Le Delta, le robot suisse le plus rapide du monde!

© 2011 EPFL Alain Herzog

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C’est l’histoire d’une longue dynastie de robots industriels. Les trois bras du Delta ont commencé à ranger des pralinés avant de se profiler dans l’horlogerie, la télé-chirurgie ou l’usinage de matériaux. La dernière version vient de voir le jour.


Plus de 200 coups par minute ! Ce n’est pas une arme à feu, mais une arme de packaging massif. Le robot Delta n’a fait qu’une bouchée de centaines de paquets de Smarties au salon triennal "Interpack" de Düsseldorf. Reymond Clavel, inventeur du concept, présentait en Allemagne le dernier né de la dynastie Delta. La cadence du “Delta Direct Drive” est impressionnante. Développé en partenariat avec Bosch, il atteint des accélérations supérieures à 15 g. Il augmente ainsi de 50% la cadence des robots de la génération précédente.

Course de vitesse

L’enjeu de cette nouvelle variante était de taille. Il s’agissait d’augmenter la vitesse du robot Delta, tout en préservant sa précision. Auparavant, les moteurs moins puissants nécessitaient l’ajout d’une pièce mécanique, permettant de transmettre plus efficacement le mouvement. Un système qui limitait la vitesse maximale du robot. Les chercheurs ont pu profiter des progrès de la motorisation, en puissance et en coût, pour éliminer cette pièce-relais. Ainsi, ils ont pu passer à la vitesse supérieure. «L’idée de l’entrainement direct reposait dans nos tiroirs depuis longtemps mais, il y a 20 ans, le coût des moteurs aurait été beaucoup trop élevé».

Une success story

En 1985, le premier robot Delta révolutionnait le monde de l’emballage avec ses 3 bras et sa nacelle de préhension. Et chose impensable à l’époque, un quart de siècle plus tard, il est devenu la norme de l’emballage industriel. «En fait j’étais totalement surpris de constater que quelque 140 Delta travaillaient un peu partout sur les stands de la foire de Düsseldorf.» Une belle revanche pour ce robot dont l’aventure a commencé trop lentement, au goût de son concepteur: «Pour tout vous dire lorsque nous avons mis au point le premier Delta, j’étais tellement enthousiaste que je pensais que toutes les entreprises allaient se presser devant mon bureau pour en acheter un. Pas du tout ! Il a fallu attendre deux ans avant de signer le premier transfert de licence; en fait, notre Delta faisait peur aux industriels. Sa fine structure, qu’ils prenaient pour un parapluie, ne les rassurait pas. Ils pensaient que cela n’était pas résistant». Les années ont prouvé qu’il n’en était rien.

Des chocolats à la neurochirurgie

Développé à l’origine pour déplacer rapidement de petites pièces légères comme des chocolats, le Delta a vu ses applications se multiplier avec le temps. Mohamed Bouri développe avec l’équipe du Laboratoire de systèmes robotiques, de nouvelles variantes de cet outil à haute dynamique : «nous avons notamment conçu des robots d’ultra haute précision, utilisés dans les domaines de l’électro-érosion, qui consiste à usiner des matériaux très durs. Ils trouvent des applications dans le déplacement et le positionnement d’éléments optiques.»

D’autres cousins du Delta ont été développés dans des domaines qui demandent rapidité et précision extrêmes, par exemple l’horlogerie. En partenariat avec des neurochirurgiens du CHUV, un dispositif de retour de force a été mis au point pour que le chirurgien puisse exercer ses gestes. Reymond Clavel en est persuadé, l’avenir du Delta est assuré. Il se déclinera dans tous ses domaines de prédilections - l’usinage, le packaging, la chirurgie, l’horlogerie et… les chocolats.



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© 2011 EPFL Alain Herzog
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