L'EPFL et l'UNIL lancent un centre pour les humanités digitales
Le 31 octobre dernier, le lancement officiel du dhCenter UNIL-EPFL a eu lieu au DataSquare du bâtiment ArtLab. Le dhCenter est une plateforme de recherche interdisciplinaire en humanités digitales et en savoir numérique entre l’EPFL et l’UNIL.
La mission du dhCenter est de faciliter la collaboration et de construire une communauté pour les chercheurs de ces deux institutions, qui travaillent à la croisée des chemins entre la science des données, l’informatique, l’art, les lettres et les sciences sociales.
En plus de la recherche en humanités digitales, le centre va également soutenir le savoir numérique de façon plus générale, ainsi que la création de structures informatiques qui touchent à des domaines variés (allant de l’architecture à la géographie), ou encore transcendent les frontières disciplinaires.
Créer des liens entre les experts et les réseaux d’experts et assister les projets de recherche interdisciplinaires à obtenir des financements feront partie des fonctions principales du dhCenter. Il aura également pour objectif de faciliter, ainsi que de participer, aux dialogues sur les divers impacts — prévus ou non — des technologies numériques sur la société, l’art, la culture et la démocratie.
Un lieu de convergence
Le dhCenter a été officiellement ouvert avec des allocutions de la directrice opérationnelle Charlotte Mazel-Cabasse, de la rectrice de l’UNIL Nouria Hernandez, du président de l’EPFL Martin Vetterli, et de la conseillère d’Etat Cesla Amarelle, cheffe du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture du canton de Vaud. L’événement était animé par Isaac Pante, maître d’enseignement et de recherche à la Section des sciences du langage et de l'information de l’UNIL.
« Cet événement marque le début d’une aventure scientifique et d’un travail de collaboration pour promouvoir l’étude des technologies numériques au sein de nos deux campus » a déclaré Charlotte Mazel-Cabasse. Elle a également annoncé la fusion des associations des étudiants en humanités digitales de l’UNIL et de l’EPFL, ainsi que le lancement de digitalscholarship.ch, une plateforme pour les projets de recherches du dhCenter.
« L’histoire de la science forme un long chemin, qui a été marqué par plusieurs révolutions. Celle des technologies numériques nous invite à encourager les chercheurs en sciences humaines et les ingénieurs à converger. Parvenir à faire cela constitue le véritable défi au cœur du dhCenter, que nous inaugurons aujourd’hui » dit Cesla Amarelle.
Ces remarques ont été suivies par la présentation de six projets du dhCenter menés par des chercheurs de l’UNIL et de l’EPFL (voir encadré).
Pour faire suite à son lancement, le dhCenter prévoit d’organiser régulièrement des événements ouverts aux communautés de l’EPFL et de l’UNIL. Il est dès à présent à la recherche de projets pertinents, à tout stade de développement, à publier sur son site web.
Maud Ehrmann, du Laboratoire d'humanités digitales (DHLab) du Collège des Humanités (CDH), a présenté le projet Impresso, financé par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), qui a pour but d’utiliser l’analyse automatisée de textes de manière critique pour étudier les archives de presse des 200 dernières années.
Raphaël Baroni, de l’Ecole de français langue étrangère de l’UNIL, a présenté le projet Sinergia de la FNS, Reconfigurer la bande dessinée à l’ère du numérique, en collaboration avec Sabine Süsstrunk, du Laboratoire d'images et représentation visuelle (IVRL) de l’EPFL, et Mathieu Salzman, du Laboratoire de vision par ordinateur (CVLab) de l’EPFL. Le but du projet est d’analyser et de faciliter la transition des bandes dessinées vers un format numérique; un processus qui présente des défis inédits, étant donné le mélange de texte et d’images utilisé dans cette forme d’expression artistique.
Patrick Michel, de l’Institut d’archéologie et des sciences de l’antiquité de l’UNIL, a présenté le projet Collart-Palmyre, qui est en train de numériser les archives de l’archéologue suisse Paul Collart, qui était également professeur à l’UNIL. Ces archives du milieu du 20ème siècle sont constituées de milliers de documents, images, cartes, lettres et notes de Paul Collart relatives au sanctuaire de Baalshamîn, à Palmyre, en Syrie.
Boris Beaude, de l’Institut des sciences sociales de l’UNIL, a présenté le projet WikiMaps, qui mélange science des données et sciences sociales afin de suivre combien de personnes visitent différents articles Wikipédia traitant de différents sujets. La visualisation des données qui en résulte offre une vue d’ensemble sur l’attention collective à travers le monde et au cours du temps.
Isabella di Leonardo, du CDH, a présenté le projet Lausanne Time Machine, une collaboration entre le CDH et l’UNIL, soutenu par le dhCenter et le projet international Time Machine Europe. Le projet Lausanne Time Machine veut fédérer plusieurs sortes de données – des données statistiques sur la population aux cartes de morphologie urbaine- issues de l’histoire de Lausanne, et également se servir des technologies numériques pour créer une plateforme géo-historique de l’évolution de la ville.
Yannick Rochat et Selim Krichane, du CDH, ont présenté le groupe d’étude sur le jeu vidéo UNIL GameLab. Ce regroupement interdisciplinaire de chercheurs étudie le jeu vidéo en tant que mode d’expression à travers la langue, les algorithmes et les codes, ainsi que la relation entre le jeu vidéo et la société, la culture et le discours public.