«L'EPFL a été l'un des meilleurs choix de ma vie»
Depuis son doctorat à l’EPFL, Horesh Ben Shitrit réalise un parcours incroyable dans le milieu sportif. La technologie qu’il a mise au point est utilisée par la NBA aux États-Unis ainsi que par la Premier League anglaise. Aujourd’hui, un nouveau projet commun avec l’EPFL vise à développer des avatars 3D de joueurs sportifs.
Tout a commencé en 2009, alors qu’il préparait son doctorat au Computer Vision Laboratory (CVLab), de l’EPFL, dirigé par le professeur Pascal Fua, qui fait partie de la Faculté informatique et communications (IC). «Après une licence et une maîtrise en génie électrique, je me suis orienté vers les sciences informatiques. Mon doctorat portait sur la vision par ordinateur, plus précisément sur le suivi de personnes à l’aide de plusieurs caméras», raconte Horesh Ben Shitrit. «Le moment le plus marquant a été le suivi des joueurs dans les événements sportifs. Nous avons eu un projet en Suisse avec la Fédération internationale de basket-ball (FIBA) en 2010-2012, générant 20 téraoctets de données, et le résultat de cette recherche a été la base de ma première start-up: PlayfulVision.»
Quelques années plus tard, PlayfulVision a été cédée à une société américaine, Second Spectrum, qui a récemment été rachetée par une société britannique beaucoup plus importante, Genius Sports. La technologie suisse, développée à l’EPFL, a ainsi été au centre de certaines des plus grandes ligues sportives du monde.
«Nous analysons les séquences vidéo pour fournir les performances officielles des joueurs dans les sports d’équipe. Nous travaillons avec les meilleures ligues telles que la NBA aux États-Unis et la Premier League anglaise. Nous travaillons aussi directement avec les équipes sportives, en analysant les séquences vidéo et en fournissant des statistiques sur la façon dont elles jouent afin qu’elles puissent mieux se préparer aux matchs», explique Horesh Ben Shitrit.
«Nous collaborons également avec des diffuseurs comme ESPN et BT Sports, en fournissant des informations supplémentaires par le biais de l’augmentation vidéo afin d’améliorer l’expérience des téléspectateurs et des spectateurs lors d’événements. Par exemple, nous avons récemment mené un projet intéressant avec Marvel, qui consistait à transformer le thème de Marvel Comics en un jeu de basket-ball de la NBA. Pour le football, nous avons ajouté une mini-carte indiquant l’emplacement des joueurs et du ballon tout en montrant le jeu en direct», poursuit-il.
Avec le recul, Horesh Ben Shitrit réfléchit à ce que la dernière décennie lui a apporté, à lui et à son entreprise. «Je trouve incroyable que la technologie que nous avons développée en laboratoire soit utilisée par les meilleures ligues sportives du monde et que des milliards de personnes suivent ses résultats. Évidemment, je n’ai pas atteint ce succès tout seul, mais avec des collègues et des cadres de Second Spectrum et de l’EPFL, dont Charles Dubout, Rishabh Dugar et Pierre Walch. C’était une expérience formidable que nous avons partagée.»
Pour ce qui est de l’avenir, Horesh Ben Shitrit se réjouit de l’évolution des technologies du sport et des efforts de Second Spectrum pour étendre ses produits à d’autres équipes, ligues et sports. «Conjointement avec l’EPFL, nous avons lancé un projet Innosuisse pour développer des avatars 3D des joueurs, améliorant encore plus l’augmentation vidéo que nous possédons actuellement. Nous développons également ce que nous appelons l’estimation de pose, où chaque joueur de l’équipe est représenté par 17 points clés ou plus, ce qui permet de suivre des informations beaucoup plus spécifiques concernant chaque joueur.»
«Au basket-ball, par exemple, on sait quelle main tire au panier ou si les mains bloquent le ballon. Au football, on sait quel pied frappe le ballon. Ces micro-mouvements sont très importants, et nous pouvons les analyser en utilisant uniquement des caméras installées sur le terrain. La fonction de suivi des membres nous permet aussi d’introduire la détection automatique des situations de hors-jeu en temps réel. C’est la direction que prend actuellement le domaine du sport», poursuit-il.
Enfin, Horesh Ben Shitrit adresse un message aux étudiants actuels susceptibles d’être intéressés à suivre la voie de la start-up vers la réussite commerciale: «Je pense que l’EPFL est un endroit idéal pour entreprendre. Au cours de mes études de doctorat, nous avons bénéficié d’un environnement et d’une technologie formidables qui nous permettaient de proposer des projets et de les tester. Je ne pense pas que beaucoup de doctorants le font, mais il est possible d’encadrer des étudiants de master ou de licence dans des projets semestriels et de voir ensuite ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Vers la fin de mon doctorat, j’ai également reçu une bourse d’innovation dirigée par un coach d’entreprise, des cours sur la création de start-ups, ainsi qu’une formation et un espace de laboratoire. Toutes ces ressources m’ont aidé à lancer mon entreprise et à la développer. Alors, profitez de toutes ces opportunités. Dès que vous quitterez l’EPFL, elles peuvent disparaître!»