L'EPFL est prête pour une migration historique d'internet

Les internautes ne devraient voir aucune différence. Et pourtant, le 6 juin prochain, le lancement du nouveau protocole IPv6 permettra de résoudre ce qui s’annonçait comme une pénurie planétaire d’adresses IP, ces numéros d’identification attribués à chaque appareil connecté à internet. L’EPFL participe à cette migration aux côtés de géants comme Google, Facebook ou Yahoo! et de milliers d’entreprises publiques et privées. “Cela permet à l’EPFL de montrer l’exemple et de se tourner vers l’avenir en anticipant une évolution incontournable”, explique Jean-Claude Berney, directeur du Domaine IT de l’EPFL.

Les pionniers du net n’avaient jamais imaginé qu’un jour toutes les adresses IP disponibles viendraient à être épuisées. D’autant que l’ancien protocole, nommé IPv4, comportait en théorie 4 294 967 296 adresses. Mais c’était sans compter que des pays comme la Chine et l’Inde par exemple utiliseraient de plus en plus massivement internet. À quoi vient s’ajouter la croissance exponentielle d’appareils comme les smartphones et autres tablettes qui nécessitent tous une adresse IP. Le protocole IPv6 est donc la solution choisie et globalement adoptée pour résoudre ce problème et permettra de disposer d’un nombre infini d’adresses (3,4 x 10³⁸).

Mais l’agrandissement de la toile va donner du fil à retordre à tous les acteurs concernés, que ce soit les opérateurs, les fournisseurs de contenu et toutes les entreprises faisant du e-commerce. Car le passage d’IPv4 à IPv6 ne sera pas réversible, ce qui signifie qu’il faudra faire en sorte que les deux protocoles continuent à fonctionner en parallèle le temps que l’IPv6 soit adopté le plus largement possible. Si cette gigantesque migration nécessitera de nombreuses années, elle est d’ores et déjà bien entamée. En Suisse, SWITCH a permis depuis longtemps aux institutions publiques comme l'EPFL de franchir le pas. Quelques entreprises privées pourront à leur tour profiter de l'offre de leur fournisseur d'accès à internet

Le service informatique de l’EPFL déploie IPv6 sur le réseau de l’École, ce qui lui permettra de répondre aux sollicitations de plusieurs laboratoires qui en ont déjà besoin pour leurs activités de recherche. “Le passage d’un protocole à l’autre devrait être transparent pour l’utilisateur, relève Soumaya Lanouar qui participe à la migration IPv6 au sein de l’équipe en charge du réseau informatique de l’EPFL. Nous offrons une solution de coexistence flexible: IPv4 et IPv6 peuvent tourner en parallèle sur chaque équipement. Les deux protocoles restent en place indépendamment l’un de l’autre et nous cherchons à assurer le niveau de qualité des services existants.”

L’EPFL avait également participé à l’IPv6 World Launch Dayle 8 juin dernier, durant lequel une partie d’internet s’était transformée en terrain d’expérimentation grandeur nature, permettant de tester le nouveau protocole. L’équipe informatique est donc prête pour faire face à cette nécessaire et inévitable transition, pour former les personnes concernées et répondre à d'éventuels problèmes de sécurité inhérents à toute nouvelle technologie.