Le concours Durabilis récompense un travail sur l'habitat déconnecté
L’UNIL et l’EPFL ont remis mardi 12 novembre le prix Durabilis à Cyril Gros pour son travail de Master en fondements et pratiques de la durabilité autour de personnes qui ont choisi de vivre dans des habitations «off the grid» . Soit des habitats déconnectés des réseaux, notamment d’alimentation en eau et en électricité.
Vivre off the grid, déconnecté des réseaux traditionnels, et gérer l’alimentation de sa maison en eau et en électricité ainsi que son chauffage, l’épuration et/ou la valorisation de ses déchets. Un choix radical sur lequel s’est penché Cyril Gros dans le cadre de son mémoire de Master en fondements et pratiques de la durabilité à l’Université de Lausanne. L’étudiant fraîchement diplômé, qui a au préalable effectué un Bachelor en physique à l’EPFL, a reçu mardi soir le prix Durabilis. Un prix qui récompense des travaux ou projets de cycle Bachelor et Master intégrant une réflexion sur la durabilité. Il est ouvert aux étudiantes et étudiants de l’UNIL et de l’EPFL.
Cyril Gros a interviewé sept personnes ayant effectué le choix de vivre déconnectés des réseaux et s’est interrogé sur leurs motivations et valeurs. «Le logement joue un rôle fondamental en termes de consommation de ressources, mais c’est un domaine sur lequel nous avons peu d’emprise, relève Cyril Gros, cela m’a donc intéressé de me pencher sur des personnes qui ont opté pour un habitat durable sur lequel ils ont une maîtrise.»
Sélectionné parmi 20 dossiers de candidatures, son mémoire a séduit le jury du concours Durabilis. Ce dernier a salué «un travail très fouillé et honnête sur les motivations qui ont conduit diverses personnes à opter pour un mode de vie sobre et sur la portée réelle de ce mode de vie.» Et d’ajouter qu’en illustrant des valeurs, ce travail peut «nous inspirer à changer nos comportements.»
Un mode de vie frugal mais non miséreux
Vivant en colocation depuis 10 ans, l’ancien étudiant n’a pour sa part jamais expérimenté ce mode de vie, mais il fait attention au quotidien à son impact écologique. «Dans la mesure du possible, je me déplace à vélo ou en transports publics, j’essaye également de travailler moins en terme monétaire et plus socialement, de m’engager pour des projets communautaires, je m’investis dans un jardin partagé ainsi que dans plusieurs associations , et je souhaite trouver un emploi dans le domaine de la durabilité.»
Dans le cadre de son projet de Master, le Veveysan a interviewé en Suisse un couple d’octogénaires propriétaires d’une confortable maison située sur la Riviera et une quinquagénaire vivant à proximité de Lausanne dans une yourte, construite avec l’aide de son fils ébéniste. En France, il a rencontré quatre personnes résidant dans la vallée de l’Estéron située dans les Alpes-Maritimes, trois trentenaires, l’un habitant une cabane en forêt près d’un village, les deux autres une ancienne bergerie isolée, et une septuagénaire résidant une maison à proximité d’un petit hameau. «Excepté le couple d’octogénaires, ce sont des personnes qui vivent dans des conditions difficiles avec très peu de confort, mais j’ai senti chez eux une confiance dans leur façon de vivre et aucune misère. Le fait de maîtriser leur habitat leur apporte beaucoup.»
Si tous les interviewés présentaient des motivations écologiques avant d’opter pour ce mode de vie, des questions économiques ou un désir/besoin d’autonomie les ont aussi parfois poussés au changement. D’ailleurs, selon le panorama établi par Cyril Gros, les deux valeurs les plus présentes chez les personnes rencontrées sont l’anticonsumérisme et l’autonomie. Suivent l’environnementalisme, l’amour pour son prochain et le fait d’être partie prenante de la nature.
Mais l’ancien étudiant a pu observer que le choix de vivre off the grid renforce automatiquement la conscience environnementale, car cela occasionne un questionnement de ses actions, de ses choix, de son impact. «Je l’ai vécu en me rendant chez ces personnes. Lorsqu’on ouvre le robinet, on se demande d’où l’eau vient, où elle va, ce que l’on ne fait pas en temps normal. Le mode de vie off the grid comprend un côté éducatif important et à mon avis l’expérimenter permet de s’approprier l’écologie de manière intrinsèque.» Cyril Gros estime d’ailleurs qu’au niveau éducatif, la généralisation d’expériences off the grid, même de courte durée pourrait aider à une prise de conscience écologique.