La lutte contre la mucoviscidose passe par l'EPFL et le Léman

2021 EPFL/ Tristan Trébaol

2021 EPFL/ Tristan Trébaol

À 24 ans, Tristan Trébaol peut être fier. Il vient de remporter coup sur coup deux grands défis : traverser le Léman à la nage pour promouvoir le sport dans la mucoviscidose, et réussir son master à l’EPFL. Portrait d’un étudiant qui ne se laisse pas impressionner par la maladie.

Quatorze kilomètres à la nage entre St Sulpice et Évian dans une eau à 22 degrés en 5h45. C’est le pari que vient de remporter Tristan Trébaol, accompagné de son frère aîné Corentin et de trois amis étudiants à l’EPFL. Afin de réussir cette traversée du Léman, Tristan et ses amis se sont entraînés pendant 2 mois et demi en se basant sur le programme d’entraînement de nageurs professionnels en eau libre. « On a pris les grandes lignes et on s’en est inspiré. On alternait des séances d’endurance et de technique. Nous avons également demandé conseil à l’Association de Natation du Léman qui nous a accompagné lors de la traversée. »

2021/ 14 km pour relier l'EPFL à Evian

Ce genre de prouesse n’est pas la première accomplie par ce nouveau diplômé en génie mécanique, appuyé d’un mineur en sciences computationnelles. Tristan est un sportif de haut niveau. Il a été sacré double champion du monde de catamaran jeune à 14 et 16 ans. Il a également terminé 2ème de sa catégorie au célèbre AlpsMan Xtrem Triathlon en 2018, un Ironman qui comprend 3,8 km de natation, 180 km à vélo avec 4500 m de dénivelé à travers 5 cols et un marathon.

2018 Tristan et Corentin Trébaol avec leur trophée du AlpsMan Xtrem Triathlon

« Mucos : Bougeons plus, respirons mieux ! »

Mais quel moteur fait avancer Tristan Trébaol ? La mucoviscidose. Sa maladie a été diagnostiquée quelques jours après sa naissance. Sur les conseils des médecins, ses parents n’ont alors eu de cesse de lui faire pratiquer du sport. « Le sport est pour moi aussi important que la prise de médicaments et la kinésithérapie respiratoire que je fais chaque jour. Je veux montrer aux personnes atteintes comme moi de la mucoviscidose qu’il est essentiel de faire du sport pour aller mieux ! » Le sport améliore naturellement l’état des poumons et ralentit leur dégradation progressive.

Car la mucoviscidose est caractérisée par des infections pulmonaires à répétition traitées par antibiotiques qui, à long terme, deviennent inefficaces. La réponse au traitement s’affaiblit et les bactéries deviennent résistantes. « Il y a un grand nombre d’antibiotiques à disposition et il est compliqué pour le médecin de choisir le bon antibiotique pour la bonne personne. »

2021 Tristan Trébaol

Le machine learning pour une médecine personnalisée

Tristan Trébaol décide de mettre à profit ses études pour mieux cerner la mucoviscidose. En quête d’un projet de master, il se rend compte que l’apprentissage automatique peut être appliqué dans différents domaines. « Comme il s’agit d’un nouvel outil de recherche, je me suis dit qu’il était sûrement possible de l’appliquer sur une maladie comme la mucoviscidose, pour répondre à des questions encore non résolues. J’ai contacté différents laboratoires spécialisés dans la mucoviscidose dans le monde, des chercheurs et des médecins. » Tristan trouve le graal en Angleterre et se lance dans son projet de master à la croisée de l’informatique et des sciences de la vie, en partenariat avec le Département de médecine de l’Université de Cambridge et le Laboratoire de machine learning et optimisation de l’EPFL.

Pendant deux ans, il caractérise la réponse aux traitements de 250 patients anglais. Ceux-ci enregistrent quotidiennement leurs données de santé parmi lesquelles les fonctions pulmonaires, le poids, le rythme cardiaque et la saturation en oxygène. Tristan étudie l’évolution de ces paramètres sur les 15 jours de traitement antibiotique « Mon hypothèse était qu’en observant les biomarqueurs des patients on peut déterminer la qualité du traitement antibiotique. Et, avec le machine learning, d’aider les médecins à choisir l’antibiotique correspondant le mieux au patient afin de maximiser son effet et de minimiser la dégradation des poumons. »

Tristan a présenté ses résultats au directeur de la recherche sur la mucoviscidose à l’Hôpital Necker à Paris, ainsi qu’au laboratoire de recherche de l’Hôpital de Cambridge. « Ils se sont montrés très intéressés par cette approche statistique parce que j’ai pu prouver des résultats qui avaient déjà été validés il y a 20 ans par une approche systémique et j’ai montré qu’en étudiant le début du traitement on peut savoir rapidement s’il sera efficace ou non. C’était l’une des premières fois que l’on utilisait le machine learning pour essayer de mieux comprendre la maladie. C’était vraiment très intéressant. »

Un nouveau médicament salvateur

2021 aura été une année libératrice, éminemment constructrice et pleine de belles choses pour Tristan en intégrant la mucoviscidose dans son travail de diplôme, en promouvant le sport pour inciter les personnes atteintes de cette maladie de ne pas avoir peur de bouger. Mais la plus grande nouvelle est que Tristan bénéficie depuis 4 mois de l’arrivée sur le marché d’un médicament salvateur : « Depuis que je prends ce nouveau médicament je n’ai plus aucune gêne pulmonaire et je sais qu’il va m’aider à prolonger mon espérance de vie. Aujourd’hui, grâce à lui, quand je regarde au loin pour faire mes projets de vie, je peux voir au-delà de l’horizon. »

2021 Tristan Trébaol, son frère Corentin et ses amis prêts pour la traversée



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2021 Arrivée à Evian après 5h45 de natation
2021 Arrivée à Evian après 5h45 de natation

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