«La bio-ingénierie est de nature très interdisciplinaire»

Gaspard Pardon in front of the Agora building © 2021 EPFL / Aurélien Tock

Gaspard Pardon in front of the Agora building © 2021 EPFL / Aurélien Tock

Gaspard Pardon a rejoint l’EPFL en mars dernier en tant que responsable de la nouvelle plateforme technologique en bio-ingénierie au sein du Centre de recherche translationnelle sur le cancer AGORA. L’une de ses premières tâches est de donner vie aux laboratoires vides de la plateforme. Nous l’avons interrogé sur son rôle, ses défis et sa vision.

Parlez-nous un peu de vous. Qu’est-ce que vous aimez faire?

Sur le plan professionnel, j’aime travailler sur des projets qui présentent un réel potentiel pour améliorer la vie des gens, que ce soit par la santé, l’environnement ou l’impact sociétal. Sur le plan personnel, j’apprécie être à la montagne: le ski (descente), la randonnée ou le vélo. J’aime aussi les arts, la photographie, l’architecture, le design graphique, le vin et les voyages. Pendant mes déplacements, je recherche toujours des trésors cachés et des expériences uniques. Bien sûr, j’aime profiter de tout cela avec ma famille et mes amis.

Quels sont les services fournis par votre plateforme?

La nouvelle plateforme technologique en bio-ingénierie se trouve dans le nouveau Centre de recherche translationnelle sur le cancer AGORA, à proximité du CHUV de Lausanne. Cette plateforme permettra de rapprocher les communautés de recherche biomédicale et de l’EPFL partageant un intérêt pour la bio-ingénierie et la recherche sur le cancer. Elle servira également de centre d’expertise en bio-ingénierie et intégrera des activités éducatives, un laboratoire de R&D et une infrastructure d’installations. De manière plus concrète, nous prévoyons que la plateforme développe des activités selon trois axes principaux: un pipeline de microfabrication et de prototypage; une infrastructure pour le développement d’organoïdes et de modèles cellulaires avancés; et une instrumentation dédiée au développement de tests, par exemple pour manipuler, imager et caractériser des cellules issues de patients ou des tumoroïdes à l’aide de dispositifs microfluidiques.

En quoi consiste votre travail?

À l’heure actuelle, mon travail consiste principalement à créer une communauté autour de la plateforme et à mettre en place une infrastructure de laboratoire. Je suis en contact avec les responsables de groupe, les établissements et les chercheurs des différentes institutions impliquées dans AGORA pour identifier les synergies les plus prometteuses et affiner le positionnement de la plateforme. La nature très interdisciplinaire de la bio-ingénierie exige une capacité d’écoute et de compréhension des «grands objectifs» et des «buts immédiats» des différents acteurs. En rassemblant ces informations, je peux prendre des décisions éclairées et modeler la plateforme de manière à encourager et soutenir les interactions fructueuses entre les disciplines.

Quels défis devez-vous relever dans votre fonction?

Le potentiel de la plateforme est immense, et la vision globale est ambitieuse et de grande envergure. L’un des défis consiste donc à mettre en pratique cette vision. Nous devons trouver un juste équilibre pour développer et soutenir tous les aspects de la communauté, avec l’infrastructure et l’équipe adéquates. La plateforme est créée à partir de rien. C’est donc une grande opportunité mais aussi un défi. Il n’est pas toujours facile d’anticiper tous les besoins et de définir le bon modèle opérationnel. Heureusement, les membres de la Faculté des sciences de la vie de l’EPFL et d’AGORA nous apportent un grand soutien.

Quels sont vos projets pour l’avenir de la plateforme?

J’espère que la plateforme contribuera directement à la concrétisation de la vision d’AGORA en tant que lieu favorisant les interactions interdisciplinaires et l’innovation de pointe, avec l’objectif ultime d’apporter un bénéfice plus rapide et plus efficace aux patients atteints de cancer.

Un des objectifs est de capturer les technologies d’intérêt translationnel à l’EPFL et de soutenir leur évolution et leur mise en œuvre dans des projets de recherche translationnelle. En travaillant avec les divers bureaux d’innovation, j’espère également que la plateforme contribuera à leur éventuel futur transfert commercial.

Un autre aspect intéressant est le potentiel de la plateforme à devenir une passerelle pour la recherche de l’EPFL vers les milieux cliniques et translationnels. La plateforme peut faciliter l’accès aux prélèvements de patients et aux connaissances cliniques, ce qui ouvrira de nouvelles voies pour des applications concrètes. C’est pourquoi j’ai pour ambition de développer un réseau de contacts au sein de la communauté biomédicale avec laquelle les chercheurs de l’EPFL peuvent établir des projets pilotes avec le soutien de l’équipe et de l’infrastructure de la plateforme.

Enfin, j’espère que la plateforme servira au-delà du cancer, comme une base sur laquelle l’EPFL pourra développer sa recherche et sa communauté de bio-ingénierie translationnelle.