La ville contemporaine, du pluralisme à la planification inclusive

Scène de vie à Hambourg, l'une des villes étudiées dans l'étude comparative. © Istock

Scène de vie à Hambourg, l'une des villes étudiées dans l'étude comparative. © Istock

La ville contemporaine est marquée par des différences de plus en plus marquées en matière de conditions de vie et de spatio-temporalité des modes de vie. Une recherche interdisciplinaire menée par l’EPFL vise à décrire ces différences et les tensions qu’elles génèrent, puis à analyser les concepts et pratiques adoptées par les villes pour faire face au pluralisme, en vue de développer une planification urbaine inclusive. Le projet sur quatre ans, avec des études de recherche de l’Université de Genève, de l’ETHZ et de l’EPFL, a reçu un financement « Sinergia » du Fonds national suisse de la Recherche Scientifique.

Intégrer et reconnaitre les différences entre les habitants d’une ville, tout en favorisant le vivre-ensemble, est un enjeu bien ancré dans les grandes cités du monde. Cette réalité ira croissant avec la mondialisation, qui favorise et encourage les échanges entre personnes, et que les villes se développent, se connectent. Pour y faire face, les décideurs doivent adapter l’espace urbain et mettre en place des politiques favorisant l’inclusion au sein d’une société plurielle.

A la pointe en Suisse sur l’analyse du fait urbain, le Laboratoire de sociologie urbaine (Lasur) de l’EPFL lance au printemps 2020 une recherche interdisciplinaire de quatre ans qui ambitionne d’apporter des recommandations très concrètes sur les bonnes manières de mener des politiques urbaines, qui respectent les différences tout en permettant le vivre-ensemble. Ce projet qui impliquera des sociologues, politologues, urbanistes, architectes et ingénieurs civils à l’EPFL, l’Université de Genève et l’ETHZ vient de recevoir un financement « Sinergia » du Fonds national suisse, à hauteur de 2,2 millions de Francs.

« Les villes n’ont jamais été aussi diversifiées, et c’est particulièrement le cas en Suisse. Si on prend une unité de territoire, disons 2 km2 de ville, on y trouve un nombre incroyable de nationalités, de religions, de modes de vie, de revendications de toutes sortes. La ville contemporaine est de plus en plus faite de ces différences. Un enjeu des politiques urbaines qui devient central et incontournable, c’est que ces différences sont souvent revendiquées et portées par des groupes, religieux ou ethniques, ou par des mouvements sociaux… Ces revendications sont légitimes mais en même temps il faut réussir à vivre ensemble, c’est-à-dire mener une politique qui permet de les reconnaitre tout en permettant une certaine cohésion. C’est là tout l’enjeu d’une planification urbaine pluraliste et inclusive », explique Vincent Kaufmann, directeur du Lasur et coordinateur de l’étude.

Les chercheurs mèneront une enquête comparative à Genève, Bruxelles, Hambourg et Turin, qui ont des manières différentes d’aborder ces questions. Ils entendent analyser et décrire les dispositifs et lois en place dans ces grandes villes européennes, le support infrastructurel sur lequel ils s’appuient, et le ressenti des habitants.

Références

Difference-oriented urban planning : a comparative analysis

Requérants du projet : Vincent Kaufmann (EPFL), Sandro Cattacin (UNIGE), Adrienne Grêt-Regamey (ETHZ)

Partenaires : Panos Mantziaras (Fondation Braillard Architectes, Genève), Frédéric Kaplan (EPFL), Paola Viganò (EPFL), David Kaufmann (ETHZ), Kay Axhausen (ETHZ).