Le concours Durabilis récompense six projets d'étudiants

(De gauche à droite) Léa Gillioz, Célia Küpfer, Thomas Deboffe, Loïc Bernet, Thibaut Menny, Stanislas Gouhier. © Xavier Nussbaum/ 2018 EPFL

(De gauche à droite) Léa Gillioz, Célia Küpfer, Thomas Deboffe, Loïc Bernet, Thibaut Menny, Stanislas Gouhier. © Xavier Nussbaum/ 2018 EPFL

L’UNIL et l’EPFL ont remis jeudi 6 décembre des prix à des travaux de Bachelor et de Master qui intègrent une réflexion sur la durabilité.

Chacun à son échelle peut agir en fonction d’un mode de vie plus durable. Et les sept étudiants de l’UNIL et de l’EPFL lauréats du concours Durabilis 2018 ont de nombreuses idées pertinentes pour opérer ce cheminement. Leurs six projets, séléctionnés parmi 21 dossiers de candidature, ont enthousiasmé le jury de ce concours qui récompense depuis plus de dix ans des travaux de Bachelor et de Master intégrant une réflexion sur la durabilité.

Créé en marge du projet RUMBA qui vise à «réduire la charge polluante des activités et produits de l’administration fédérale civile», le concours Durabilis est soutenu par l'EPFL, l'UNIL et la commune de Saint-Sulpice. Les lauréats auteurs d’un mémoire ou d’un projet de master reçoivent 1000 francs par personne et les auteurs d’autres travaux de niveau Bachelor ou Master reçoivent 500 francs par personne. Tour d’horizon des projets retenus.

Réemployer les matériaux de construction

En 2014, plus d’un million de tonnes de déchets de chantier ont été générés dans le canton de Vaud selon les statistiques de la Direction générale de l’environnement. Partant de ce constat, Célia Küpfer, étudiante en architecture à l’EPFL, a décidé de consacrer son travail de Master aux possibilités de réemploi des matériaux et composants utilisés par la filière de la construction. Relevant « l’absence de projet de réemploi en Suisse depuis les années 60 », elle a identifié les freins à cette pratique mais aussi des solutions pour l’implanter, avec par exemple la création d’un réseau de « hubs de réemploi », réunissant magasin de revente et centre de recherche. «Une analyse très intelligente» selon le jury.

Réflexion sur le concept d’environnement sain

Étudiant à la faculté des géosciences et de l’environnement de l’UNIL, Stanislas Gouhier a choisi pour son travail de Bachelor de questionner le concept «d’environnement sain» du point de vue politique, juridique mais aussi scientifique. Il s’interroge sur ses origines tout en se demandant si celui-ci aboutit à une protection de la nature ou n’est qu’une étape sur ce chemin. Le jury a relevé un « travail sensible alliant intelligence et courage en évoquant par exemple la spiritualité et le droit de la Nature.»

Des tarifs progressifs pour l’électricité

Analyser l’introduction d’une tarification progressive de l’électricité en Suisse pour encourager la diminution de la consommation énergétique. C’est la proposition étudiée par Thomas Deboffe, qui vient de terminer son Master à la faculté des géosciences et de l’environnement de l’UNIL. Basée sur la corrélation entre la consommation énergétique d’un ménage et son revenu (les ménages aisés consomment plus), la tarification progressive de l’électricité aurait déjà été expérimentée dans plus de «90 pays et régions du monde ». Le jury a salué une « analyse exhaustive de l’opportunité économique et sociale d’introduire une tarification progressive de l’électricité pour en réduire l’utilisation, ainsi que de sa faisabilité légale et politique.»

Un écovillage sur le campus de l’UNIL

En collaboration avec l’association étudiante Laboratoire des modes de vie durables et alternatifs (LaMoViDA), Loïc Bernet et Catherine Nachbar ont imaginé pour leur projet de Master en architecture un éco-hameau sur le campus de l’UNIL. Cet écovillage expérimental serait constitué d’habitations, d’un magasin bio en vrac, d’un atelier et de jardins comprenant notamment un grand potager. Il permettrait de tester, d’implémenter et d’analyser des «solutions innovantes, alternatives et durables» et offrirait «la possibilité de vivre autrement, dans le respect de l’environnement», notent les auteurs du projet. Le jury a félicité «une démarche à la fois audacieuse et respectueuse ».

Encourager l’agriculture urbaine

Pour son mémoire de Master à la faculté des géosciences et de l’environnement de l’UNIL, Léa Gillioz a questionné l’agriculture urbaine via l’exemple de l’écoquartier des Vergers à Meyrin qui prévoit d’accueillir 1358 habitants à l’horizon 2019. En partenariat avec la Ville et les urbanistes, les futurs habitants ont imaginé un projet «de la fourche à la fourchette ». Un projet incluant notamment la mise sur pied d’un jardin potager, d’une ferme ou encore d’un supermarché participatif. L’objectif étant de couvrir tous les aspects de la chaîne alimentaire et de proposer une alternative durable au système agro-alimentaire dominant. Le jury a souligné que ce travail « peut servir de base de réflexion à d’autres villes intéressées par les nouveaux liens participatifs qui se tissent entre producteurs, consommateurs et la cité soucieuse d’améliorer la durabilité urbaine.»

Favoriser les énergies renouvelables en ville

Au bénéfice d’un Master en architecture avec un Mineur en énergie à la Faculté des sciences et technologies de l’ingénieur, Thibaut Menny s’est intéressé au port de Saint-Malo, plus précisément au Môle des Noires, la digue délimitant le territoire océanique du territoire continental. Il a réalisé un projet visant à modifier cette digue pour la transformer en une « véritable machine de récolte et de stockage de l’énergie offerte par le vent et les marées. » Mais aussi en une structure protégeant du risque de «submersion marine» et servant de base à différents types d’activités pour les habitants et pour les touristes. Le jury a loué un «projet brillant d’une infrastructure architecturale et énergétique à Saint-Malo, multidisciplinaire et qui synthétise tant les réflexions techniques que les dimensions historique et territoriale.»