L'Arsenic, laboratoire de création scénique

L'Arsenic de Lausanne
THEATRE: Par son audace et son ouverture vers l'innovation, l'Arsenic peut se comparer aux laboratoires de l'EPFL. On y rencontre de jeunes chercheurs/créateurs qui trouvent là un champ d'expérimentation idéal. Rencontre avec Sandrine Kuster, sa directrice, qui communique sa passion de la scène et démolit au passage quelques clichés sur le théâtre contemporain.
L'Arsenic, qu'est-ce?
C'est un lieu de découverte pour le théâtre et la danse contemporaine. Il met à l'affiche des compagnies locales et étrangères, dans un ancien atelier industriel transformé en salles de création et de spectacle.
Contemporain? Le mot en décourage beaucoup!
Les gens sont intimidés par le mot «contemporain». Ils croient, à tort, qu'ils ont besoin d'une culture ou de connaissances spécifiques pour arriver à «comprendre». Or, pour moi, c'est exactement l'inverse. Le théâtre classique fait souvent référence à l'histoire de la civilisation européenne, qu'on aurait étudié sur les bancs de l'école. Le théâtre contemporain, lui, fait plus appel au ressenti, à l'émotion, à la sensualité. A la forme plutôt qu'au fond, à la sensation plutôt qu'au sens. Ce théâtre est le lieu de la liberté, liberté créatrice pour les auteurs, liberté d'interprétation pour le spectateur. Je dirais même, tant mieux si on ne comprend rien: le spectateur s'émancipe et peut enfin lâcher prise.
A quoi s'attendre quand on vient à l'Arsenic?
Un des rôles de l'artiste est de questionner notre propre vision du monde. Il va nous présenter un miroir où on peut interroger le regard qu'on porte sur soi et sur les choses. Et puis, après avoir vu un bon spectacle, ou une bonne expo, la vie paraît plus intense, plus dense.
Pouvez-vous nous dire deux mots du prochain spectacle?
Du 16 ou 26 octobre, nous présentons «je - me - déconstruction», de Philippe Soltermann. Il s'agit d'un auteur qui se réclame de la scène belge. Les Belges ont créé un théâtre que je qualifierais de rock'n'roll. Ce sont eux qui ont porté sous les projecteurs la voix des petites gens, des défavorisés, des marginaux. Il n'y a qu'à penser au cinéma des frères Dardenne ou aux films avec Benoît Poelvoorde. Soltermann a écrit son texte d'un jet, comme une suite d'exclamations, une catharsis. Il exprime sa révolte devant notre vie ultra-protégée et confortable, mais confrontée à des images et des situation d'actualités de plus en plus trash. Il transcrit notre malaise et notre sentiment de culpabilité, né du décalage entre notre vécu de nanti et le monde qui va de plus en plus mal. C'est un théâtre frontal, d'action, où les acteurs s'adressent directement au public.
L'affiche de ce spectacle est particulièrement choquante...
Elle illustre sans détour le propos de l'auteur: les images sont le lien concret entre nous et une réalité extérieure brutale. Elles mettent à nu notre impuissance et notre inutilité face à des situations insoutenables, qui ne nous parviennent qu'au travers des médias.
En pratique
Site internet:www.theatre-arsenic.ch
Adresse: Rue de Genève 57, Lausanne (m1 arrêt 'Vigie')
Horaires: lu/ma/me/je: 20h30, ve/sa/di: 19h
Tarif: unique de 13.- pour chaque spectacle
Encore trop cher? Billets gratuits sur culture.epfl.ch
Un autre moyen de payer moins: Faire le concours «Je me nourris de...» sur le site web Arsenic