La recherche en Suisse condamnée à la croissance ?
Vaut-il la peine pour un petit pays comme la Suisse de mener cette incessante "course à la taille" pour rester compétitive en matière scientifique?
Dominique Foray décrit dans un article publié dans "La Vie Economique" les enjeux pour la Suisse pour maintenir un niveau d'excellence scientifique très haut, malgré sa petite taille.
Extraits:
"Dans la mesure où la taille absolue est décisive, des petits pays qui visent à l’excellence comme la Suisse ou le Danemark vont supporter un système de recherche d’une taille relative disproportionnée par rapport à des pays plus grands comme l’Allemagne, la France ou l’Italie."
"Pour attirer les meilleurs scientifiques, il devra offrir des infrastructures de recherche de qualité, des budgets de recherche généreux, un système de subvention efficace, des salaires compétitifs, une culture d’ouverture internationale, des universités autonomes et innovantes, des relations dynamiques avec l’industrie et… des étudiants de haut niveau. "
"Cette « course à la taille » se reflète notamment dans l’augmentation incontrôlée d’une population de postdoctorants et d’emplois scientifiques précaires. Chaque laboratoire a de bonnes raisons d’engager un postdoctorant. Toutefois, la taille globale de cette population dépasse largement la capacité des marchés du travail à absorber cette main-d’œuvre très qualifiée. "
"Dans le cas de la Suisse, les services aux étudiants sont vendus à un prix inférieur aux coûts via, par exemple, des taxes universitaires concurrentielles en comparaison internationale, et la « plateforme helvétique » paie un prix élevé pour recruter les meilleurs scientifiques."
"Cependant, les conditions de cette excellence – une taille relative disproportionnée et une croissance continue pour ne pas s’affaiblir – obligent à se demander quelles sont les actions stratégiques qui pourront permettre à ce système de rester solidement arrimé à la société et à l’économie suisses. La question reste ouverte."