«La clé pour gagner, c'est de savoir si le mot existe vraiment»

Roberto Seixas a rajouté le titre de champion suisse de Scrabble 2020 à son palmarès.© 2020 EPFL

Roberto Seixas a rajouté le titre de champion suisse de Scrabble 2020 à son palmarès.© 2020 EPFL

Étudiant en génie civil, Roberto Seixas a été sacré champion suisse de Scrabble 2020. Un jeu où l’on retrouve plus de matheux que de littéraires.

Lors des Championnats suisses individuels de Scrabble francophone, du 4 et 5 juillet dernier, Roberto Seixas a décroché la première place, toutes catégories confondues. Un titre de plus à son palmarès déjà bien fourni. «Si on m’avait dit, il y a deux mois que je serais champion suisse, je ne l’aurais pas cru, affirme l’étudiant de l’EPFL. Il n’y avait initialement pas de championnat prévu à cause du coronavirus et, même si je suis parmi les meilleurs, il y en a quand même en tout cas cinq joueurs suisses au-dessus de moi. Ils ne sont pas venus et j’ai su en profiter.»

Comme dans toutes compétitions de haut niveau, pour gagner, il faut rester concentré sur la durée. Après cinq parties d’une heure et demie réparties sur deux jours de tournoi, le nouveau champion suisse a cumulé 4787 points, soit seulement 100 points de moins que le maximum possible. «Il y a des coups qui valent beaucoup de points, il suffit d’en rater un pour perdre le titre. C’est par exemple ce qui est arrivé à un de mes principaux adversaires. Au lieu du mot «colleur», il a joué «courelle» qui n’existe pas. En tournoi, souvent, ce n’est pas le fait de trouver un mot avec les lettres à disposition qui fait la différence, mais le fait de savoir si ce mot existe vraiment. Je n’étais pas sûr de moi, mais j’ai tenté et ça a payé.»

Pas de place pour le hasard

En Suisse, les compétitions de Scrabble réunissent habituellement une centaine de licenciés et se jouent essentiellement en mode «duplicate». Tous les joueurs ont le même tirage de lettres et le but est de trouver le meilleur mot possible dans le temps imparti, généralement deux ou trois minutes. Cette manière de jouer supprime complètement la part de hasard. «J’ai quand même une préférence pour le Scrabble classique qui est plus intéressant grâce à l’aspect tactique, avec la possibilité d’anticiper, de déduire les lettres qui restent dans le sac pour savoir si un joker va sortir, mais aussi de compter ses points d’avance ou de retard et en fonction, bloquer son adversaire ou ouvrir le jeu pour pouvoir se rattraper.»

© 2020 EPFL

Pour atteindre le top du classement, Roberto Seixas s’entraîne régulièrement, que ce soit seul devant son ordinateur ou dans le club de Scrabble de Saint-Maurice et parfois de Lausanne. Pas de miracles, pour avoir de bons scores, il faut apprendre et réviser la liste des mots jusqu’à huit lettres, surtout ceux avec des lettres qui donnent beaucoup de points. «Il y a des clubs un peu partout en Suisse et également une section anglophone à Genève. Si vous êtes intéressés par le Scrabble, n’hésitez pas à me contacter ! J’avais imaginé créer une association à l’EPFL, mais j’ai abandonné l’idée par manque de temps.»

L’art de la combinatoire

Même si le jeu consiste à écrire des mots, pour Roberto Seixas, le Scrabble serait davantage un jeu de matheux que de littéraires. «Évidemment, avoir du vocabulaire peut aider. Mais l’aspect combinatoire compte beaucoup. Au final, l’objectif est de mettre les lettres dans le bon ordre et les placer au bon endroit de façon à faire le plus de points. Peu importe que l’on sache ce que le mot veut dire ou pas.» Preuve en est le Néo-Zélandais Nigel Richards qui ne parle pas le français, mais qui est multiple champion du monde de Scrabble francophone.

Coronavirus oblige, le Championnat du monde 2020 a été annulé. «En ce moment, j’aurais dû être en Côte d’Ivoire pour le tournoi. Au lieu de cela, je suis en train de réviser pour mes examens de Bachelor de génie civil. Mais ce n’est que partie remise.» Encore indécis sur le choix d’une spécialisation, il est néanmoins sûr d’une chose: l’an prochain, il continuera à assembler des lettres.

Palmarès

Championnats suisses individuels «duplicate»

  • 4 premières places dans sa catégorie entre 2013 et 2018
  • 1er toutes catégories en 2020

Championnats suisses juniors (-18 ans)

  • 2 premières places en 2014 et 2015

Championnats suisses «classique»

  • 2 deuxièmes places en 2018 et 2019

Tournois du Grand Chelem (Aix-les-Bains/Vichy/Cannes)

  • Top 15 à Aix en 2019 (100 joueurs de la catégorie supérieure présents)
  • 3ème espoir (18-25 ans)
  • 9ème à Cannes en 2020

Championnats du Monde «duplicate»

  • 7 participations
  • 5ème place en Junior en 2014

Championnats du Monde «classique»

  • 2 participations
  • 29ème sur 80 participants en 2019


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    Roberto Seixas © 2020 EPFL
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