La forêt: un milieu en pleine mutation

«La forêt va connaître des changements importants.» Pour l’affirmer, Alexandre Buttler s’appuie notamment sur les premiers résultats du projet Mountland, une étude d’envergure portant sur les montagnes jurassiennes et menée conjointement entre le Laboratoire des systèmes écologiques qu’il dirige, et l’Institut fédéral de recherches WSL.
Le but du projet Mountland est de simuler expérimentalement un réchauffement de 2 à 5 degrés sur trois sortes d’habitats typiques du Jura: le pâturage ouvert, le pâturage boisé et la forêt. Très concrètement, plus de 600 blocs de terre de 20/20 cm et 30cm de profondeur ont été prélevés sur le site donneur du Marchairuz. Ils ont ensuite été placés à quatre altitudes différentes: 1450m, 1000m, 600m et 400m, allant du col à la plaine. Température, humidité, évolution de la qualité du sol, perte de carbone par drainage et respiration, changements quantitatifs et qualitatifs dans la végétation, capacité de germination des arbres et plusieurs autres paramètres y sont mesurés en permanence.
Après une année d’exploitation, les chercheurs ont déjà pu faire quelques observations. Premièrement, il apparaît qu’avec une hausse des températures, le taux de CO2 relâché dans l’atmosphère par les prairies et pâturages est supérieur à celui émis par la forêt. Ensuite, le milieu boisé et son sol en particulier, se transforme plus rapidement que les pâturages boises, plus résistants. «Avec le réchauffement climatique, le milieu forestier deviendra plus claire, explique Alexandre Buttler. Essence typique de cette région, l’épicéa résiste moins bien à des températures plus élevées que le hêtre, qui va progressivement prendre sa place.» Les changements ne seront pas seulement d’ordre paysager, mais aussi économique. Le spécialiste ajoute que «l’exploitation du bois et le bétail sont deux activités traditionnelles de cette région qui pourraient être affectées par ces changements.»