chaque laboratoire : « Nous avons interprété les directives et les avons appliquées aux besoins et possibilités des laboratoires, en maintenant toute la sécurité nécessaire. Lorsque les professeurs m’ont indiqué leurs plans de déconfinement, je leur ai envoyé un email personnel. Pour moi, il était important de maintenir la communication one to one. Car en fin de compte, on les a un peu laissé se débrouiller seuls pendant cette période. »
Les besoins spécifiques des laboratoires ont été pris en compte comme, par exemple, celui de Johan Auwerx ©Alain Herzog
Les bons points du confinement
« Depuis 2 ans, je milite pour le climat à l’EPFL afin que l’on diminue les voyages professionnels, qui représentent un pourcentage énorme de l’empreinte CO2 de l’Ecole. Soutenir des thèses avec des experts à distance, faire des réunions en visioconférence, c’est possible. À l’avenir, on ne pourra plus me dire qu’assister à distance n’est pas possible.
Le télétravail, indépendamment du côté écolo, nécessite de faire confiance aux gens. Ce n’est pas encore acquis dans la mentalité de tout le monde. Certains professeurs sont encore frileux. Mais pour moi, il permet de jongler avec tous les paramètres de sa vie. Il n’est pas impossible que nous devions travailler de cette manière pendant un certain temps. »
Comme tout le monde, Gisou van der Goot a dû s’installer à domicile : « Je travaille dans la chambre de mon fils. J’y suis bien, j’ai un grand écran. Pour dire la vérité, j’ai dû déménager trois fois dans la maison. J’avais aménagé un bureau à la cave que je me suis fait piquer par ma fille. Elle doit préparer ses examens pour l’uni. Ensuite, j’ai investi le grenier, mon fils l’a trouvé très à son goût. Enfin, j’ai réquisitionné sa chambre. Ce confinement nous a permis de redécouvrir notre habitation et d’en utiliser chaque recoin !»
Travailler sur le COVID-19
« Nous tenons une piste intéressante et ces virus à enveloppe sont des cas d’école dans notre domaine, la biologie cellulaire. Nous avons commencé l’étude des protéines du virus afin de comprendre ce qui se passe quand elles infectent les cellules humaines. Nous sommes optimistes et très excités par cette perspective. Beaucoup de laboratoires en SV vont travailler sur ce virus et je pense que cela va créer une nouvelle dynamique de partage d’outils et de connaissances. »