Le film « Rupture » remporte le prix du meilleur projet de Master SHS

Filming "Rupture" © 2024 EPFL

Filming "Rupture" © 2024 EPFL

Le film de science-fiction de 30 minutes intitulé « Rupture » et réalisé par les étudiants·es Marc Domenjoz, Matthieu Gachet, Juliette Hars et Lucas Romano met en scène un futur proche où la technologie est utilisée pour contrôler les populations et le comportement humain.


Le film est le résultat de leur projet « Un futur peu enviable ? La perte de notre libre arbitre dans un système ultra-normé » développé dans le cadre du cours de Sciences humaines et sociales (SHS) « Homme/Machines », enseigné par Dominique Kunz Westerhoff et supervisé par Aliénor Vauthey. Le cours combine de multiples approches, sociales, culturelles et scientifiques, afin d’explorer les problèmes et les questions soulevés par l’hybridation de l’humain et de la machine.

Pousser l’idée à son paroxysme

Rupture suit l’histoire de deux amis, Pierre et Paul, qui se réveillent en 2152 après un violent accident de voiture. Du fait des dévastations liées au changement climatique et aux nombreuses guerres qui en ont résulté, l'humanité se réduit dorénavant à des clones génétiquement parfaits vivant dans des biomes densément peuplés. Afin d’éradiquer la violence et de mettre sous contrôle la population, chaque personne est équipée d'une puce intracrânienne régulant les humeurs et les comportements, quant à l’espérance de vie, elle est allongée à 200 ans.

Lorsque la puce de Pierre est désactivée par un groupe de dissidents, il prend conscience des conditions réelles de vie du biome et décide de le quitter. Il désactive également celle de Paul en espérant qu’il le suive, mais ce dernier préfère l’illusion de sérénité offerte par la puce et demande qu’elle soit réactivée.

« Il s'agit de l'idée que plus une société est densément peuplée, plus les interactions entre ses membres doivent obéir à des lois strictes afin de maintenir l'ordre", explique Matthieu. "Si nous voulons maintenir la stabilité d'une société nombreuse, il est nécessaire de standardiser les comportements de ses habitant·es, ce qui revient à leur ôter de nombreuses libertés. »

Le film explore le potentiel d’une technologie poussée à l’extrême et questionne l’équilibre entre ordre et liberté.

« L’objectif est d’ouvrir une réflexion sur les technologies en cours de développement, afin de nous amener à nous interroger sur les risques et les limites de ces dernières », rapporte Juliette. « Mais c’est également l’occasion pour nous, ingénieur·es, développeurs·euses de ces technologies, d’imaginer les différentes conséquences que peuvent avoir nos créations sur la société, même et surtout celles que nous n’aurions pas imaginées. »

Élargir les horizons

Bien que le groupe ait apprécié le processus de création d’un film, cela a représenté pour eux un véritable défi. Ecrire, jouer, éditer et créer les effets spéciaux pour un moyen-métrage de 30 minutes en seulement un semestre s’est révélé un travail conséquent mais aussi très enrichissant. L’équipe a également trouvé stimulant de raconter une histoire par l’intermédiaire de la science-fiction, au travers d’un monde dystopique qu’ils ont dû inventer, avec toutes les limites que cela implique.

Leurs efforts ont payé ! Leurs enseignants·es décrivent le résultat comme « le fruit d’une authentique recherche artistique en matière de photographie, d’esthétique, de son et d’édition ». Le groupe a également inclus une vidéo du « making-of » qui montre le temps et l'attention consacrés au projet.

Les quatre membres du groupe terminent actuellement leur Master au sein de la Faculté des sciences et techniques de l’ingénieur (STI). Lucas y étudie la micro-ingénierie tandis que Juliette, Marc et Matthieu étudient la robotique. Juliette entreprend également un Mineur au sein du programme de Master Neuro-X. Toutes et tous ont apprécié l’opportunité offerte par le cours SHS d’explorer différents sujets et concepts particulièrement éloignés de leurs centres d’intérêt initiaux.

« Nous pouvons réfléchir au futur et aux conséquences des technologies que nous créons », ajoute Marc. « En ce sens, les cours de SHS nous permettent d’élargir nos horizons. »

Le Prix SHS

Le Prix SHS est attribué chaque année depuis 2012 pour récompenser les projets de Master conduits dans le cadre de recherches individuelles ou collectives par des étudiants suivant l’un des cours de Master dispensés par le programme SHS du CDH. La cérémonie de remise des prix aura lieu au Grand Témoin le mardi 27 février, de 17h00 à 19h00, un événement clé du cours « Global Issues » proposé par le CDH. Cette année, Celeste Saulo, secrétaire générale de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), va donner le Grand Témoin.

Le prix s’accompagne d’une somme de 1200 CHF attribué à la suite d’un vote du comité d’enseignement SHS. Il récompense des projets originaux d'une qualité exceptionnelle qui illustrent l'apport des sciences humaines et sociales dans l'enseignement et la formation techniques.

Cette année, deux autres équipes ont été sélectionnées comme finalistes par le comité du Prix SHS en raison de la qualité exceptionnelle de leurs projets :

  • Will Europe’s sustainable future survive the Russo-Ukrainian war? A case study of Germany

Hum-470 “Economic growth and sustainability” (Philippe Thalmann)

  • The different dimensions of shame: a negative or positive emotion?

HUM-479 “Emotion and value” (Jullien Deonna)

Traduit de l'anglais par Yohann Guffroy


Auteur: Stephanie Parker

Source: Collège des humanités | CDH

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