Le drone qui retrouve les survivants grâce à leur mobile

© Alain Herzog

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Série d’été – travaux d’étudiant (2): Durant son projet de semestre en systèmes de communication, Jonathan Cheseaux a développé un système permettant de localiser une personne grâce à son téléphone portable en utilisant un drone. Ce dispositif pourrait servir à retrouver des victimes lors de catastrophes naturelles.


Un drone décrit de grands cercles dans le ciel. Doté de deux puissantes antennes, il «sniffe» les paquets de données émises par les téléphones portables. Au sol, une interface développée spécifiquement pour ce projet permet de suivre le vol du petit avion robotisé en temps réel, depuis un ordinateur. Sur la carte visible à l’écran, des points de couleur indiquent les téléphones repérés. L’engin volant ressert son vol autour de l’appareil choisi jusqu’à indiquer sa position . «Lors des meilleurs essais que nous avons effectués, l’endroit indiqué était à 10 mètres près », explique Jonathan Cheseaux qui a travaillé sur ce projet durant son master, en collaboration avec Karol Kruzelecki et Stefano Rosati, et sous la supervision de Bixio Rimoldi, en charge du Laboratoire de communications mobiles.

Suite à un tremblement de terre ou une autre catastrophe naturelle, il s’avère souvent compliqué de connaître la position des victimes sous les décombres . A l’heure où la plupart des gens, même dans les pays pauvres, possèdent un téléphone portable, l’équipe du Laboratoire de communications mobiles a eu l’idée de les utiliser pour connaitre la position des victimes et ainsi faciliter les recherches. Quand le mode wi-fi est enclenché, les appareils émettent à intervalles réguliers des paquets de données qui permettent de connaître différents paramètres, dont la puissance de la connexion reçue par l’antenne. Celle-ci peut varier selon le relief environnant, la météo ou les interférences. Elle est également d’autant plus faible que la couche de gravat sous laquelle se trouve une personne est importante.

Mais il y a peu de similarité entre ces signaux et une distance en mètres qui permettrait de connaître directement la position de l’appareil. Grâce au drone, ce sont les points GPS des signaux captés en plusieurs endroits qui permettront de localiser le téléphone. Ces repères sont considérés comme le centre de cercles où pourraient potentiellement se trouver le téléphone. L’intersection de ces dernières détermine l’endroit où se situe le téléphone, et donc, probablement la personne. «En affinant le système pour qu’il élimine automatiquement les signaux les plus faibles, le système a gagné encore en précision, explique l’étudiant en master. Les vols de tests ont permis de localiser un téléphone portable sur le campus avec une bonne précision»

«L'antenne wifi du drone pourrait être remplacée par des détecteurs de victime d'avalanches (DVA) et ainsi permettre de déployer rapidement et à moindre coûts les première recherches en cas d'avalanche», projette l’étudiant, également amateur de montagne.

Dans la seconde partie de son travail, Jonathan Cheseaux a également relevé le défi de fournir un réseau wi-fi à un appareil grâce au drone, sans intervention humaine. Une antenne placée sur l’avion, permet au dispositif de deviner l’identité du routeur où se connecte le téléphone et de se faire passer pour celui-ci. Il peut ainsi établir une communication. «Dans le cas de catastrophes naturelles évoquées ci-dessus, cela permettrait de fournir un réseau de substitution lorsque les connexions ont été détruites », explique-t-il. Mais pour l’instant, ce système ne fonctionne que lorsque le réseau n’est pas sécurisé. Ce travail a également permis de mettre en évidence des problèmes de confidentialité et de protection des données privées. En récupérant les noms des wifi enregistrés (SSID) par un smartphone, il est d'établir les habitudes des propriétaires. Par exemple il pourra avoir une liste « EPFL », « Fitness », « Café untel », « Maison »… L’adresse MAC, identifiant unique, peut également être récupérée par les drones. Elle permet de déterminer la marque de l’appareil et détablir des statistiques sur la répartition des marques de smartphones/routeurs/imprimantes.

Jonathan a travaillé spécifiquement sur une partie d'un projet nommé SMAVNET II. http://smavnet.epfl.ch/



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