L'EPFL ferme son centre de Ras Al Khaimah après 13 ans de succès

© EPFL

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L’EPFL et le Cheikh Mohammed bin Saud bin Saqr Al Qasimi, prince héritier de l'émirat de Ras Al Khaimah ont décidé de mettre un terme à un partenariat unique qui a permis de former près de 200 chercheurs et de publier autant de textes dans des revues scientifiques. 

«Nous sommes très fiers du succès de nos activités à Ras Al Khaimah», indique Franco Vigliotti, doyen de l’EPFL pour le Moyen-Orient. Né au milieu d’une crise financière mondiale sans précédent (2008-2009), le centre de l’EPFL installé dans cet émirat a mis deux ans pour trouver ses marques. Mais ce départ chahuté lui a été bénéfique: très vite, les autorités de Ras Al Khaimah et la direction de l'École se sont mis d’accord sur une priorité claire: le centre allait se profiler sur l’innovation en matière d’énergie et de durabilité – plutôt que de développer un centre de recherche généraliste.

Des développements environnementaux concrets
13 ans plus tard, le bilan est positif, porté notamment par l’implication d’une douzaine de laboratoires et groupes de recherche de l’EPFL: 170 diplômés, 12 thèses, plus de 200 publications scientifiques et autant de conférences. En parallèle à la création d’EPFL Middle East est né le master spécialisé en gestion de l’énergie et construction durable dirigé par le Prof. Maher Kayal. Ce programme donné à Lausanne a clairement positionné l’EPFL au niveau européen et international sur les thématiques de la transition énergétique. Ce master aura permis aux étudiant·e·s de travailler sur des projets concrets aux Emirats, que ce soit dans des stages ou sur des projets en prise directe avec les défis de durabilité et de gestion de l’énergie. Le centre a ainsi été pionnier dans le domaine du développement durable: il a contribué à construire le premier bâtiment Minergie du Moyen-Orient – l’Ecole Suisse Internationale de Dubaï – et ses projets ont abouti à un plan de réduction des émissions de CO2 de plus de 400’000 tonnes par an, l’abattement des 50’000 tonnes par an étant déjà été réalisé en 2020.

Plus de 180 emplois créés
Enerwhere, start-up fondée en 2013 et largement issue du programme master et d’une collaboration avec l’antenne du CSEM (Centre suisse d'électronique et de microtechnique) aux Emirats, est devenue l’une des leaders de l’énergie solaire portable off-grid et déployable au Moyen-Orient et en Afrique. «A ce jour et selon les données à notre disposition, nous estimons que nos activités à Ras Al Khaimah ont permis de créer plus de 150 emplois dans l’industrie de la région et une trentaine en Suisse», estime Franco Vigliotti.
Cet impact positif sur l’économie a valu à Franco Vigliotti de recevoir le prix de la personnalité de l’année 2017, conjointement avec le Ministre de l’Economie remis par le Swiss Business Council d’Abu Dhabi.

Un lien pérenne dans la région
La présence de l’EPFL à Ras Al Khaimah a permis de créer des liens étroits et durables dans la région. Preuve en est: la visite de courtoisie du ministre de l’Éducation des Émirats arabes unis, Hussain bin Ibrahim Al Hammadi au Président de la Confédération Guy Parmelin en septembre 2021, suivie d’une discussion à l’EPFL. D’un commun accord, les autorités et l’EPFL ont décidé de ne pas renouveler l’accord de partenariat qui les unissait. «Nous sommes arrivés au terme d’un premier cycle et il aurait fallu trouver un autre modèle financier, impliquant des investissements substantiels», explique Franco Vigliotti. Concrètement, le centre va fermer, mais les pistes de collaboration avec les activités de l’EPFL en Suisse sont nombreuses et sont en discussion.

Une tradition internationale
Il faut remonter à 1991 pour trouver la première trace d’une présence de l’EPFL hors de Suisse. A cette date, l'École Nationale Supérieure des Télécommunications et l’EPFL créent l’école d’ingénieur et centre de recherche en sciences du numérique (EURECOM) à Sophia Antipolis, aux environs d’Antibes. L’école forme des ingénieurs du monde entier en sécurité numérique et systèmes de communication.
Depuis, les activités internationales de l’EPFL n’ont cessé de se développer. Au point où, en 2012, l’école s’est dotée d’un délégué aux affaires internationales, Olivier Küttel. Les modèles de collaboration sont nombreux et ne passent pas tous par la création d’une entité EPFL sur place.