“Je souhaite n'avoir jamais à choisir entre clinique et recherche”

© 2013 NCCR SYNAPSY

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Camille Piguet bénéficie d’une bourse Synapsy de clinicienne en laboratoire. Elle travaille à 50% dans le Laboratoire Neurology and Imaging of Cognition du Prof. Vuilleumier à l’UNIGE et à 50% au Programme trouble de l’humeur du Service de spécialités psychiatriques des HUG, dirigé par le Prof. Aubry.

Mi-octobre, Camille Piguet a accouché de deux bébés. Une petite sœur pour son aînée de 3 ans et un important projet d’étude sur la vulnérabilité aux troubles bipolaires, mené dans le cadre du PRN Synapsy. Alors que la première arrondissait son ventre, elle a lancé aux forceps le second… avant de partir en congé maternité. Camille Piguet veut tout sauf faire des choix, alors elle mène trois vies, celle de clinicienne, de chercheuse et de femme-maman.

« J’ai toujours voulu étudier la médecine. Mais aussi comprendre comment les choses fonctionnent.» En sixième année de médecine, elle entame un stage dans le Laboratoire Neurology and Imaging of Cognition du Prof. Patrik Vuilleumier à l’Université de Genève. Elle découvre la réalité de la recherche en imagerie: «8 heures par jour derrière un ordinateur». Surtout, elle s’enthousiasme pour un domaine passionnant «proche de l’humain et de son fonctionnement». La greffe prend entre psychiatrie et neuroimagerie cognitive. En 2008, la médecin devient chercheuse et, grâce à une bourse MD-PhD du Fonds national, elle effectue sa thèse dans le même laboratoire sur les corrélats neuronaux des troubles de la pensée dans les troubles de l'humeur.

Quatre ans et demi plus tard, elle est docteur et maman. Dans la continuité de sa thèse et avec l’aide de la bourse clinicien en laboratoire de Synapsy, Camille Piguet entame alors sa double carrière professionnelle: un mi-temps en laboratoire et un autre au Programme trouble de l’humeur du Service de spécialités psychiatriques des HUG, dirigé par le Prof. Jean-Michel Aubry. «Ce service clinique travaille dans la continuité de mon sujet de thèse et offre une excellente complémentarité à mes travaux de recherche», précise la chercheuse-clinicienne.

A la veille de partir en congé maternité, Camille Piguet est sereine. «Il s’est établi une excellente collaboration entre les services cliniques et les chercheurs. Le projet devrait continuer sans moi pendant mon congé.» C’est plutôt après que les choses pourraient se corser. «Très organisée», Camille Piguet ne joue pas pour autant la superwoman. Entre ses trois vies, «le point d’équilibre est difficile à trouver.»

Mener deux carrières en parallèle, cela signifie viser, dans un cas, la spécialisation en psychiatrie (6 ans à plein temps) et, dans l’autre, un parcours académique qui implique un séjour à l’étranger. Avec deux tout-petits et un mari établi comme médecin, c’est moins évident… «Pour l’instant, je n’ai pas eu à faire de choix entre les deux et j’espère ne jamais avoir à en faire, car j’ai autant de passion pour la recherche que pour la clinique, affirme Camille Piguet. Ce sera plutôt une question de proportion entre les deux.»

Quoiqu’il en soit, ce qui l’anime, c’est d’apporter sa pierre à l’édifice de la compréhension des troubles psychiatriques. «Je serai contente d’avoir pu aller au bout des opportunités qui se sont présentées, et je me trouve très chanceuse de faire un travail aussi stimulant, et intéressant mais je n’ai jamais remis en question le fait d’avoir des enfants.»