«L'enseignement en présentiel est très supérieur à celui en ligne»

Rachid Cherkaoui a reçu cette année le prix du meilleur enseignant de la Section d’électricité. © Alain Herzog/EPFL

Rachid Cherkaoui a reçu cette année le prix du meilleur enseignant de la Section d’électricité. © Alain Herzog/EPFL

Derrière le pupitre depuis 1999, Rachid Cherkaoui a reçu cette année le prix du meilleur enseignant de la Section d’électricité.

Pourquoi en 2021? Rachid Cherkaoui a été désigné meilleur enseignant de la Section d’électricité, mais ce n’est pas pour autant qu’il est converti au cours en ligne! «Une des choses que m’a appris la crise sanitaire, c’est que l’enseignement en présentiel est largement supérieur à l’enseignement à distance», assure-t-il. «Au fond, j’ai l’impression que ce prix couronne un ensemble d’années, mais pas particulièrement celle écoulée», remarque celui qui dispense ses cours en électricité depuis 1999.

«Je compte beaucoup sur le côté subliminal, explique-t-il. Voir les étudiantes et les étudiants dans les yeux est le seul moyen de comprendre si le message est bien passé et de doser correctement son enseignement.» Surtout quand on donne un cours de bachelor le vendredi matin à 8heures! «Les gens se connectaient, mais ils n’étaient pas tous derrière leur écran. Si je demandais «Avez-vous des questions?» Pas de réponse. «N’avez-vous pas de question?» Pas de réponse». En revanche, ce qui m’a surpris, c’est que les résultats n’ont pas été mauvais...»

Cette rentrée académique est donc 100% en présentiel pour Rachid Cherkaoui. Et pour les rares étudiants qui ne peuvent pas y assister en chair et en os, il met à disposition les enregistrements de l’an dernier. «C’était une chouette expérience, mais qui modifie complètement les interactions avec les étudiants», reconnait-il.

Briser la glace

Lors des cours en présentiel, l’expérience lui a appris que sa première tâche consiste à éveiller ces précieuses interactions. A briser la glace qui tétanise les étudiantes et étudiants et les conduit à venir poser leur question durant la relative intimité de l’interclasse. «Or quand je peux répondre devant toute la classe, tout le monde en profite». La glace fige aussi les étudiants entre eux. «C’est à l’enseignant de susciter et de développer les interactions afin que tous sortent satisfaits du cours.»

Après, bien sûr, il faut nourrir le propos et mettre la forme. Rachid Cherkaoui donne notamment un cours de bachelor sur les réseaux électriques. «Celui-ci évolue peu, car il comprend des notions de base et de fonctionnement. Mais chaque fois, je transmets le message de façon différente. C’est ce qui me motive, sinon je passerais une cassette!», dit-il avec son franc parlé. «Les étudiants adorent les anecdotes. J’essaie toujours de raconter quelque chose de personnel ou un fait récent qui s’est passé dans le monde en lien avec les réseaux électriques.» Et de conclure: «Si je réussis mon coup, les étudiants continuent dans cette voie.»

Succès croissant

Pour ses cours de master, sur la dynamique des réseaux et le marché de l’électricité, la matière évolue beaucoup plus et touche à des problématiques brulantes telles que l’intégration des énergies renouvelables couplées au stockage électrique notamment, le développement des réseaux intelligents (smartgrids) et les défis liés à la sécurité d’approvisionnement en électricité. La preuve? «Au début de mon enseignement, les réseaux électriques ne suscitaient pas beaucoup d’intérêt, se souvient-il. Mais depuis les grandes pannes, comme celles de 2003 en Italie et dans le nord des Etats-Unis, le nombre d’étudiants est passé du simple au triple.»

Avant de se retrouver derrière le pupitre du professeur, Rachid Cherkaoui a usé ses pantalons dans les auditoires de l’EPFL. Il y a obtenu un master en génie électrique et son doctorat, dix ans plus tard après un passage dans le privé. «Durant mes études, beaucoup de profs m’ont marqué et je pense parfois à eux dans la manière de donner mes cours.»