«Le challenge est de bien doser la matière»
Professeure assistante tenure track à l’EPFL depuis six ans, Katerina Argyraki a été élue meilleure enseignante de la section informatique et systèmes de communication.
L’année dernière, Katerina Argyraki a hérité du vendredi après-midi 15h pour donner son cours «Computer networks» à quelque 200 étudiants de deuxième année. Une assemblée en majeure partie fatiguée par le stress de la semaine et/ou la sortie du jeudi soir et pressée de partir en week-end. «J’en vois parfois s’assoupir, d’autres s’adonner à des jeux vidéos. Je les compte et je suis contente quand la semaine d’après le nombre décroît », lance la professeure assistante tenure track en souriant.
Enseignante à l’EPFL depuis six ans, Katerina Argyraki porte une grande attention à la manière dont ses élèves perçoivent le cours. «Il est difficile de correspondre aux attentes de 200 étudiants, mais lorsque j’ai un feedback négatif, cela me travaille beaucoup.» Heureusement pour cette perfectionniste, ils sont très rares. Élue meilleure enseignante de la section informatique et systèmes de communication, elle a su rendre les dessous d’internet attractifs. «Il existe beaucoup de protocoles réseaux et la théorie peut vite être ennuyeuse, au lieu de les enseigner tous, j’en choisis quelques-uns et j’invite les étudiants à se questionner sur leur fonctionnement par le biais de discussions et de problèmes ouverts. C’est un challenge pour eux car ils doivent réfléchir comme un ingénieur, il n’y a pas de formule toute faite.»
Une gratification immédiate
En matière d’enseignement la spécialiste des réseaux informatiques a un modèle qu’elle admire depuis l’enfance: sa maman, philologue et enseignante au lycée. «Elle est très charismatique, elle ne s’assied jamais et elle garde toujours un contact visuel avec ses étudiants, elle veut qu’ils aient du plaisir à être là.» Suivant cet exemple, la professeure assistante met tout en œuvre pour que ses étudiants soient satisfaits de son cours. «Le challenge est de bien doser la matière. L’EPFL est une école compétitive et les étudiants sont très stressés, parfois dépassés. Pour qu’ils puissent assimiler, je ne dois donc pas les surcharger.» Afin de les aider à mémoriser, l’enseignante propose au début de chaque cours un quizz sur la matière vue la semaine d’avant.
«Lorsque je fais de la recherche, je me pose beaucoup de questions, notamment sur le sens de ce que je fais. Avec l’enseignement, c’est très concret, il s’agit d’une gratification immédiate. C’est donc important pour moi d’avoir ces deux aspects.» Katerina Argyraki échange beaucoup avec son mari George Candea, professeur dans la même faculté. «Nous commençons à discuter de nos recherches, puis nous finissons toujours par parler de l’enseignement». La chercheuse, dont le travail porte sur la neutralité et la transparence des réseaux informatiques, co-enseigne avec son mari un cours Master sur les principes des systèmes informatiques, également fréquenté par des doctorants. «C’est un cours interdisciplinaire exigeant qui demande beaucoup de background. Chaque semaine nous abordons un principe différent et les étudiants doivent imaginer ce qu’ils pourraient créer avec, ou questionner son utilisation.» Car pour celle qui aime plonger dans les coulisses d’Internet, encourager la créativité et l’autonomie d’apprentissage des étudiants est essentiel.