La Ferme de Bassenges confiée à un collectif de jeunes agriculteurs
Une jeune équipe s’occupe désormais des terres agricoles de l’UNIL et de l’EPFL. La démarche du collectif associera maraîchage, arboriculture et élevage en cycle fermé. Les produits pourront à terme être achetés à la ferme ou seront distribués en circuit court sur le campus.
A situation particulière, démarche originale. Le campus de l’EPFL, d’une superficie de 55 hectares, ne se résume pas aux bâtiments académiques construits à partir des années 1970. Il s’y trouve aussi une ferme, tout à l’Ouest, comprenant plusieurs bâtiments et des terres agricoles. Suite au décès de l’exploitant en 2017, l’EPFL et l’UNIL (qui dispose aussi de terrains agricoles) ont lancé conjointement l’an dernier un appel d’offre requérant des participants un projet durable, apte à sensibiliser la communauté universitaire aux grands enjeux écologiques et alimentaires.
Le jury, composé de représentants de l’EPFL de l’UNIL, des communes de Lausanne et Ecublens et d’agriculteurs, a porté son choix unanime sur le projet d’un groupe qui s’est constitué pour l’occasion sous la forme d’un collectif. Ses membres – agriculteurs, ingénieurs agronomes ou en environnement et gestionnaire – ont présenté un dossier qui dessine les contours d’une « micro-ferme agroforestière de polyculture-élevage ».
Fonctionnement en cycle fermé
Les principes agronomiques que les fermiers appliqueront au domaine s’appuient sur l’agriculture biologique et la biodynamie. Grandes cultures, arboriculture, maraîchage et élevage composeront le quotidien du groupe, dont les membres habiteront sur place, dans l’ancienne maison d’habitation, rénovée. Premiers animaux à avoir rejoint le site, quelques brebis paissent déjà sur le domaine. Deux chevaux et un âne aideront les fermiers au travail du sol, tandis qu’un couple de cochons valorisera les sous-produits du maraîchage et de la production de fromage de brebis. Une basse-cour viendra compléter le cheptel et participera à la lutte contre les ravageurs tels que limaces et insectes indésirables, ainsi qu’au travail du sol. « Notre intention est véritablement de fonctionner en cycle fermé, détaille Baptiste Calliari, maraîcher et membre du collectif. Nous produirons sur le domaine le fourrage et la litière pour les animaux. En retour, ceux-ci nous fourniront la fumure dont nous aurons besoin pour les champs. »
Dès les premières récoltes, les produits de la ferme – légumes et fromages de brebis la première année ; fruits, céréales et autres à plus long terme – seront majoritairement vendus directement à la ferme, voire sous forme de paniers ou auprès des restaurateurs du campus. Divers événements destinés à reconnecter la population urbaine avec la terre seront également mis sur pied.
« Micro-ferme » modèle
Avoir plusieurs hectares de terres arables sur un campus universitaire n’est pas courant. « Dès l’appel à projet, notre intention était que les terres du campus servent aussi de laboratoire vivant et de vitrine aux réflexions que la société se doit aujourd’hui de mener quant à son mode d’agriculture et d’alimentation, relève Benoît Frund, vice-recteur de l’UNIL en charge de la durabilité sur le campus. Le projet retenu répond parfaitement aux engagements environnementaux de l’UNIL et prévoit de développer une dimension pédagogique, en partenariat avec une association qui organisera notamment des visites de classes. »
« En choisissant ce collectif, nous sommes certains de laisser en de bonnes mains la ferme et le terrain qui nous appartiennent, ajoute Etienne Marclay, vice-président de l’EPFL en charge de la durabilité, de l’immobilier, des infrastructures et des opérations. Leur philosophie correspond parfaitement à ce que nous recherchions et nous avons hâte de voir leur activité se déployer sous nos fenêtres. »
Une société indépendante
Le collectif travaillera en toute indépendance, sous la forme d’une société à responsabilité limitée. Bien que propriétaires des terrains et des bâtiments, les Hautes écoles ne seront pas impliquées dans le fonctionnement de la ferme – ni financièrement, ni d’un point de vue opérationnel. Des liens étroits seront toutefois maintenus avec l’UNIL et l’EPFL dans le cadre de collaborations académiques, tant avec des étudiants qu’avec des chercheurs, destinées à mieux comprendre l’agrosystème et à optimiser certaines nouvelles pratiques de culture.
75'000 m2: surface totale des domaines de l’EPFL et de l’Unil
4 bâtiments datant du 18è siècle, dont une maison vigneronne, un grand rural et une maison d’habitation
12'000 m2seront à terme dédiés au maraîchage
27'000 m2devant l’Unithèque accueilleront les grandes cultures (céréales anciennes, sarrasin, pois chiches, lentilles…) et une production de semences, en association agroforestière avec des arbres.
2'000 m2pour des petits fruits
1 fr. symbolique : le montant du fermage que les fermiers verseront à l’EPFL et à l’UNIL pour la jouissance des bâtiments et des terres
500 arbres plantés, dont 250 fruitiers (pommes, poires, cerises, pêches, abricots, etc.) et des haies vives (aubépines, sureau, églantiers, etc.)
1 famille de chouettes effraie (qui vit déjà sur place)
70 millions de vers de terre attendus