«Je reste un physicien dans l'âme»

© 2025 EPFL

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Laurent-Dominique Piveteau enseigne la gestion stratégique de l’innovation au Collège du management de la technologie. Le nouveau professeur de pratique, également CEO de l’entreprise Debiotech, nourrit ses cours de son expérience dans le domaine du transfert de technologie médicale.

Laurent-Dominique Piveteau a beau être directeur exécutif d’une PME, il reste «physicien dans l’âme». «J’aime cette science pour la transformer en quelque chose de tangible: passer de l’étape fondamentale à une application concrète est fascinant. D’autant plus dans le milieu médical qui apporte des solutions utiles», s’enthousiasme le nouveau professeur de pratique du Collège du management de la technologie à l’EPFL. A travers cette nouvelle fonction, il réalise un vieux rêve d’enseignement qui l’a habité depuis la fin de sa thèse à l’Université de Fribourg. Dans un style inspiré des écoles de management, il demande à ses étudiantes et étudiants de se mettre dans la peau de consultantes et consultants en entreprise. Il les déstabilise aussi avec des cas concrets qu’ils doivent analyser pour mieux comprendre les défis associés à la gestion stratégique de l’innovation. «Une grande majorité de ces étudiantes et étudiants vont rejoindre l’industrie à la fin de leurs études. Je leur partage mon expérience dans le domaine, mais aussi les problématiques auxquelles ils ou elles pourront être un jour confrontés. Cela se déroule dans un cours que l’on co-construit ensemble.»

Première génération d’Erasmus

Gérer le transfert de technologie est au cœur des activités de Debiotech, une entreprise active dans la production de solution médicale et qu’il dirige depuis 10 ans. Avant d’en devenir le CEO, il y a fait ses preuves pendant 10 ans à différents postes, de chef de projet au business développement. Laurent-Dominique Piveteau se rappelle encore sa surprise et sa joie lorsque le propriétaire de la PME lui demande un soir, lors d’un voyage professionnel à Boston, s’il veut en assurer la direction exécutive. «J’ai accepté avec un peu d’appréhension. Ce n’est jamais facile d’être le premier à ce poste lorsque l’entreprise a toujours été en mains familiales», se souvient-il.

Fidèle descendant d’une lignée d’universitaires, il suit les traces de son arrière-grand-père et choisit d’étudier comme lui la physique. Contrairement à ce dernier, il le fait à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Passionné d’astronomie, il se tourne vers l’optique pour son travail de Master. Première génération à participer au programme d’échange Erasmus, il est heureux d’être accepté à Polytechnique Paris pour son dernier semestre d’étude. Une expérience d’autant plus enrichissante qu’il y rencontrera sa future épouse et mère de leurs trois enfants. Continuer avec une thèse s’impose naturellement et ce sera à l’Université de Fribourg, dans le domaine de la physique des solides.

Physique au service du médical

«J’ai travaillé sur le traitement de surface pour des implants osseux. J’ai découvert le monde médical pour la première fois. Ce fut un vrai coup de cœur et un domaine que je n’ai plus quitté. Avec la physique, il fallait modifier des surfaces comme le titane pour le rendre plus biocompatible, notamment pour des implants orthopédiques. Deux choses m’ont toujours intéressées en physique: l’aspect applicatif et l’aspect industriel.» Le scientifique poursuit ses recherches dans le biomédical au Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux États-Unis. «Deux années merveilleuses» à l’issue desquelles il doit choisir entre carrière académique outre Atlantique et le secteur privé. L’envie de rentrer en Europe prend le dessus et il se lance dans un MBA à l’INSEAD qu’il réalise entre Singapour et Fontainebleau en 2001.

Son parcours professionnel le ramène en Suisse à l’heure de l’ouverture de la Faculté des sciences de la vie à l’EPFL où il est engagé pour développer des grands partenariats avec le monde de l’entreprise. A travers l’implication d’IBM, il participe au développement de ce qui deviendra le Blue Brain Project, impliqué dans les premières reconstructions et simulations numériques biologiquement détaillées du cerveau de la souris. Arrivé chez Debiotech, il garde un pied à l’EPFL comme intervenant dans un cours dédié à l’innovation du Professeur Dominique Foray. «L’enseignement est une vraie ouverture. Cela oblige à penser l’innovation de manière globale. J’ai commencé ma carrière en physique et je reviens des années plus tard en management. C’est une magnifique opportunité», se réjouit le désormais professeur de pratique de l’EPFL.