La voiture électrique est-elle un serpent de mer?

© 2013 EPFL

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L’heure de gloire de la voiture électrique n’a pas encore sonné. Si tant est qu’un jour elle sonne.

«La première voiture électrique date de 1894 et des projets sont régulièrement revenus sur le tapis au cours du XXe siècle, notamment dans les années 40 lors des pénuries de carburants», rappelle Pascal Feillard, Directeur du marketing prospectif chez PSA Peugeot-Citroën et fin connaisseur de l’histoire des technologies automobiles. «Aujourd’hui encore, rien ne produit autant d’énergie qu’un litre de pétrole.»

En dépit d’un accroissement de l’offre de véhicules électriques et alternatifs, le consommateur ne suit pas. Pourquoi?, s’est interrogé le «Science! on tourne» du 27 février réunissant le représentant du constructeur automobile français et le directeur adjoint du Centre de Transport de l’EPFL, Michaël Thémans. «Quand les gens achètent un véhicule, ils le font pour le voyage exceptionnel, pas pour le voyage moyen», argumente-t-il encore. Et Michaël Thémans d’ajouter «le Suisse roule en moyenne 25 kilomètres par jour, distance qui pourraient être largement assurée par un véhicule électrique, mais il souhaite que sa voiture puisse également répondre à ses besoins de longue distance, même les plus ponctuels. De plus, bien que 70% des citoyens se déclarent favorables aux véhicules plus écologiques, dans les faits, le parc automobile de la Suisse reste le plus polluant d’Europe.» «L’utilisateur ne veut pas d’embrouilles: il attend avant tout de sa voiture de la polyvalence. Et pour l’heure, il n’y a pas mieux que la voiture thermique», insiste Pascal Feillard.

Une propreté relative

Faut-il baisser les bras et attendre que la dernière goutte de pétrole soit consommée? Certes non, notamment du fait des pressions réglementaires de l’Union européenne qui impose une réduction drastique des émissions de CO2. «La voiture hybride, à différents niveaux, est la solution», assure sans hésiter Pascal Feillard. Car le fond du problème reste la comparaison entre l’empreinte écologique totale d’un véhicule électrique et d’un véhicule thermique. «Une étude de l’EMPA montre que la batterie lithium-ion d’un véhicule électrique constitue 15% environ de son empreinte énergétique, précise Michaël Thémans. Le reste dépendra de la façon dont l’énergie électrique est produite, ce qui peut faire varier le bilan presque du simple au double. Pour être aussi propre que la voiture électrique, le véhicule thermique doit consommer 3 à 4 litres aux 100.» Un chiffre vers lequel se rapprochent les véhicules hybrides.