L'EPFL va former ses étudiantes et étudiants à la durabilité

Tiffany Abitbol (ici sur l'image) et Iléane Lefevre ont créé en tandem le cours Bachelor "sustainability and materials". 2023 EPFL /Elisa Oricchio/Giovanni Ciriello (EPFL/UNIL) - CC-BY-SA 4.0

Tiffany Abitbol (ici sur l'image) et Iléane Lefevre ont créé en tandem le cours Bachelor "sustainability and materials". 2023 EPFL /Elisa Oricchio/Giovanni Ciriello (EPFL/UNIL) - CC-BY-SA 4.0

A la rentrée 2024, un cours commun et obligatoire sera mis en place dès la 1ère année. Pour la suite du cursus, chaque section proposera un cours Bachelor et un cours Master centrés sur la durabilité dans une perspective métier. L’Ecole souhaite également renforcer l’intégration de notions de développement durable dans les cours existants.

Mener des actions qui ont un impact positif sur notre planète et la vie qu’elle représente est primordial. Les ingénieures et ingénieurs, scientifiques et architectes formés l’EPFL devront relever toujours plus de défis en lien avec la crise climatique et environnementale, tout en abordant des questions éthiques, sociales et économiques. Dès la rentrée académique 2024, l’Ecole intégrera donc dans tous ses cursus une formation à la durabilité, un axe central de la Stratégie Climat et Durabilité 2030.

«Il est essentiel que nos diplômées et diplômés deviennent des acteurs d’une évolution durable vers une société durable. La majorité d’entre eux sont déjà sensibilisés à certains aspects de la durabilité, mais l’enjeu est qu’ils acquièrent des connaissances en sciences et en ingénierie qui leur permettront de jouer un rôle transformateur», souligne Pierre Dillenbourg, vice-président associé pour l’Education à l’EPFL et responsable du projet Teach4Sustainability.

Initié par la direction de l’EPFL en 2022, ce projet est une réponse à la volonté et au besoin des étudiantes et étudiants d’être mieux formés aux problématiques de la durabilité et à leurs enjeux. En effet, selon une enquête menée auprès d’alumni (ayant obtenu leur diplôme entre 2014-2018), 60% des répondantes et répondants jugeaient faibles leurs compétences en matière d’environnement et de développement durable, et 30% d’entre eux estimaient que la durabilité manquait dans leur cursus à l’EPFL. «Il y a une pression constante des étudiantes et étudiants qui sont particulièrement conscients de l’urgence d’agir», remarque Jacopo Grazioli, co-enseignant du cours sur les enjeux mondiaux liés aux climat et co-coordinateur du groupe de travail Teach4sustainability.

Trois piliers de formation

Réunissant des membres du corps professoral, de la communauté étudiante et de la vice-présidence pour la transformation responsable, le projet Teach4sustainability a abouti à une formation à la durabilité en trois piliers.

En première année, les étudiantes et étudiants de l’EPFL auront un cours obligatoire permettant de mettre tout le monde au même niveau sur la compréhension et les enjeux du développement durable. Soit «un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la possibilité, pour les générations à venir, de pouvoir répondre à leur propres besoins», comme le définit la Commission des Nations Unies dans le Rapport Brundtland. Un document publié en 1987 qui fait aujourd’hui encore office de référence en termes de définition du développement durable.

«Un groupe composé de professeurs de l’EPFL et de l’UNIL travaille à l’élaboration du contenu de ce grand cours commun qui aura entre autres pour but d’enseigner aux étudiantes et étudiants les fondamentaux de la durabilité tout en les sensibilisant à la pensée systémique et à l’importance d’une approche interdisciplinaire», relève Jacopo Grazioli.

La majorité des étudiantes et étudiants sont déjà sensibilisés à certains aspects de la durabilité, mais l’enjeu est qu’ils acquièrent des connaissances en sciences et en ingénierie qui leur permettront de jouer un rôle transformateur.»

Pierre Dillenbourg, vice-président associé pour l’Education à l’EPFL et responsable du projet Teach4Sustainability

Pour la suite du cursus, chaque section est chargée de mettre en place au plus tard pour la rentrée 2024, un cours Bachelor et un cours Master fournissant aux étudiantes et étudiants les compétences en durabilité utiles à leur future carrière professionnelle. Le dernier pilier de la formation consiste à renforcer l’intégration de la durabilité dans les cours existants lorsque cela est pertinent. Une analyse réalisée en 2020 ayant montré que sur les quelque 1400 cours enseignés à l’EPFL, environ 150 proposent du contenu lié à la durabilité.

