"Je crois fermement à la nature collaborative de la recherche"
Ralf Mackenbach, chercheur postdoctoral au Swiss Plasma Center (SPC), a reçu la prestigieuse bourse Rubicon décerné par le Conseil néerlandais de la recherche pour ses travaux au SPC. Cette bourse de deux ans, qui a commencé en septembre 2024, lui permettra de tester de nouvelles formes de plasma en utilisant le Tokamak à Configuration Varibale (TCV) - le dispositif de fusion de l'EPFL - et en appliquant un modèle développé au cours de son doctorat.
Ralf Mackenbach, avez-vous été surpris de recevoir cette prestigieuse bourse ?
Bien sûr ! La bourse Rubicon est une récompense ouverte à des universitaires de divers domaines. Ayant lu les propositions des autres lauréats, je suis profondément honoré d'avoir eu cette opportunité aux côtés de chercheurs aussi excellents.
Pour ma recherche de doctorat, j'ai développé un modèle qui estime la qualité des différentes formes de plasma
Que signifie cette bourse pour vous ?
Cette bourse me donne la possibilité d'étendre les recherches que j'ai menées pendant mon doctorat à un cadre plus expérimental. Pour ma recherche de doctorat, j'ai développé un modèle qui estime la qualité des différentes formes de plasma, et maintenant je peux l’utiliser pour identifier de nouvelles formes de plasma et les tester expérimentalement sur TCV, puisque ce dispositif de fusion offre une grande flexibilité dans les formes de plasma possibles. Cette bourse me permet également de perfectionner mes compétences expérimentales et de travailler aux côtés de la formidable équipe de chercheurs expérimentaux du SPC.
Pouvez-vous expliquer votre recherche en termes simples ?
Je m'intéresse à la «turbulence» que présentent les réacteurs de fusion. Il s'agit des tourbillons qui mélangent différentes régions du plasma, ce qui rend plus difficile le maintien des conditions souhaitées. Pour mon doctorat, j'ai travaillé sur un modèle qui contournait la complexité des calculs de turbulence en cherchant à déterminer la quantité d'énergie que ces tourbillons pouvaient contenir au maximum, ce que l'on appelle l'«énergie disponible». Cette approche s’est avérée fructueuse, car elle a effectivement pu prédire l'intensité de la turbulence. Maintenant, je souhaite utiliser ce modèle sur TCV afin d’identifier les formes et les conditions intéressantes pour les dispositifs de fusion en utilisant l'énergie disponible.
Les meilleures idées naissent lorsque différents chercheurs se rencontrent
Que pensez-vous de l'environnement de recherche au SPC et que vous apporte-t-il ?
Je crois fermement à la nature collaborative de la recherche - les meilleures idées naissent lorsque différents chercheurs se rencontrent et qu'une pollinisation croisée se produit. Le SPC est justement cet environnement varié et fertile: il accueille des chercheurs qui étudient des plasmas très variés à l'aide de papier et de crayon (théorie), d'ordinateurs (numérique), et en concevant et en réalisant des expériences (expérimentateurs). Cette ampleur et cette diversité ne manqueront pas de susciter de nombreuses idées intéressantes, et j'espère qu'elles feront avancer la recherche dans de nouvelles directions.
Mackenbach, R. J. J. (2023). Available Energy: A compass for navigating the nonlinear landscape of fusion plasma turbulence.[Phd Thesis 1 (Research TU/e / Graduation TU/e), Applied Physics and Science Education]. Eindhoven University of Technology.