La précision suisse au service de l'excellence quantique

2025 EPFL / Illustration par FICHTRE

2025 EPFL / Illustration par FICHTRE

Relativement à sa taille, la Suisse est un acteur important de la science et de la technologie quantique. Elle a pour elle une excellence académique reconnue, un écosystème d’innovation industriel et un réseau de coordination national efficace, grâce à des centres de recherche et à l’appui du gouvernement.

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L’histoire a commencé avec le soutien précoce du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) et le lancement dès 2001 de quatre pôles de recherche nationaux (PRN) en nanosciences, photonique quantique, spin qubits et science quantique. Ces investissements ont attiré des dizaines de nouveaux professeurs à l’EPFL, à l’ETH Zurich et aux universités de Bâle et Genève — ainsi qu’au Paul Scherrer Institute (PSI), qui sert de pôle quantique. De quoi former un réseau scientifique complémentaire et interconnecté.

Aujourd’hui, malgré de moindres investissements dans le secteur — comparé à des nations de taille similaire comme les Pays-Bas ou le Danemark — la Suisse peut encore se targuer du plus grand facteur d’impact au monde, pour ses publications scientifiques relatives au domaine quantique. Les embauches académiques reflètent la tendance. Ainsi, depuis 2020, l’EPFL a engagé 12 nouveaux professeurs actifs dans le secteur.

Chacune des quatre entités académiques citées ci-dessus héberge un centre quantique, qui rassemble et promeut la recherche de l’institution et se connecte aux autres centres, au gouvernement et à l’industrie. Cette collaboration a conduit à la création en 2022 de la Swiss Quantum Initiative (SQI), sous l’égide de la Swiss Quantum Commission (SQC) — un groupe d’experts suisses qui guident et implémentent la SQI en suggérant des actions concrètes, comme des instruments de financement, des axes de recherche ou des événements. L’initiative a pour objectif de consolider la position favorable de la Suisse en sciences et technologies quantiques, de la recherche fondamentale aux applications industrielles.

Impliquer les entreprises

«Le rôle du gouvernement est d’agir en facilitateur, de créer les bonnes conditions et de soutenir le transfert de la recherche vers des applications concrètes», explique Thomas Vidick, professeur EPFL et membre de la SQC.

La Suisse héberge également de grandes entreprises et des start-up impliquées dans diverses branches de la technologie quantique. Les pionniers, comme ID Quantique à Genève ou Zurich Instrument, sont rejoints par une nouvelle vague de jeunes pousses actives dans les secteurs de la métrologie, de la photonique et de la manufacture de composants de haute précision. Plusieurs start-up sont issues de l’EPFL, dont Ligentec, qui produit des circuits intégrés photoniques pour des acteurs majeurs de l’informatique quantique, et Miraex, qui crée des interconnexions quantiques pour des systèmes informatiques et de réseaux ou des solutions de capteurs photoniques. Plus récemment, l’École a contribué au financement de la start-up Qanova Tech, qui conçoit des amplificateurs paramétriques à ondes progressives — un composant clé pour la lecture de données à partir d’appareils quantiques.

«Nous avons identifié un créneau sur le marché, et nous avons pensé qu’il serait bien d’apporter une nouvelle solution pour combler ce besoin technologique», explique Simone Frasca, fondateur de Qanova Tech et entrepreneur-chercheur à l’EPFL. Pour appuyer son projet, il a reçu une bourse Innogrant du Centre pour les sciences et la technologie quantiques (QSE) de l’EPFL, ainsi que des subsides d’Innosuisse et du PNR SPINnovate.

«L’écosystème quantique suisse est dynamique et va certainement identifier de nouveaux domaines où affirmer son leadership, par exemple en développant des composants high-tech ou en promouvant des algorithmes quantiques, des langages de programmation et de compilation», explique Thomas Vidick.

«Avec ces bases solides, nous envisageons maintenant des applications et des dispositifs concrets. Dans cette nouvelle phase, nous aurons besoin du soutien accru du gouvernement, également pour les entreprises et start-up du secteur», estime Philippe Caroff, directeur du QSE.

La technologie quantique germe à l’EPFL
Plusieurs jeunes pousses ont vu le jour à l'EPFL dans le domaine de la physique quantique. Parmi elles, on peut citer:
Ligentec.La société est basée sur les travaux novateurs du laboratoire du professeur Kippenberg sur le nitrure de silicium à faible perte pour les applications non linéaires afin d’alimenter des technologies telles que les communications plus rapides, l’informatique quantique et l’innovation biomédicale.
Deeplight.Exploitant la technologie des résonateurs à circuit intégré photonique de haute qualité mise au point dans le laboratoire de Tobias Kippenberg, Deeplight est spécialisée dans le développement de lasers accordables à largeur de bande étroite et de technologies de signaux optiques avancées utilisant des puces photoniques intégrées à la pointe
de la technologie.
EDWATEC.Fondée en 2023 après la percée de l’amplification sur puce réalisée par le groupe de Tobias Kippenberg, cette start-up construit des puces photoniques de nouvelle génération qui amplifient les signaux lumineux, ouvrant ainsi la voie à des communications plus rapides et plus efficaces dans tous les domaines,
de l’internet aux satellites.
Enlightra.La start-up fournit des lasers qui sont environ mille fois plus purs et dans un boîtier ultra-compact qui est 20 fois plus petit que la technologie existante.
Luxtelligence.Cofondée en 2022 par le professeur Kippenberg, cette start-up fabrique des dispositifs électro-optiques ultrarapides basés sur une plateforme de niobate de lithium et de tantalate de lithium.
Miraex. La jeune pousse est une pionnière de la technologie des puces photoniques pour faire progresser la détection et
l’informatique quantiques distribuées et les réseaux quantiques mondiaux grâce à une interconnectivité et une intrication évolutives.
Qanova Tech*.Construction d’un amplificateur paramétrique de pointe pour répondre aux besoins d’amplification des chercheurs tout en minimisant le bruit.
Rhonexum*.Fondée dans le laboratoire d’Edoardo Charbon, cette start-up stimule le développement de l’électronique cryogénique par le biais de solutions de simulation de circuits afin de répondre à la demande croissante en matière de calcul, de détection et de technologies quantiques émergentes.
*Sociétés en cours de création

Références

Cet article a été publié dans l'édition de septembre 2025 du magazine Dimensions, qui met en avant l’excellence de l’EPFL par le biais de dossiers approfondis, d’interviews, de portraits et d’actualités. Le magazine est distribué gratuitement sur les campus de l’EPFL.


Auteur: Stephanie Parker

Source: EPFL

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