Interview de Martin Vetterli, nouveau Doyen IC

© Alain Herzog

© Alain Herzog

NOMINATION: Cinq questions au doyen Martin Vetterli qui a succédé le 1er mars 2011, au doyen Willy Zwaenepoel en place depuis 2002.

Que ressentez-vous à l’aube de cette nouvelle prise de fonction?
Je suis prêt pour relever ce défi, même si toute période de transition amène sa dose de stress. J’ai la chance de connaître le fonctionnement de l’Ecole et de la Faculté
IC de bout en bout. Tout ce qui se passe dans cette faculté, couplé avec un environnement propice aux relations avec l’industrie, me motivent beaucoup. C’est dans
cette optique positive que je prends mes nouvelles fonctions de doyen.

Comment gère-t-on la tension, en de pareils moments?
Le sport et la musique m’aident à canaliser mon stress. Je le transforme en énergie positive.

Quelle est votre vision pour la Faculté Informatique et Communications?
Ma vision est simple. A l’EPFL, nous avons un contrat social avec le citoyen suisse qui, en substance, nous confie trois missions: l’enseignement (du niveau bachelor au niveau doctoral), la recherche (principalement en sciences fondamentales, au meilleur niveau mondial) et le transfert de technologie (en sciences appliquées).

L’enseignement sera la première priorité. Je le vois comme une «boîte noire», ou un lieu de transmission du savoir et de production de gens bien formés, nos scientifiques et nos ingénieurs. Imaginez cette boîte, avec à chacune de ses extrémités, une entrée (les étudiants, input) et une sortie (les ingénieurs diplômés, output) que l’on peut qualifier d’interfaces.
À l’entrée, il est essentiel d’optimiser le recrutement de nouveaux étudiants et de mieux comprendre avec quels bagages ils arrivent, d’où ils viennent, ce qu’ils savent et ce qu’ils attendent de leurs études chez nous. À la sortie, nous devons nous efforcer de connaître le type d’emplois que nos diplômés décrochent. Produit-on assez de personnes qualifiées pour les emplois dans la haute technologie? Est-ce que nos ingénieurs sont satisfaits du savoir et du savoir-faire enseignés ici? J’aimerais pouvoir apporter une réponse à ces questions. C’est grâce aux résultats obtenus que nous pourrons améliorer les «phénomènes d’interfaces» en transmettant le savoir le mieux adapté aux besoins des étudiants d’une part et à la formation des ingénieurs pour le marché ou la carrière académique d’autre part. J’aimerais insister sur un point: quand bien même notre enseignement est de très bonne qualité et nos professeurs ont une réputation internationale dans leur domaine de recherche, enseigner est le premier métier d’un professeur.

Deuxièmement, la recherche: c’est sur elle que se base notre réputation. Qu’on le veuille ou non, la réputation est d’autant plus importante qu’elle est facilement mesurable. Nos professeurs sont recrutés, en grande partie, pour leur capacité à conduire des recherches de haut niveau. Notre faculté est par exemple très bien positionnée en terme des European Research Council awards, où nous avons déjà décroché 6 senior grants (dont 3 partagés avec d’autres facultés) et 4 junior grants.

Finalement, il est important de renforcer nos relations avec l’industrie et l’adéquation de nos activités avec celle-ci, tant en Suisse qu’à l’étranger. Notre Quartier de l’innovation abrite de nombreuses entreprises issues de l’EPFL (par ex. Logitech) ou des multinationales avec lesquelles nous collaborons (par ex. Nokia). Nous pouvons envisager d’intensifier nos collaborations et d’en créer de nouvelles. Finalement, une IPO (Initial Public Offering, ou introduction en bourse) issue de la Faculté IC serait un joli succès !

Ma vision globale à dix ans est de m’assurer que notre faculté sera impliquée dans les sujets dits émergents. D’ici une décennie, ces sujets seront complètement centraux aux domaines de l’informatique et des systèmes de communication. Nous allons poursuivre nos travaux dans nos domaines d’excellence, tout en explorant de nouveaux territoires prometteurs et complémentaires à nos activités actuelles. Ces objectifs pourront être atteints grâce à la qualité de notre personnel et en favorisant une culture de la créativité et de l’interdisciplinarité.

À quels nouveaux domaines pensez-vous déjà?
Même s’il est difficile de prédire quels seront les thèmes porteurs dans le futur, nous avons quelques pistes à suivre. Je pense en particulier à notre société qui se transforme de plus en plus en une société digitale. Ces domaines, liés au web, engendreront une multitude de services qui sont, selon moi, quasi illimités. Les sujets liés à la consommation d’énergie, que ce soit dans les «datacenters», dans les puces ou dans les infrastructures de communication, posent des défis croissants. Finalement, les questions fondamentales concernant la complexité, la sécurité, l’apprentissage, les systèmes distribués, pour n’en citer que quelques-uns, restent au cœur de la recherche de notre Faculté IC.

Qu’est-ce qu’il vous tient à cœur d’entreprendre pour la faculté?
Améliorer notre visibilité externe. La communication est au centre de mes préoccupations, elle corrobore notre engagement envers la société, ce fameux contrat social. C’est aussi la responsabilité d’un doyen que d’assurer la pérennité et le développement de sa faculté. Dans ce sens, je parlerais de durabilité. Puis, il s’agira de mettre de l’huile dans les rouages de nos interactions avec le monde économique. Le but est de rester dans les leaders mondiaux de notre domaine et de pouvoir offrir nos meilleures innovations à la société. J’ai aussi à cœur de resserrer les liens avec notre réseau d’anciens étudiants et développer l’esprit de corps de notre faculté, qui est une grande famille.