« J'ai toujours rêvé de m'investir pour un avenir plus durable »
Jérémy Fleury est doctorant à l’EPFL au Laboratoire d’énergie solaire et physique du bâtiment LESO-PB. Son avenir, il espère le conjuguer entre sa passion de la montagne et son travail sur les énergies renouvelables.
La gestion de l’énergie solaire c’est son crédo, sa recherche et peut-être son futur. Jérémy Fleury termine cette année son doctorat à l’EPFL, basé sur la conception de fenêtres intelligentes dotées d’un nano-quadrillage métallique transparent pour mieux gérer les gains solaires à l’intérieur d’un bâtiment. Il y a 5 ans, à Toronto, il rédigeait son mémoire de master sur les matériaux conducteurs. Attiré par la physique, les nanotechnologies et les énergies renouvelables, le jeune ingénieur se donne toutes les chances pour concrétiser ses rêves. Des centres d’intérêt qui l’habitent depuis longtemps et dont il veut en faire son métier.
« À la fin de mes études à Toronto, je suis tombé sur une annonce du Laboratoire d'énergie solaire et physique du bâtiment (LESO-PB). J’ai eu l’impression qu’elle avait été rédigée à mon intention. Je cochais toutes les cases du profil demandé, comme s’il était basé sur mon CV. Andreas Schüler, adjoint scientifique au LESO-PB, cherchait quelqu’un qui avait travaillé dans les couches minces et les revêtements, ce que j’avais déjà fait à l’université de Bâle, qui était bilingue français allemand, je parle couramment l’allemand et le suisse-allemand. Bref, j’ai postulé, et ça s’est tout de suite concrétisé. »
Depuis son arrivée à l’EPFL, Jérémy Fleury, aujourd’hui assistant-doctorant dans le groupe des nanotechnologies pour la conversion de l’énergie solaire, se consacre à la gestion de l’énergie solaire dans les bâtiments. Il mène des recherches sur la manière de mieux gérer l’énergie du soleil à travers des vitres intelligentes. Celles-ci aident à diminuer la chaleur à l’intérieur des habitations en été et, en hiver, la laissent entrer afin de réduire les coûts de chauffage et d’électricité. « Nous étudions des revêtements très fins et transparents que l’on peut poser sur les vitrages. J’adore tous les aspects physiques qui se cachent derrière cette technologie, la propagation des ondes électromagnétiques, du spectre visible aux ondes infrarouges. »
Un four solaire adapté à la Suisse…
Une vitre ne se pose pas seulement sur un bâtiment. Avec son équipe, il s’est attaqué il y a quelques années à l’amélioration d’un four solaire, construit par une ancienne doctorante. « Il y a de nombreux fours solaires sur le marché, mais le nôtre n’utilise pas de parabole. C’est une boîte en bois avec une vitre au-dessus, en la déposant dans un endroit bien ensoleillé au Sud, on peut cuire, par exemple, des muffins au chocolat en une heure. Nous avons essayé d’optimiser l’effet de serre en plaçant différents revêtements sur la vitre afin que l’énergie du soleil entre largement et chauffe un objet noir à l’intérieur. Cet objet noir va lui aussi émettre des radiations, de la chaleur. Comment garder cette chaleur à l’intérieur ? C’est encore une question de physique des ondes électromagnétiques.»
…et calcul des journées patatables
La recherche a été publiée en 2019, mais à quel point est-ce utile d’avoir un four solaire en Suisse ? « Nous avons pris les données météorologiques de la Suisse, calculé l’énergie nécessaire pour cuire des patates pour deux personnes et simulé combien de jours par année nous aurions assez d’énergie solaire pour le faire. Certes le Valais et le Tessin sont en tête de liste mais, avec plus de 200 jours très ensoleillés par an, le canton de Vaud est tout à fait éligible à la cuisson des patates dans un four solaire. C’est ainsi que sont nés les jours patatables. »
Une collaboration avec la plus grande université d’Ouganda, Makerere située à Kampala, est née autour de ce four solaire afin d’aider les populations réfugiées à pallier le manque de bois de chauffe. « Nous aimerions développer un four avec des matériaux disponibles sur place, afin qu’il soit facilement construisible et réparable, comme la fibre de banane ou la laine de mouton pour l’isolation. »
Addict à la montagne
Le jeune ingénieur passe beaucoup de temps dans la nature et sur les hauts sommets. Il fait même partie du comité du club montagne de l’Agepoly. Depuis son retour de Toronto, il y a 5 ans, Jérémy Fleury pratique le ski de randonnée en hiver et l’alpinisme en été. « Je me sens vraiment attiré par la montagne, j’y suis tous les week-ends. La problématique du réchauffement climatique me touche beaucoup. J’ai adapté ma façon de vivre afin d’adhérer à mes convictions. Je fais attention à ma consommation de viande, je me définis comme flexitarien, je n’utilise pas ou peu de plastiques, je me déplace à vélo ou en transports publics. »
Jérémy Fleury termine son doctorat cette année, il ne se voit pas continuer dans le milieu académique. « Si je trouvais un travail qui me permette de sauvegarder les montagnes ou les océans, cela me plairait beaucoup. J’ai toujours rêvé de m’investir pour un avenir plus durable. »