L'EPFL intervient dans des classes pour l'égalité des genres

Anna Elisabeth Pontais lors de son intervention dans une classe de l'Ecole du Lignon. © Alain Herzog/2019 EPFL

Anna Elisabeth Pontais lors de son intervention dans une classe de l'Ecole du Lignon. © Alain Herzog/2019 EPFL

La semaine dernière s’est déroulée la Journée internationale des femmes et des filles de sciences. Dans ce cadre, l’EPFL a participé pour la première fois à une action initiée par le CERN dans des classes de la région genevoise.

L’austérité des barres d’immeubles entourant l’Ecole du Lignon à Vernier contraste avec l’enthousiasme des élèves de Vjosa Berisha. Des enfants âgés entre 8 et 9 ans, intrigués par cette mystérieuse Ecole que représente pour eux l’EPFL. « Comment vous faites avec une classe de 150 personnes pour aller en sortie ? » « Est-ce que toutes les personnes qui ont grandi sont obligées de faire des études ? »

Face aux mains levées, Anna Elisabeth Pontais, étudiante en architecture à l’EPFL. La jeune femme en dernière année de Master intervient ce mardi 11 février dans le cadre de la Journée internationale des femmes et filles de sciences. L’EPFL s’étant alliée cette année au CERN et au Scienscope de l’Université de Genève pour une action dans les établissements scolaires de la région genevoise. Le but de la démarche initiée il y a deux ans par le CERN ? Inviter des femmes actives dans le milieu scientifique à partager leur quotidien devant des élèves âgés entre 7 et 15 ans, afin de proposer des rôles-modèles féminins. «Les femmes sont encore sous-représentées dans le milieu scientifique et il est nécessaire d’agir dès l’enfance pour transformer les stéréotypes sexistes», remarque Marie Bouvier, en charge des relations locales du CERN.

Durant une semaine, du 11 au 15 février, 151 classes représentant plus de 3000 élèves ont ainsi assisté à des interventions. L’EPFL en a proposé 35 grâce à la participation de cinq étudiantes, de deux doctorantes et d’une collaboratrice. «C’était une super expérience, j’ai adoré, constate Constance Crouïgneau étudiante de Master en génie mécanique. Les classes que j’ai eues (8-9 ans et 10-11 ans) ont été très intéressées. Ces interventions ont permis de présenter l’EPFL aux élèves et de leur ouvrir l’esprit sur la science. Cela constituait aussi pour eux une opportunité de poser toutes les questions « scientifiques » qu’ils avaient sur le monde qui nous entoure. Je me suis retrouvée à parler de l’intelligence artificielle, des voitures autonomes etc. Il faut un bon bagage de culture générale scientifique pour les suivre.»

Idées ancrées dès l’enfance

Anna Elisabeth Pontais qui a parlé EPFL et maquettes à cinq classes d’élèves âgés entre 8 et 12 ans, partage ce constat. «Ils sont très curieux, et je trouve chouette d’essayer d’effacer la différence des genres, car les filles ont tendance à se sentir moins bonnes dans les matières scientifiques.» Et les stéréotypes sont présents dès le plus jeune âge. Vjosa Berisha, qui essaye de lutter contre eux au quotidien, en a fait l’amer constat. C’est pourquoi elle a inscrit sa classe à l’action coordonnée du CERN, de l’EPFL et du Scienscope. «J’étais en train de nettoyer un meuble, lorsqu’un élève m’a fait remarquer que c’était normal puisque j’étais une femme. Même s’ils ont entre 8 et 9 ans, ils ont déjà des idées bien ancrées et il est important de leur apprendre qu’il n’y a pas de métier pour les hommes ou pour les femmes.»

Les élèves de Vjosa Berisha visionnent le film de présentation de l’EPFL avec l’attention de scientifiques dans leurs labos. Puis, les questions fusent de la part des filles comme des garçons, sur les robots aperçus dans le film mais surtout sur l’organisation de l’Ecole. Anna Elisabeth partage son quotidien d’étudiante en architecture, parle de la création des maquettes, des évaluations. «Comme il y a plein plein de questions comment vous faites pour avoir plein plein de réponses ?», lance un enfant. L’étudiante sourit, contrainte d’admettre ses limites. Un groupe de petites mains pointent le ciel jusqu’à la sonnerie. Une appétence pour le savoir digne de grands chercheurs.