La cité Avanchet-Parc est-elle un modèle à suivre?
Dans cette chronique, parue dans trois quotidiens romands, la chercheuse et architecte Giulia Marino évoque l’ensemble genevois Avanchet-Parc comme potentielle source d’inspiration pour la construction de futurs écoquartiers.
L’ensemble genevois Avanchet-Parc figure désormais sur l’Inventaire fédéral des sites construits d'importance nationale à protéger en Suisse. Une nouvelle cité d’habitation du second après-guerre entre donc dans le «panthéon» des ensembles remarquables auxquels il conviendra de porter une attention particulière en raison de leur valeur historique, architecturale et sociale.
Rappelons qu’Avanchet-Parc à Vernier, achevé en 1977, est un objet profondément ancré dans la culture de son temps. L’expérimentation y est de règle: il s’agit d’adapter les techniques constructives industrialisées à une nouvelle manière de penser les cités d’habitation, d’où est bannie toute forme de «monotonie» qui résulterait de la répétition des composants préfabriqués. En explorant de nouvelles stratégies, de nouvelles formes urbaines, les architectes d’Avanchet-Parc, Peter Steiger, Walter Maria Förderer et Franz Amrhein, livrent une pièce de bravoure.
Profusion d’idées
Ainsi, tous les moyens sont déployés dans un véritable crescendo: le parti d’implantation ouvert, asymétrique et articulé autour d’une épine centrale d’équipements qui vaudra à Avanchet-Parc l’appellation de «cité papillon»; la volumétrie travaillée par décalages, biais et redents engendrés par une combinaison savante des typologies; la mise en couleur qui puise dans les règles de la perception pour permettre aux habitantes et habitants de s’identifier à leur logement, de s’orienter dans la cité; le paysage architecturé, littéralement sculpté dans le terrain qui offre une multitude d’espaces extérieurs différents.
C’est précisément cette symphonie de dispositifs, savamment orchestrée, que la Confédération a voulu saluer. Mais au-delà de la reconnaissance patrimoniale, la stratégie mise en place aux Avanchets nous donne matière à réfléchir sur les pratiques contemporaines. D’une gestion énergétique exemplaire pour les années 1970, à l’intégration des équipements publics, les atouts sont multiples. La qualité des espaces extérieurs en témoigne: une végétation riche et variée prend la place des voitures, dans un parc public foisonnant qui souhaite estomper la perception de la densité du bâti, pourtant incontournable. De quoi tirer des leçons pour nos écoquartiers du XXIe siècle.
Giulia Marino, architecte et chercheuse au Laboratoire de Techniques et sauvegarde de l'architecture moderne (TSAM), EPFL
- Cette chronique, parue en avril 2023 dans le magazine HABITAT des quotidiens La Côte (Vaud), Le Nouvelliste (Valais) et Arcinfo (Neuchâtel), s’inscrit dans le cadre d'un partenariat avec le groupe de presse ESH Médias visant à faire connaître la recherche et l'innovation de l'EPFL dans le secteur de la construction auprès du grand public.