Jacques Lucan (1947-2023)

© 2016 Alain Herzog

© 2016 Alain Herzog

Éminent théoricien de l'architecture, le professeur Jacques Lucan a enseigné à l'EPFL de 1993 à 2015. Il s'est éteint le 8 octobre 2023.

L’architecte, théoricien et critique d’architecture, professeur émérite de l’EPFL, Jacques Lucan est décédé le 8 octobre. Professeur de théorie de l’architecture pendant vingt ans dans la section d’architecture et directeur de l’école doctorale, il a été l’un des membres les plus actifs de la revue matières, aux côtés de Martin Steinmann et Bruno Marchand, et un des piliers de notre école. Il était aussi professeur émérite de l’ENSA de la ville et des territoires Paris-Est.

Jacques Lucan a développé une œuvre au croisement de l’histoire, de la théorie et de la pratique. Il a été l’un des plus importants intellectuels et professeurs de sa génération, à travers une carrière académique débutée à UP8 - actuelle ENSA Paris-Belleville - et continuée à l’ENSA Paris-Est, en parallèle de la chaire de théorie de l’EPFL. Dans ces diverses écoles il a toujours croisé enseignement du projet et cours magistraux.

Cette intense activité académique, mais aussi ses nombreux livres - Composition non composition, suivi de Précisions sur un état présent de l’architecture, ou Habiter, par exemple, devenus des classiques - lui ont permis d’avoir un impact fort sur plusieurs générations d’architectes, aussi bien dans le champ purement culturel que dans celui de la pratique. Jacques Lucan a ainsi été un des très rares à se confronter à la difficulté de penser le contemporain.

Dans les années 1980, en tant que rédacteur en chef, il avait fait de la revue AMC une des plus en prise avec son temps dans le panorama européen.

Il était aussi un praticien, aux côtés de son épouse Odile Seyler et, depuis plus récemment, de Paola et Thaddée Lucan ; c’est ce double ancrage dans l’écriture et le monde académique d’une part, dans la pratique d’autre part, qui lui a permis d’être un des théoriciens les plus influents de son temps, et qui lui vaut d’être aujourd’hui pleuré conjointement par les historiens aussi bien que par les nombreux praticiens qu’il a contribué à former indirectement ou directement, tels qu’Alexandre Theriot, Pierre Alain Trévelo, ou Julien de Smedt, ainsi que l’auteur de ces lignes.