«Avec ces trois piliers, on cherche un compromis entre l’étendue des compétences en durabilité qui sont très vastes (climat, biodiversité, justice sociale,…) et la profondeur des cours proposés, car il n’est pas possible de devenir un expert dans tous les domaines. Généraux au départ, les cours se feront de plus en plus spécialisés au fil du cursus», explique Pierre Dillenbourg.

Soutiens pour aller de l’avant

Pour aider les enseignantes et enseignants à identifier comment ils peuvent intégrer la durabilité dans leurs cours, Jacopo Grazioli offre avec sa collègue Mélanie Studer, des ateliers de formation ainsi que du coaching privé. «On constate qu’il y a plein d’idées et une volonté de prendre en compte les enjeux liés à la durabilité. Mais il reste des blocages à surmonter: outre le manque de temps, le sentiment de ne pas être légitime pour aborder cette thématique est souvent cité», souligne Jacopo Grazioli.

Afin d’accélérer l’inclusion des aspects de durabilité dans la majorité des cours, l’équipe durabilité de l’EPFL propose un autre soutien, le tandem entre une ou un enseignant et une ou un assistant-étudiant. «D’une part, nous avons des enseignants qui nous communiquent leurs besoins. D’autre part, nous avons des étudiants sensibles à la thématique de la durabilité et désireux de s’engager pour faire bouger les choses. Nous nous chargeons de créer des tandems en fonction des intérêts et de rémunérer le travail des étudiants», détaille Siroune Der Sarkissian, chargée de projet durabilité et co-coordinatricde du groupe de travail Teach4sustainability.

Les bienfaits du tandem

Actuellement, cinq tandems ont été mis sur pied, dont celui entre la professeure assistante tenure track Tiffany Abitbol et l’étudiante en Master Iléane Lefevre, pour la création du cours Bachelor «sustainability and materials», donné pour la première fois ce semestre. «Echanger avec Iléane, qui est en science et génie des matériaux, m’a aidé à y voir plus clair sur l’enseignement de la durabilité dans cette section et les attentes des étudiants. Cette thématique est très importante pour eux. J’espère leur apporter des lueurs d’espoir, leur montrer que tout n’est pas perdu et qu’ils peuvent avoir un impact positif, relève Tiffany Abitbol, responsable du laboratoire des matériaux durables. D’autre part, cette collaboration m’a aussi été très utile pour me familiariser avec l’environnement EPFL et le style d’enseignement, car j’ai été engagée en juin 2022 et c’est la première fois que j’enseigne un cours de ce type.»

En Bachelor, j’ai été frustrée par le fait qu’il y avait peu de cours qui abordaient les concepts en lien avec la durabilité, alors que c’est central pour notre avenir professionnel, surtout en matériaux. Je me suis engagée avec l’idée de permettre à d’autres d’avoir la formation que j’aurais aimé avoir.

Iléane Lefevre, étudiante Master en science et génie des matériaux

Du côté d’Iléane Lefevre, ce tandem a participé à donner un sens à ses études. «La durabilité est un sujet qui me tient vraiment à cœur et je me suis beaucoup impliquée dans le milieu associatif, notamment à la présidence d’Ingénieur·e·s du Monde. En Bachelor, j’ai été frustrée par le fait qu’il y avait peu de cours qui abordaient les concepts en lien avec la durabilité, alors que c’est central pour notre avenir professionnel, surtout en matériaux. Je me suis engagée avec l’idée de permettre à d’autres d’avoir la formation que j’aurais aimé avoir.»

Agir peut aussi être bénéfique pour contrer le sentiment d’anxiété vis-à-vis de la crise climatique et environnementale. Hors cursus, l’EPFL a mis sur pied la Climate and Sustainability Action Week qui permet de faire émerger des projets transdisciplinaires en lien avec le développement durable. Le projet MAKE rebuiLT qui vise à réutiliser les composants d’un bâtiment voué à la démolition en est par exemple issu. En tout temps, les étudiantes et étudiants peuvent également bénéficier de conseils sur la manière d’intégrer la durabilité dans leur parcours d’apprentissage et/ou dans leurs projets (académiques, entrepreneuriaux ou associatifs). Finalement, la Stratégie Climat et Durabilité propose à chacune et chacun des pistes d’action pour un développement plus durable.


Auteur: Laureline Duvillard

Source: EPFL

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