«La confiance en l'humain pour l'humain est clé pour mes projets.»

Roboticien Mohamed Bouri avec l'exosquelette TWIICE. © 2024 EPFL / Alain Herzog

Roboticien Mohamed Bouri avec l'exosquelette TWIICE. © 2024 EPFL / Alain Herzog

Mohamed Bouri est animé par le désir d’être utile à autrui. Il est connu pour avoir dirigé à l’EPFL le projet de l’exosquelette TWIICE, et il conçoit des dispositifs pour assister les médecins lors de procédures médicales, particulièrement pour la réadaptation.

Roboticien à Neuro-X, EPFL, Mohamed Bouri veut trouver des solutions pour aider les personnes dans leur quotidien et valoriser les relations humaines. Parmi ses projets les plus renommés, l’exosquelette TWIICE, qui assiste les personnes atteintes de paraplégie à remarcher. Il a acquis une réputation internationale, grâce aux efforts de l’athlète professionnelle paraplégique Silke Pan, qui a remporté plusieurs médailles consécutives aux compétitions Cybathlon à Zurich avec l’exosquelette intelligent TWIICE.

«Au départ, l’exosquelette était conçu pour les enfants atteints d’un handicap de la marche. Mais nous avons eu l’occasion de participer au Cybathlon à Zurich, en 2016, et c’est là que nous avons rencontré Silke, une athlète extrêmement talentueuse, qui voulait tester notre prototype», se rappelle Mohamed Bouri. La technologie a été transférée à un spin-off, également dénommé TWIICE.

La structure robotique de l’exosquelette TWIICE et ses circuits ont évolué depuis leur conception en 2015. Mais au cœur du développement, se trouve toujours la passion pour la science qui anime Mohamed Bouri depuis son enfance. Né à Alger, il savait dès son jeune âge qu’il voulait apprendre. Sa mère était institutrice, ce qui lui a permis d’intégrer l’école une année plus tôt. Quand bien même il était le benjamin de sa classe, il a demandé d’être avancé d’une année supplémentaire, parce que le programme «l’ennuyait». Pendant sa scolarité, il se souvient de son admiration à la suite d’une lecture sur Albert Einstein, dans le cadre d’un projet. Il a réalisé que la science était la clé de sa quête de savoir, incarnée dans un adage arabe bien connu qu’il aime à répéter : «la science est lumière et l’ignorance est obscurité».

Le scientifique vit un moment charnière pendant son adolescence, un moment qui l’a inspiré pour toujours. Un jour, de retour à la maison, il assiste à un travail de maintenance sur la télévision familiale. «La TV était désassemblée, mais encore fonctionnelle, et je pouvais voir tous les circuits, composants et détails intriqués de ce dispositif sophistiqué. Je me rappelle avoir pensé que chacun de ces éléments jouait un rôle particulier, et je voulais comprendre comment chaque pièce fonctionnait», se rappelle-t-il.

Mohamed Bouri a commencé des études en génie électrique à l’Ecole nationale polytechnique d’Alger — dans le but de devenir un universitaire érudit — où il a obtenu son diplôme en se spécialisant dans le contrôle de robots. Il voulait lancer une exploration au-delà des frontières de son pays.

«En Afrique, les gens sont loin de l’Europe continentale. Nous dévorons les livres autant qu’on peut, nous sommes remplis d’espoir et motivés à apprendre. Après avoir acquis mon master, je me souviens m’être senti prêt à littéralement exploser ailleurs, à faire face à des problèmes et à rechercher des défis», explique Mohamed Bouri. A ce moment, il se rend à l’INSA, à Lyon, pour un doctorat en automation industrielle, effectuant des recherches sur les commandes non linéaires électropneumatiques.

Son doctorat en poche, il est venu à l’EPFL, où il est devenu adjoint scientifique au professeur de robotique Reymond Clavel, aujourd’hui retraité — un expert en robotique parallèle. Il repense à son parcours académique et, contemplatif, déclare : «Je songe rarement à mon passé, cela me donne l’impression d’une fuite vers moi-même. Nous avons tendance à être submergés et préoccupés par le travail, et à nous oublier nous-mêmes».

Aujourd’hui maître d’enseignement et de recherche à l’EPFL, à la tête du groupe REHAssist, Mohamed Bouri explique avoir deux passions principales dans ses recherches: la rééducation à la marche, en combinant des solutions robotiques, et la stimulation électrique. «Je me suis investi dans des projets qui revêtent un potentiel considérable en termes de répercussions sur la société.» Outre l’exosquelette TWIICE, Mohamed Bouri dirige également des projets pour assister les enfants affectés par une mobilité réduite en raison d’une infirmité motrice cérébrale ou d’une myopathie, ainsi que des dispositifs robotiques pour épauler les médecins lors de chirurgies cardiaques ou d’intubations. Ce faisant, il reconnaît l’importance du travail d’équipe et de l’ingénierie déployée dans le but d’aider autrui. «La confiance en l’humain pour l’humain, c’est ce qui fait le succès de mes projets.»


Auteur: Hillary Sanctuary

Source: People

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