« L'évolution de l'enseignement des sciences humaines me fascine »
Béla Kapossy est le nouveau directeur du Collège des Humanités de l’EPFL (CDH). Il entrera en fonction le 1er août. Historien et passionné par les idées politiques et économiques qui ont façonné l’époque moderne, il confie sa fascination pour les nouvelles technologies et les questions sociétales, éthiques et philosophiques qu’elles engendrent.
Quel est votre approche des humanités digitales ?
Je suis historien, c’est une discipline avec ses propres traditions, sa manière d’enseigner. Les historiens prennent petit à petit conscience de l’importance des humanités digitales au niveau de la recherche et de l’enseignement. L’EPFL joue un rôle de pionnier sur cette question. Je suis impatient d’explorer le potentiel que les outils technologiques peuvent avoir pour nos propres disciplines en sciences humaines, mais également de voir quelles nouvelles questions peuvent être posées grâce à ou du fait de ces nouvelles technologies, quelles nouvelles réponses on peut aussi formuler.
À quoi faudra-t-il faire attention ?
Il y a une prise de conscience de la responsabilité des enseignants et des étudiants en sciences de l’ingénieur de s’informer le plus possible sur les impacts sociétaux que peuvent avoir leurs futures découvertes. En effet, toutes les questions qui se posent dans le domaine des humanités digitales, qu’elles soient sociétales, éthiques ou encore philosophiques, balaient des champs très nouveaux. L’éthique de l’intelligence artificielle, des big data, demande une formation spécifique. Les sciences humaines et sociales peuvent apporter un autre regard vis-à-vis de ce que l’on fait. L’essor du numérique aura des enjeux indéniables pour les différentes Facultés et le Collège des Humanités (CDH) aura un rôle très important à jouer au sein de l’EPFL.
Comment voyez-vous l’évolution du CDH ?
Je pense qu’il va prendre de l’importance. J’aimerais améliorer la communication entre les ingénieurs et les chercheurs en sciences humaines qui font aussi des humanités digitales. Il y a des besoins différents, des enjeux différents que nous devrions identifier et cultiver. Cela va aussi nous permettre de nous demander pourquoi la communication est difficile. Je suis persuadé que l’on peut sensibiliser les étudiants, et renforcer la collaboration entre l’UNIL et l’EPFL.
De nationalité suisse, Béla Kapossy est né le 25 octobre 1965 à Berne. Après des études en histoire aux universités de Heidelberg et Cambridge, il a commencé sa carrière académique à Lausanne comme assistant à la Chaire d’histoire de la pensée politique en sciences sociales et politiques (UNIL). Depuis 2009, il dirige la plateforme Lumières.Lausanne hébergée au Centre des sciences historiques de la culture (SHC) de la Faculté des lettres (UNIL). Il est professeur d'histoire moderne à la Faculté des Lettres (UNIL) depuis 2011.
Il a été nommé en 2015 directeur du Programme doctoral interdisciplinaire pour l’étude du siècle des Lumières financé par la CUSO (Conférence universitaire de Suisse occidentale). Depuis 2016, il préside la commission ASSH (Académie suisse des sciences humaines et sociales) du Data and Service Center for the Humanities (DASCH). Son domaine de recherche est l’histoire des idées politiques et économiques. Béla Kapossy s’intéresse aux conditions politiques, sociales, économiques et culturelles qui ont été considérées comme nécessaires par les penseurs européens pour le fonctionnement des institutions politiques ainsi qu’aux théories historiques qu’ils ont développées pour expliquer le succès, ou non, des nations européennes et extra-européennes.