L'EPFL au coeur d'une alliance pour l'égalité d'accès à la dialyse

© 2021 iStock

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Le besoin urgent d’accès au traitement par dialyse dans les pays à revenu faible et intermédiaire a motivé la création d’une alliance internationale et interdisciplinaire qui rassemble des experts d’organisations clés, dont l’EPFL.

Le Centre EssentialTech de l’EPFL, l’Association Africaine de Néphrologie (AFRAN), la Société Francophone de Néphrologie, Dialyse et Transplantation (SFNDT), la Société Suisse de Néphrologie (SSN) et l’Université de Witwatersrand (WITS) à Johannesburg ont formé l’Alliance RENal care for ALL (Ren’All Care). Les parties ont signé une déclaration commune d’intention dans le but de consolider et d’accélérer le développement de solutions innovantes pour le traitement par dialyse de l’insuffisance rénale chronique et aiguë.

L'inégalité d'accès est directement liée aux décès

L’inégalité citée dans la déclaration de l’accès aux soins liés à l’insuffisance rénale chronique ou aiguë entre les PFR-PRI et les pays à revenu élevé est choquante : 80% des patients recevant une thérapie de remplacement rénal vivent dans les régions à revenu élevé, alors qu’ils ne représentent que 12% de la population mondiale. De plus, le fardeau sociétal de la mortalité et de la morbidité évitables dues aux maladies rénales dans les PFR-PRI est particulièrement élevé car il affecte une partie très jeune de la population. (Figure 1).

Pour sauver une personne souffrant d’insuffisance rénale aiguë, une ou deux séances de dialyse suffisent. Pourtant, une revue de 2016 du journal Lancet Global Health a estimé qu’en Afrique sub-Saharienne, 86% des adultes et 73% des enfants ayant besoin de dialyse ne survivaient pas par manque d’accès à ce traitement.

« Cette mission commune est intéressante car nous ciblons un domaine où nous pouvons avoir un impact significatif » rapporte le Prof. Abdou Niang, Président de l’Association Africaine de Néphrologie et Président du groupe de travail sur la dialyse de la Société Internationale de Néphrologie. « En particulier pour l’insuffisance rénale aiguë qui peut être soignée avec quelques sessions de dialyse, comme c’est le cas dans les pays occidentaux. Cependant en Afrique sub-Saharienne et spécifiquement dans les zones rurales, ces soins ne sont pas disponibles (Figure 2). Si nous apportons une technologie appropriée et la formation nécessaire aux centres de santé communautaires, nous pourrons sauver d’innombrables enfants et adultes en quelques jours voire quelques heures et ceux-ci pourront ensuite poursuivre une vie normale ».

L’Alliance a identifié plusieurs facteurs liés à ce manque d’accès au traitement par dialyse : une capacité limitée dû au manque d’équipements de dialyse, en particulier dans les zones rurales, le coût élevé et la complexité de la dialyse, le manque de formation spécialisée au sein du personnel de santé, la nécessité d’un suivi et les risques d’infection sévère chez les patients dialysés, ainsi que l’absence de registres sur les maladies rénales.

Une image plus claire afin de cibler les solutions

La création de l’Alliance et la signature d’une déclaration commune d’intention marquent le lancement d’un plan d’action en deux phases. Lors de la première phase, l’alliance procédera à une analyse approfondie des techniques de dialyse existantes dans les PFR-PRI afin de déterminer les barrières et les obstacles présents dans ces contextes.

« En obtenant une vision plus claire de la situation, nous serons plus à même de déterminer au mieux notre plan d’action en termes de concepts innovants, » explique le Dr. Klaus Schönenberger, Directeur du Centre EssentialTech. « Grâce à notre expertise combinée, nous sommes bien placés pour développer et mettre en œuvre une solution technologique efficace. Cela signifie entre autres une solution robuste, facile d’utilisation, viable économiquement, financièrement accessible et respectueuse de l’environnement. Ces caractéristiques sont toutes essentielles pour générer un impact durable. »

L’innovation, la formation et l’épidémiologie

Au cours de la deuxième phase, les équipes travailleront sur la faisabilité, le développement et la mise en œuvre des concepts innovants définis lors de la première phase du plan d’action. Ces activités seront également complétées par des actions de renforcement de compétences et de formations du personnel de santé, de soutien à l’élaboration de standards et de directives épidémiologiques, et de promotion auprès de l’OMS et d’autres organisations d’aide internationale.

« Afin de garantir le succès de notre projet, il était important de nous réunir au sein d’une Alliance et de nous engager officiellement par la signature d’une déclaration commune d’intention, » rapporte le Prof. Rudolf Wüthrich, Président de la Société Suisse de Néphrologie. « Notre processus couvre les trois piliers clés que sont l’innovation, la formation et le suivi épidémiologique. Par la réunion d’experts aussi complémentaires, nous garantissons pour toute la durée de cette importante initiative un juste équilibre de compétences dans tous ces domaines, renforçant ainsi son potentiel d’impact et sa pérennité. Nous sommes actuellement à la recherche de soutiens et des ressources nécessaires au lancement de cette ambitieuse initiative. »

Rôle et procédure de la dialyse
Les rôles des reins sont de nettoyer le sang de ses toxines et de contrôler l’équilibre de l’organisme en eau. Lorsque les reins sont abimés et qu’ils ne peuvent plus effectuer leur fonction vitale, la transplantation ou la dialyse sont alors utilisées comme thérapie de remplacement rénal. Cette illustration montre la complexité d’un système d’hémodialyse, une des méthodes de dialyse qui permet de nettoyer le sang du patient à l’extérieur de son corps, dans une machine de dialyse. C’est un procédé complexe qui requiert de nombreuses heures.


Auteur: Sheena Kennedy

Source: EPFL