L'EPFL a mené pour la troisième fois une enquête sur le doctorat

71% de doctorants sont satisfaits de leurs études doctorales à l'EPFL. © iStock
Près des trois quarts des doctorants sont satisfaits de leurs études doctorales à l’EPFL. Mais comme dans de nombreuses universités du monde entier, leur bien-être et leur santé psychique constituent un problème préoccupant.
Comment les doctorantes et doctorants de l’EPFL évaluent leur formation et leur qualité de vie sur le campus ? En fin d’année dernière, l’École doctorale a demandé à ses 2179 étudiantes et étudiants de répondre à une enquête approfondie sur leur expérience à l’EPFL. Les données de cette troisième enquête sur l’expérience doctorale à l’EPFL (les deux précédentes datant de 2005 et 2012), ont été analysées par Roland Tormey du Centre d’appui à l’enseignement (CAPE) et du Centre LEARN et Nadine Stainier du CAPE. Elle s’est focalisée sur des problématiques soulevées par les doctorantes et doctorants et leurs superviseurs. Car comme le souligne Pierre Vandergheynst, vice-président pour l’éducation (VPE), «un doctorat ne sera jamais un job comme un autre et un doctorant un employé comme un autre.»
Près d’une moitié des doctorantes et doctorants, précisément 48% (1043 personnes) ont répondu à l’enquête. Un échantillon représentatif en termes de genre, de programme doctoral, de faculté et d’année d’études. «Concernant la méthodologie, nous nous sommes notamment basés sur des instruments de recherche éprouvés et reconnus internationalement afin de permettre une meilleure comparaison au niveau mondial», détaille Roland Tormey, coordinateur du CAPE et auteur du rapport d’enquête.
De manière générale, les doctorants sont satisfaits de leurs études doctorales à l’EPFL (71%). Ils relèvent notamment les bonnes conditions de travail, un environnement social et un contexte très stimulant intellectuellement avec une grande indépendance et l’opportunité de côtoyer des scientifiques de haut vol. Cependant l’étude montre aussi que certaines compétences clés font parfois défaut aux doctorants, par exemple en matière de management, de gestion de projet ou de capacité à travailler en collaboration avec d’autres chercheurs. «On remarque que ces aptitudes transversales ne sont pas toujours acquises, alors qu’elles sont importantes pour toutes les carrières», souligne Pierre Vandergheynst, vice-président pour l’éducation.
Une position fragile
En matière de bien-être et de santé psychique des doctorants, l’EPFL n’échappe pas à la tendance qui touche les Universités du monde entier. En effet, 53% des sondés présentent des symptômes dépressifs, allant de légers pour la plupart des cas, à sévères. «Nous nous attendions à ces résultats dans la mesure où plusieurs études internationales montrent des chiffres similaires, mais ils n’en sont pas moins inquiétants. L’Ecole doctorale nous permet de mettre en lumière ce type de problème, maintenant il faut agir», remarque Pierre Vandergheynst.
Selon Roland Tormey, dans le monde entier, l’incertitude dans laquelle se trouvent les doctorants pourrait être un facteur d’explication de ce mal-être. «Faire un doctorat implique une position fragile, vous êtes dans un climat d’incertitude permanent, il faut sans cesse se remettre en question et votre succès dépend au final d’une petite poignée de personnes.» D’autre part, réaliser un doctorat demande une lourde charge de travail. D’ailleurs, 62% des personnes interrogées estiment ne pas avoir une balance équilibrée entre vie professionnelle et vie privée.
Alors que de nombreux doctorants louent un environnement de travail stimulant et avant-gardiste, un climat très compétitif est parfois évoqué comme un élément négatif. Tout comme la pression insoutenable mise par certains superviseurs qui vont parfois jusqu’à inspirer la peur. Environ 14% de l’échantillon, soit 146 personnes, indiquent en effet qu’elles ont eu le sentiment d’avoir été intimidées, mobbées ou harcelées durant leurs études doctorales. «Plusieurs doctorants pointent le fait qu’il n’y a pas d’évaluation de la supervision. Selon eux, mettre en place des standards minimaux et les vérifier serait une option», détaille Roland Tormey.
Un groupe de travail a été créé pour répondre aux différents problèmes que l’enquête a mis en lumière. «Il réunit des doctorants et des directeurs de programmes, notre volonté est de trouver des solutions pour améliorer l’encadrement et le bien-être des doctorants, rendre les conditions de vie sur le campus les meilleures possibles», souligne Jeroen van Hunen, adjoint au VPE pour l’Ecole doctorale. Et de rappeler que les doctorantes et doctorants souhaitant une aide et n’ayant pas pu mener une discussion avec leur directeur de thèse peuvent s’adresser à leur mentor, au directeur du programme doctoral, à la cellule respect ou à l’ombudsperson. Une consultation sociale ou psychologique est aussi offerte sur le campus.