«J'aime faire comprendre l'importance de l'expérimentation.»

va Tkalcec aime le terrain et la pratique. © 2025 Alain Herzog/ EPFL

va Tkalcec aime le terrain et la pratique. © 2025 Alain Herzog/ EPFL

Entre les auditoires et les labos, le cœur d’Iva Tkalcec n’hésite pas une seconde. La meilleure enseignante 2024 de la section de physique de l’EPFL aime le terrain et la pratique. Et transmet sans mauvaise conscience le virus à ses étudiantes et étudiants.

«Je préfère courir avec un tournevis que corriger des rapports.» La pratique, c’est son truc, à Iva Tkalcec. A tel point que depuis une dizaine d’année, elle ne fait plus que ça. La meilleure enseignante 2024 de la section de physique de l’EPFL a en effet complètement recentré son activité professionnelle sur les travaux pratiques, qu’elle dispense aussi bien aux étudiantes et étudiants de 1ère que de 2ème et 3ème année.

Déjà au moment de choisir sa voie académique, c’est le côté logique et appliqué qui l’a emporté. «J’ai toujours privilégié les matières qui font peu appel à la mémoire; alors que j’hésitais entre étudier la biologie et la physique, c’est cette dernière qui l’a emporté car je me disais qu’il y aurait moins de choses à apprendre par cœur», rapporte en riant celle qui a grandi en Croatie. Son intérêt pour la face appliquée des sciences a également guidé son choix au moment de se lancer dans une thèse. «Dans mon pays natal, on axe davantage sur la recherche fondamentale; on m’avait dit qu’à l’EPFL, il était possible de choisir des sujets beaucoup plus concrets.»

Une fois son doctorat – consacré à l’acier utilisé dans des limes industrielles – en poche, Iva Tkalcec décide sans surprise de mettre en pratique la théorie engrangée durant ses études. En 2007, la jeune femme décroche un job dans l’horlogerie. Non sans garder un pied à l’EPFL, «puisque j’y effectuais mes mesures dans le Laboratoire de spectroscopie mécanique». Quelques années plus tard, la haute école lui propose d’enseigner un module de travaux pratiques en parallèle à son emploi. Séduite par cette activité, la physicienne finira par s’y consacrer entièrement dès 2015, tout en conservant une casquette de chercheuse dans le Groupe de Spectroscopie Mécanique (GSM).

Compétences transversales

«Transmettre le savoir m’a toujours plu», rapporte-t-elle. «J’ai d’ailleurs financé une bonne partie de mes études universitaires en donnant des cours d’appui.» Une activité d’enseignante qui s’est poursuivie en Suisse, lorsqu’Iva Tkalcec planchait sur son travail de thèse. «J’étais assistante; je devais corriger les rapports des étudiants en français alors que je n’en parlais que quelques bribes…» Vingt ans plus tard, sa maîtrise de la langue de Voltaire a fait des bonds en avant; son intérêt pour l’enseignement, lui, est resté inchangé. «Autant que la matière, j’aime faire comprendre l’importance du lien entre théorie et expérimentation.»

Les travaux pratiques constituent le lieu privilégié pour ce faire. «A mon avis, les TP sont irremplaçables dans le parcours des physiciennes et physiciens; ils leur permettent d’entrer en contact avec la réalité du terrain et d’acquérir des compétences transversales telles que le travail en équipe ou la communication des résultats.» Selon l’enseignante, le travail en laboratoire facilite par ailleurs la compréhension de la théorie enseignée dans les manuels et les auditoires.

Appuyée par ses collègues Nicolas Turin et Antonio Gentile, qui assurent les parties électronique, informatique et mécanique des cours, Iva Tkalcec se sent comme un poisson dans l’eau dans les salles de TP. «Ce que j’aime moins, c’est donner des notes; mon mari me dit en plaisantant qu’en période d’examens, je suis plus stressée que les étudiants!» D’autres défis truffent son quotidien professionnel. «Contrairement à un vaste auditoire, un laboratoire permet certes d’avoir un contact très direct et personnel avec les jeunes; reste que vu l’augmentation constante du nombre d’étudiants, assurer la qualité des cours devient plus compliqué.»

Cadrer l’utilisation de l’IA

A l’image de nombreux homologues, l’enseignante de l’EPFL est confrontée à un autre challenge, «de nature pédagogique», qui tient en deux lettres: IA. «A l’ère de ChatGPT, comment s’assurer que le travail des étudiants est authentique?», s’interroge-t-elle. Avant de préciser: «Je ne dis pas qu’on doit leur interdire de se servir de ces nouveaux outils, qui peuvent être très intéressants; mais il faut les accompagner dans cette démarche, leur montrer quelles sont les précautions à prendre et les limites à ne pas franchir.» Autant de garde-fous qui s’avèrent utiles bien au-delà des études, «dans tous les domaines pratiques de la vie, qu’elle soit privée ou professionnelle». Chez Iva Tkalcec, la pratique n’est décidément jamais bien loin.


Auteur: Patricia Michaud

Source: People

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