«L'acquisition est meilleure en trouvant le chemin par soi-même»

Dans son cours de physique de 1ère année, Frédéric Blanc a souvent recours à des démonstrations pratiques. © Alain Herzog / EPFL 2020

Dans son cours de physique de 1ère année, Frédéric Blanc a souvent recours à des démonstrations pratiques. © Alain Herzog / EPFL 2020

Chercheur en physique des particules élémentaires, Frédéric Blanc a reçu en 2020 le prix du meilleur enseignant de sa section. Chargé d’un des cours de physique de 1ère année, il met l’accent sur les démonstrations pratiques et l’interactivité.

Étudiant, Frédéric Blanc était du style à être assis au fond de la classe et à ne pas poser de questions. Désormais, elles affluent et il apprécie occuper le devant de l’auditoire. Rien n’est permanent, tout fluctue. Le chercheur en physique des particules élémentaires est bien placé pour le savoir. Lui qui étudie les désintégrations du méson B dans le cadre de l’expérience Large Hadron Collider beauty (LHCb) menée au CERN. Une expérience visant à comprendre les différences entre matière et antimatière grâce à l’étude du «quark beauté».

A côté, le maître d’enseignement et de recherche au laboratoire de physique des hautes énergies a la tâche d’enseigner les concepts généraux de physique aux étudiantes et étudiants de 1ère année en mathématiques. L’exercice n’est pas aussi complexe que la compréhension de l’univers, mais il se révèle parfois ardu. Car il s’agit de transmettre des notions difficiles à des personnes aux backgrounds différents n’ayant pas l’habitude de travailler de manière autonome. «Mon but est que les étudiants acquièrent de l’intuition, qu’ils comprennent par eux-mêmes. J’essaye toujours de percevoir l’élément qui leur manque, car l’acquisition est meilleure lorsqu’on a trouvé le chemin par soi-même. Je tente de suivre l'exemple de mon directeur de thèse qui répondait à mes questions par une nouvelle question.»

Montrer pour faire comprendre

Le physicien procède donc par questionnements et démonstrations pratiques pour essayer de rendre le problème plus palpable. «A l’EPFL, nous avons la chance d’avoir beaucoup de matériel de démonstration à disposition et pour certains concepts, j’ai moi-même développé des expériences.» Avec le soutien de l’atelier mécanique du BSP, il a notamment élaboré une roue de vélo fixée à une poignée dont l’axe définit la rotation du système. Ce qui permet d’illustrer des notions d’équilibres statique et dynamique. Frédéric Blanc apprécie concevoir ce type d’installation. Peut-être un héritage de ses grands-parents bricoleurs acharnés ou de son père ingénieur civil.

J’essaye d’être à l’écoute, de respecter les difficultés de chacun. Je fais très attention à ne prendre personne de haut et à instaurer un climat de confiance.

Frédéric Blanc, maître d’enseignement et de recherche au laboratoire de physique des hautes énergies

Pour encourager les étudiantes et étudiants à s’approprier les subtilités de la physique, cette matière parfois obscure, l’enseignant met aussi l’accent sur les exercices. Il consacre une heure à ceux-ci en auditoire. «Ces séances interactives me permettent de montrer comment aborder et résoudre des problèmes de mécanique.» Pour mieux appréhender les points de son cours qui peuvent poser problème aux étudiantes et étudiants, il assiste aussi à toutes les séances d’exercices. «Je crois que c’est utile et apprécié. De manière générale, j’essaye d’être à l’écoute, de respecter les difficultés de chacun. Je fais très attention à ne prendre personne de haut et à instaurer un climat de confiance.»

Enseignant à l’EPFL depuis plus de 10 ans, après un postdoctorat à Cornell et à l’Université du Colorado, Frédéric Blanc affirme avoir «énormément bénéficié de la collaboration avec ses collègues». Il a par exemple repris de son prédécesseur l’idée des mini-tests. Des épreuves de 45 minutes à effectuer à domicile en conditions d’examen. «Je ne peux pas contrôler que cela soit respecté, mais j’essaye de responsabiliser les étudiants. J’en fais 4-5 par année, c’est une bonne préparation à l’examen.»

Responsabiliser, mais aussi autonomiser pour qu’au niveau Master, les étudiantes et étudiants puissent explorer la matière de manière indépendante et asseoir leur sens critique vis-à-vis de l’appréhension de résultats scientifiques. Dans son cours Master, au sein duquel il aborde la physique des neutrinos, la matière noire et les plasmas de quarks et gluons, il fait d’ailleurs attention à présenter ces sujets « à la lumière de leur implication pour l’évolution de l’Univers et la cosmologie.» Une discipline qu’il affectionne, puisque l’explorateur des particules élémentaires est fasciné par l’astrophysique. Equipé de son téléscope, il aime observer le ciel, parfois en compagnie de sa fille, qu’il essaye d’intéresser à la composition de l’Univers et à notre place au sein de celui-ci, quelque part entre les quarks charmé, beauté ou encore étrange.


Auteur: Laureline Duvillard

Source: People