La détérioration de la régulation de la sérotonine [...]

© 2015 EPFL

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.. affecte le positionnement des cellules du cerveau des souriceaux.

Des chercheurs ont constaté que le positionnement des cellules du cerveau pouvait être affecté par des troubles précoces du système de régulation de la sérotonine - un neurotransmetteur clé pour la régulation de l’humeur et ciblé par antidépresseurs.

On pense que les personnes dépressives ou atteintes d’autres troubles psychiatriques ont des taux trop faibles de sérotonine. Comme tous les neurotransmetteurs, la sérotonine est d’abord libérée par certaines cellules neurales avant d’agir sur les neurones puis d’être dégradée ou recyclée. Le mécanisme d’action de la plupart des antidépresseurs est d’empêcher la sérotonine libérée d’être recyclée en limitant l'activité d'une protéine appelée SERT.

Dans cette étude, les chercheurs du Département de Neuroscience Fondamentales de l’Université de Genève se sont concentrés sur les effets négatifs du blocage de la protéine SERT pendant le développement des souris.


Sous la direction du Professeur Alexandre Dayer, lauréat du prestigieux « NARSAD Young Investigator » en 2009, le Dr. Sarah Frazer et ses collègues ont publiés leurs travaux dans Translational Psychiatry, le 22 septembre 2015. Les chercheurs ont étudiés trois groupes de bébés-souris: un groupe génétiquement modifiés ayant des protéines SERT inactives, un groupe traité à la fluoxétine (antidépresseur générique du Prozac) pendant le développement embryonnaire, et un groupe contrôle. Comme des recherches antérieures suggèrent que la sérotonine influence la migration des cellules du cerveau, ils ont examiné comment la carence de protéine SERT pouvait affecter cette migration.

Le Dr. Frazer et ses collègues ont démontrés que la migration des cellules est accélérées chez les bébé-souris n’exprimant pas la protéine SERT et ceux exposés à la fluoxétine. Ces deux groupes montrent également une dérégulation des gènes impliqués dans la migration cellulaire. Un total de 58 gènes chez les souris sans protéine SERT, et de 221 chez les souris exposées à la fluoxétine ont été identifiés. Toutefois, la fluoxétine ayant un large spectre d’action, le nombre de gênes affectés dans ce groupe doit certainement être interprété à la baisse.

Des effets spécifiques sur la position de la plupart des interneurones ont en outre été observés. Ces interneurones sont principalement ceux ayant un rôle clé dans l'inhibition de circuits dits «excitateurs». De plus, chez les souris dépourvues de protéines SERT et celles exposées à la fluoxétine, des sous-types d’interneurones sont distribués anormalement dans les couches superficielles du cortex.

Bien que l’étude ait été effectuée sur des souris, les chercheurs pensent que leurs résultats peuvent avoir une pertinence clinique pour les humains. Comme le montrent certaines études, les antidépresseurs comme la fluoxétine peuvent être transmis de la mère à l'enfant et induire des effets comportementaux. Toutefois, les chercheurs soulignent que davantage d’études sont nécessaires pour comprendre le rôle de la protéine SERT pendant le développement. Ils précisent également qu’une dépression maternelle peut affecter la biologie des enfants indépendamment de la protéine SERT.

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