L'innovation au cœur des vieilles pierres
Dès samedi prochain, la Cathédrale de Lausanne sera pour la première fois le théâtre d'une représentation d'opéra. Nabucco, de Guiseppe Verdi, proposé par l'orchestre Amabilis, le chœur Horizons et des solistes de calibre international, se dévoilera dans une scénographie très originale. Chaque soir, les 760 spectateurs seront installés sur des gradins développés au laboratoire IBOIS de l'EPFL, assemblés sans vis, ni clous, ni colle.
Grandeur et décadence, force et soumission, histoire et technologie: le Nabucco qui sera présenté à la Cathédrale de Lausanne fait résonner les antagonismes. Le célèbre opéra de Verdi, créé en 1842, sera proposé dès le 17 novembre dans une version teintée de modernité, dans le fond comme sur la forme – évoquant notamment les migrations européennes du milieu du 20è siècle, dans un décor exploitant de nouvelles technologies de construction.
L'orchestre Amabilis, l'ensemble vocal Horizons et des solistes de niveau international tiendront le public en haleine (voir le livret complet ici). Celui-ci découvrira et expérimentera en première mondiale une scénographie originale, entièrement en bois, développée par le laboratoire IBOIS de l'EPFL, sous la direction d'Yves Weinand.
Autour d'une vertigineuse spirale, symbole de la soif de pouvoir du roi Nabuchodonosor, se déploient trois gradins totalisant 760 places assises. Particularité de l'ouvrage, qui épouse parfaitement les volumes de la nef et du transept de l'édifice gothique: il a été assemblée sans clou, ni vis, ni colle. «Il s'agit d'une illustration d'une technologie que nous avons développée à l'EPFL, explique Yves Weinand. C'est une évolution du principe d'assemblage bois-bois très connu des tenons-mortaises. Nous avons mis au point et breveté un système de joints clipsés qui joue sur l'élasticité du bois durant la phase de montage, et permet de réaliser des emboîtements très solides et totalement démontables.»
Prédécoupés dans les ateliers d'entreprises locales, les panneaux de bois OSB nécessaires à la construction des gradins totalisent une surface équivalant à la moitié d'un terrain de football. L'installation, qui a pu compter sur la main d'œuvre d'une poignée de musiciens et chanteurs du projet, aura nécessité à peine plus d'une semaine. Au terme des représentations, les gradins seront démontés et mis en vente.